Russie
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Ukraine : l’Europe piégée par Zelensky

Quatre mois après le début de la guerre, l’acteur-président ukrainien Volodymyr Zelensky a atteint tous ses objectifs. La commission européenne vient d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’UE.

Volodymyr Zelensky (Flickr)
Volodymyr Zelensky (Flickr)

En accueillant en Ukraine Emmanuel Macron, président du Conseil de l’Union européenne (jusqu’au 30 juin 2022), accompagné du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi, le président ukrainien s’est assuré du soutien des principaux dirigeants européens pour battre la Russie et intégrer un jour l’Union européenne. Voici comment.

« Les lieux de souffrance »

Zelensky a joué avec talent la carte de la compassion, ce noble sentiment qui anesthésie la pensée et anéantit la rationalité sur lesquelles doit se fonder toute décision politique responsable. Zelensky le sait : il a même culpabilisé les Européens en leur faisant visiter « les lieux de souffrance » comme les ruines d’Irpin où Macron a été « atterré par la barbarie russe » selon ses propres paroles. Le plus gros était fait.
Après de chaleureuses accolades et de viriles poignées de mains, les trois principaux dirigeants européens ne pouvaient dès lors que confirmer « le message de soutien » à Kiev « pour le présent et pour l’avenir ». Chacun annonçant le renforcement de l’aide économique et militaire à l’Ukraine. La France, pour sa part, enverra « six chars Caesar additionnels » à l’Ukraine, en sus des douze déjà livrés.

Le dialogue des armes

Plus questions de « ne pas humilier la Russie » comme le souhaitait Macron. « Nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambigüité (…), le devoir de la France et de l’Europe c’était de venir [à Kiev].
Le président Zelensky a fait admettre son objectif : la guerre ne sera terminée que quand l’Ukraine aura retrouvé son intégrité territoriale, Crimée comprise.
Ce point a été formalisé – il est essentiel – et ridiculise au passage les tentatives de médiation du président Macron dont l’opinion a été piétinée par Zelensky, lequel a fait acter que le seul dialogue possible avec la Russie est pour l’instant celui des armes ! Macron non seulement doit se taire, mais en plus, on lui demande d’approuver. Il a mangé son chapeau en public.

L’aide de l’Europe

Zelensky, manœuvré par les Américains, a les idées très claires : il réclame l’aide de l’Europe et celle-ci dit oui. Mais comment ? Zelensky sait parfaitement que l’aide militaire de l’Europe est strictement indigente (on parle des fameux canons Caesar et déjà les Américains doivent approvisionner les obus de 155…). Il va donc se rabattre sur l’aide économique et financière… dès son statut de candidat (qu’il vient d’obtenir), il va demander à l’Europe de prendre en charge, pour commencer, le financement de toute sa fonction publique. Rien que ça. Et il va l’obtenir (Washington appuiera sur le bouton ‘’Berlin’’ qui se chargera alors de Bruxelles). Il stabilisera ainsi la structure d’État qui est menacée aujourd’hui. Mais après cet acquis, il ne s’arrêtera pas là !

L’influence américaine

Le statut de candidat à l’Europe de l’Ukraine aura une conséquence forte : arrimage de l’Ukraine à la zone régionale européenne d’influence américaine et par effet domino, l’Europe ne pourra pas refuser le même statut aux États des Balkans qui le réclament. On voit bien se dessiner la frontière future entre la zone d’influence américaine et la zone chinoise.

Quant à la guerre, elle dépend uniquement des armements (au sens large) américains… le scenario ne cache pas une grosse inconnue : les Ukrainiens, accepteront-ils de payer le prix humain très lourd de la Reconquista ? Car la guerre s’annonce longue (jusqu’à plusieurs années ?) – c’est l’une des conditions de l’affaiblissement définitif d’une Russie qui, dès lors, devra avoir recours à la Chine pour défendre les quelques intérêts qui lui resteront (la Russie vient de recevoir le soutien officiel de la Chine). C’est ainsi que la fin de l’affaire sera, in fine, une discussion Chine-USA à l’exclusion de tout autre, avec un objectif unique : ou passera la frontière ?

Amérique du Nord Europe France Monde Russie