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ThionviLeaks : Le « pacte de corruption »

Le cinquième épisode de cette série de vidéos du lanceur d’alerte Yan Rutili est consacré aux relations malsaines entre des élus et des promoteurs de sa ville. Preuves à l’appui.

Yan Rutili présente son cinquième épisode des ThionviLeaks (capture)
Yan Rutili présente son cinquième épisode des ThionviLeaks (capture)

Il cogne de plus en plus fort Yan Rutili pour dénoncer les relations troubles entre certains élus malhonnêtes de Thionville, en Moselle, et des promoteurs immobiliers peu scrupuleux de la région. Le cinquième épisode de ses ThionviLeaks (fuite de documents) largement diffusés sur les réseaux sociaux est intitulé « Le pacte de corruption ». De quel pacte s’agit-il ?

Deux immeubles bradés aux amis

La Maison des associations de Thionville bradée par la mairie (capture Thio,viLeaks)
La Maison des associations de Thionville bradée par la mairie (capture ThionviLeaks)

L’auteur de la vidéo va droit au but. Il dénonce les conditions ahurissantes de la cession, par la Ville de Thionville, d’un ensemble immobilier, près de la gare, à la Société civile de construction-vente (SCCV) Queneau Rive Droite créée par deux promoteurs amis, Olivier Vetsch et Stéphane Noël.
La Maison des associations est un immeuble en pierres de taille, en très bon état, évalué une première fois par le service des Domaines à 890.000 € (soit 500 €/m2). L’Auberge de jeunesse, également en pierres de taille, sur trois niveaux, en parfait état, est estimée à 375.000 € (soit 375 €/m2). Des prix dix fois inférieurs à ceux du marché.
Mais c’est encore trop cher pour les promoteurs qui demandent au maire, Pierre Cuny, de revoir les prix à la baisse. Ce dernier accepte et, finalement, les Domaines vont consentir des rabais extravagants sur ces deux immeubles. La maison des associations sera cédée à 635.000 € (soit un rabais de 255.000 € !) et l’auberge de jeunesse à 350.000 € (soit un rabais de 25.000 €). Le conseil municipal de Thionville en date du 19 novembre 2018 votera la cession des deux bâtiments à ces prix très, très avantageux. Ainsi qu’un terrain de 2.093 m² pour la modique somme de 613.200 €.

L'Auberge de jeunesse de Thionville vendue pour une bouchée de pain par la mairie (capture ThionviLeaks)
L’Auberge de jeunesse de Thionville vendue pour une bouchée de pain par la mairie (capture ThionviLeaks)

Sociétés au Luxembourg

La délibération du 19 novembre 2018 a fait l’objet d’un recours devant le tribunal administratif de Strasbourg. Car l’une des adjointes, Véronique Schmit, détentrice de deux procurations, vote en faveur de la vente. Or, Mme Schmit est l’épouse du directeur du développement du groupe Habiter auquel appartient la SCCV Queneau Rive Droite. Le T.A. a donc annulé la délibération. Décision confirmée par la cour administrative d’appel.
Les actes de vente ont finalement été reçus par le notaire d’Hettange-Grande, Me Yvon Gérard dont on sait qu’il a disparu dans des conditions mystérieuses, le 17 août 2022, près de Saumur.
Dans ces actes authentiques, on découvre que la Maison des associations et le terrain adjacent ont été vendus pour 1.137.320 € à la société de MM. Noël et Vetsch. Or, le contrat de prêt bancaire indique que la somme de 576.000 € a été reversée à deux sociétés luxembourgeoises, Impala Properties, d’Olivier Vetsch et CIL de Stéphane Noël. Cette dernière société luxembourgeoise a pour directeur général un certain Christophe Schmit, le mari de l’adjointe au maire de Thionville.

Des sociétés basées au Luxembourg pour les promoteurs de Thionville (ThionviLeaks)
Des sociétés basées au Luxembourg pour les promoteurs de Thionville (ThionviLeaks)

Un faux en écriture publique

Quant à l’Auberge de jeunesse, l’acte de vente est signé le mois suivant par l’adjoint à l’urbanisme, Roger Schreiber, le 21 janvier 2019 pour la somme de 350.00 €. Or, ce même jour, le même notaire, revend l’Auberge de jeunesse à une société appartenant cette fois à Stéphane Noël et à son ex-beau-frère, Thibault Paulus pour la somme de 432.400 € (soit une plus-value de 82.400 €) !
Ce n’est pas tout. Selon Yan Rutili, la justice a demandé au maire de Thionville de lui fournir la liste des promoteurs immobiliers avec lesquels travaille la Ville. La réponse envoyée aux enquêteurs est surprenante puisqu’elle donne une série de noms d’entreprises. Mais pas la SCCV Rive-Droite. « Il s’agit d’un faux en écriture publique », explique Yan Rutili. Donc un crime au regard de la loi.
Les ThionviLeaks n’ont pas fini de faire trembler élus et promoteurs véreux puisqu’un sixième épisode est déjà en préparation.

 

 

 

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