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Darmanin face à la fronde des policiers

La fronde des policiers de Marseille n’en finit pas de faire des vagues sur le terrain politique. Le ministre de l’Intérieur a reçu les syndicats, jeudi, pour calmer le jeu. Mais le patron du PS, Olivier Faure demande la démission de Gérald Darmanin, Frédéric Veaux et Laurent Nuñez.

sécurité publique (DR)
sécurité publique (DR)

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a reçu, jeudi, les organisations syndicales de police, suite aux tensions croissantes au sein des forces de l’ordre depuis les émeutes liées à la mort de Nahel et l’incarcération provisoire d’un policier de la BAC accusé de violences à Marseille. À l’issue de cette rencontre, les représentants syndicaux ont exprimé leur satisfaction. Ils ont souligné que le ministre s’était montré plutôt attentif à leurs préoccupations et qu’il s’était engagé à explorer des pistes de réflexion concernant la détention provisoire des policiers.
« On a le sentiment que notre ministre est en soutien des forces de l’ordre et comprend les mouvements de colère des policiers», a déclaré le secrétaire général d’UNSA Police Olivier Varlet à l’issue de la réunion.

Un statut spécial pour les policiers

Selon Grégory Joron, (secrétaire Général d’Unité SGP POLICE-FO), Gérald Darmanin a pris des engagements importants, notamment en ce qui concerne la protection fonctionnelle des agents de police, qui, selon lui, n’est pas actuellement satisfaisante. Thierry Clair, secrétaire général adjoint d’UNSA Police, ajoute que le ministre de l’Intérieur s’était engagé à saisir immédiatement l’inspection générale de l’administration afin qu’un rapport soit rendu dès le 15 septembre, afin de résoudre cette problématique.
Par ailleurs, concernant la possibilité de créer un statut spécial pour les policiers afin qu’ils soient jugés par des magistrats spécialisés, Grégory Joron a indiqué que Gérald Darmanin avait été très explicite et qu’il allait s’efforcer de travailler sur les propositions avancées par le syndicat.

« Un défi aux règles républicaines »

Invité des 4 Vérités, sur France 2, ce vendredi 28 juillet, le patron du parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que le ministre de l’Intérieur, le préfet de police de Paris et le directeur général de la police « défient les règles républicaines et les grands principes qui nous régissent : l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et l’égalité des citoyens devant la loi ». Pour lui, « les institutions républicaines sont remises en cause ». Il demande en conséquence la démission de Gérald Damanin, Laurent Nunez et Frédéric Veaux.

Mathieu Weber, Délégué départemental de la Moselle UNSA-Police: « La police ne doit pas servir la classe politique »

Après la mise en examen de quatre fonctionnaires de la BAC de Marseille et la détention provisoire de l’un d’eux, la fronde des policiers gagne du terrain. Comprenez-vous la décision des magistrats ?

Mathieu Weber, Délégué département Moselle de l'UNSA-Police (DR)
Mathieu Weber, Délégué département Moselle de l’UNSA-Police (DR)

Non et je rejoins le directeur général de la police nationale. J’estime que ce policier n’a pas sa place en prison. Il y a des mesures alternatives qui s’offraient à la justice et j’espère que mon collègue va retrouver sa place dans son foyer, auprès de sa famille, auprès de son enfant le plus vite possible.

Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas normal, la présomption d’innocence pour les policiers n’existe pas. Pire, c’est plutôt une présomption de culpabilité. La détention provisoire doit être l’exception, mais pour les policiers, c’est devenu la règle.

La police n’est pas au-dessus des lois, comme l’a rappelé le président de la République…

Il faut une justice avec les mêmes règles pour tout le monde, aussi bien pour les citoyens que pour les policiers. Mon collègue avait des garanties de représentation, il se serait présenté aux convocations et il reste quand même et avant tout présumé innocent, et pourtant il a malgré tout été placé en détention provisoire, alors que des personnes certainement plus dangereuses que lui sont laissés libres avec un simple contrôle judiciaire.
La justice prévoit tout de même de nombreuses solutions afin de limiter la détention provisoire au strict nécessaire : contrôle judiciaire, assignation à résidence, surveillance électronique…

Aujourd’hui, les policiers craignent à leur tour d’être placés en détention provisoire dès lors qu’il pensent faire usage de la force légitime.

Cette affaire arrive après les manifs sans fin des Gilets jaunes, les émeutes du début juillet, est-ce la goutte qui fait déborder le vase ?

Je ne pense pas, mes collègues sont professionnels, ils se sont engagés dans la police en connaissant la complexité du métier. Aujourd’hui, ils veulent simplement être soutenus et protégés, par leur hiérarchie, par leur ministre, par l’État et je pense que l’institution judiciaire a beaucoup d’efforts à faire pour protéger les policiers.

Les émeutes ont été ultra-violentes, mes collègues ont été rappelés sur leur temps de repos pour venir protéger la République, et ils sont revenus travailler par conviction et conscience professionnelle. Ils ont fait les heures nécessaires sans compter, ont assuré des missions hors de leurs compétences habituelles, ils ont été blessés parfois. Ne pas le reconnaitre, ne pas les reconnaitre pour leur travail et leur engagement, c’est ça la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Après les déclarations du DGPN, Frédéric Veaux, “je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison” puis celle du président de la République ‘’ Nul, en République, n’est au-dessus de la loi” et enfin, celle d’Elisabeth Borne “la justice doit travailler sereinement”, l’affaire est devenue très politique. Est-ce une bonne chose pour vous ? Et qu’attendez-vous de l’exécutif ?

La police ne doit en aucun servir la classe politique, nous sommes des agents de l’État au service du public, nous sommes là pour protéger les personnes et les biens, interpeller les auteurs de crimes et délits et les remettre à la justice.

La grogne des policiers s’intensifie

 

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