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La grogne des policiers s’intensifie

 

Après la mise en examen de quatre fonctionnaires de la BAC de Marseille et la détention provisoire de l’un d’eux, pour des violences lors des émeutes, la colère gagne du terrain et devient politique.

Police, manif
Police, manif à Paris (Pixabay)

Le 20 juillet dernier, quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen pour avoir passé à tabac un jeune de 21 ans lors des émeutes qui ont secoué la cité phocéenne les 1er et 2 juillet 2023.
Aussitôt, de nombreux policiers marseillais se sont rassemblés pour apporter leur soutien à leurs collègues qui, disent-ils, ont répondu à des ordres pour rétablir l’ordre.

« Se mettre en 562 »

Le mouvement de grogne s’est vite répandu à tous les commissariats de la ville. Les fonctionnaires qui n’ont pas le droit de faire grève ont décidé, par des dizaines, de se mettre en arrêt-maladie. Les autres ne prennent plus les plaintes et n’effectuent plus les tâches administratives. Le syndicat Unité-SGP Police Force ouvrière a appelé, vendredi, « tous les policiers du territoire national à se mettre en 562 dès maintenant ». Autrement dit à débrayer.
Rapidement, le mouvement s’est répandu dans plusieurs villes de France où les arrêts-maladie se sont multipliés dans les commissariats.

Police contre justice ?

C’est dans ce contexte tendu que le directeur général de la police nationale (DGPN) a rendu visite aux policiers marseillais. Dimanche, Frédéric Veaux a soutenu ses hommes lors d’un entretien au Parisien : « Le savoir en prison m’empêche de dormir, dit-il à propos du policier placé en détention. De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail. »
Des propos qui ont provoqué l’indignation d’une partie de la classe politique, notamment des élus de la NUPES, mais aussi des magistrats qui y voient une sorte de pression exercée sur la Justice.
Dans un communiqué le Syndicat de la Magistrature (SM), classé à gauche, écrit : « Il est des attaques auxquelles on ne doit jamais s’habituer (…) [Frédéric Veaux] met publiquement en cause le principe d’égalité devant la loi, utilise sa position institutionnelle pour porter atteinte à l’autorité judiciaire auprès des citoyens et bafoue les principes constitutionnels de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice. »

« L’ordre, l’ordre, l’ordre »

Depuis la Nouvelle-Calédonie où il a accordé ce lundi 24 juillet un entretien aux journaux de 13 heures de TF1 et France 2, le président de la République a réagi à l’incarcération du policier marseillais en ces termes : « Nul, en République, n’est au-dessus de la loi ».
Quant aux récentes émeutes, Emmanuel Macron réaffirme sa ligne de conduite : « L’ordre, l’ordre, l’ordre. »
Mais qui va maintenir l’ordre si les policiers, fatigués, épuisés, mal considérés, répondent de plus en plus nombreux au code 562 ?

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