L’économiste Marc Touati explique que la crise des subprimes n’est pas née de la spéculation, mais d’un programme politique lancé par Bill Clinton dans les années 90. L’objectif étant de permettre à tous les ménages américains de devenir propriétaires, y compris ceux qui n’étaient pas solvables.

Le mécanisme fatal
- Des crédits à taux variables ont été accordés aux ménages non solvables
- Ces crédits étaient garantis par l’État fédéral (Freddie Mac, Fannie Mae)
- Quand la Réserve fédérale a remonté les taux pour freiner la surchauffe économique, les mensualités ont explosé (jusqu’à 20%)
- Les ménages ont fait faillite, provoquant l’effondrement des prix immobiliers
La contagion mondiale par la titrisation
Le problème local est devenu mondial, car ces dettes toxiques ont été transformées en titres notés AAA par les agences de notation. Ces produits « sans risque » cachaient en réalité des « bombes à retardement » vendues dans le monde entier.
Les erreurs qui ont aggravé la crise
Touati dénonce plusieurs erreurs majeures :
- L’erreur européenne : Alors que les États-Unis baissaient leurs taux, la BCE les a augmentés en juillet 2008, aggravant la récession européenne.
- La faillite de Lehman Brothers : Le secrétaire au Trésor Henry Paulson (ex-Goldman Sachs) a laissé tomber ce concurrent, déclenchant la panique mondiale.
- Le rejet initial du plan de sauvetage par le Congrès américain
La sortie de crise et ses conséquences
La crise a été jugulée grâce à :
- Une relance budgétaire massive de 5 000 milliards de dollars (9% du PIB mondial) lors du G20 de Londres en avril 2009
- L’utilisation de la « planche à billets » : création monétaire sans contrepartie pour financer les déficits
Le piège de la dette publique
Touati souligne que cette solution a créé un problème plus grave : le passage d’une crise de dette privée à une crise de dette publique. La France est passée de moins de 1 200 milliards d’euros de dette en 2008 à une situation « hors de contrôle » aujourd’hui.
Selon Marc Touati, les dirigeants n’ont pas tiré les leçons de cette crise et ont reproduit les mêmes erreurs en 2020 avec le Covid. Il dénonce une « fuite en avant » des dirigeants qui font payer le prix de leurs erreurs aux contribuables et à la classe moyenne.