Point-de-vue. Jour après jour, les pièces du puzzle s’assemblent… et dessinent les risques d’une Europe recomposée.
Par Bernard Aubin
Il y a quelques jours encore, peu d’observateurs envisageaient une action militaire en Ukraine. La Russie aurait placé 150. 000 hommes à la frontière pour jouer aux billes ! Ensuite, les mêmes se sont persuadés que si une offensive avait lieu, elle se cantonnerait aux territoires prorusses situés dans la périphérie du Donbass.
Aujourd’hui, celui qui avait pourtant déjà annexé la Crimée se déclare prêt à mener une guerre totale pour infliger à l’Ukraine un sort identique. Et tout porte à croire que Poutine n’a pas modernisé l’arsenal russe depuis 2000, et doté son armée d’outils ultramodernes de destruction massive, que pour se prémunir d’éventuelles attaques américaines. La dissuasion nucléaire revêt désormais un autre aspect.
Ne pas prendre à la légère
Cet homme est extrêmement prévisible. Il prend plaisir à l’être, avons-nous écrit à plusieurs reprises. Et il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Géorgie et Moldavie, anciennes républiques soviétiques, sont clairement dans son collimateur. Pour sa part, la Pologne tremble à la vue de l’ours qui s’approche.
Le ministère russe des Affaires étrangères a récemment averti qu’une adhésion finlandaise ou suédoise à l’Otan « aurait des répercussions militaires et politiques graves ». Expression à ne pas prendre à la légère lorsque l’on se rappelle que le même argument a servi de prétexte à l’invasion de l’Ukraine.
Les pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), sous domination soviétique jusqu’en 1991, adhèrent pour leur part à l’Otan, ce qui les protège quelque peu. En observant une carte, l’on ne peut que s’imaginer l’asphyxie que provoquerait la grande Russie rêvée par Poutine sur l’Europe. Qu’en resterait-il au final ? Et de la France en particulier ?
Provocation tous azimuts
Selon le rédacteur en chef de Philosophie Magazine, auteur d’un essai intitulé « dans la tête de Vladimir Poutine », « la France est un pays débile » selon la Russie qui condamne tout « le laxisme, l’appauvrissement du sentiment patriotique, l’amnésie historique, le règne du politiquement correct, les tensions interculturelles, le terrorisme islamiste et l’absence de grandes perspectives ».
Raison de plus pour que le maître du Kremlin, grand défenseur des Droits de l’Homme devant l’Éternel et lui-même modèle de vertu, s’autorise à poursuivre sa conquête de l’Ouest ? Pas immédiatement en tout cas. Il se méfie de l’Otan, pour l’instant. Mais il poursuit la provocation tous azimuts pour mesurer ses opportunités.
Poutine se sait désormais soutenu par la Chine, son nouvel allié. Une autre « République » qui vient d’augmenter officiellement son budget militaire de 7,1 %. Sans doute beaucoup plus en réalité. Demain, nos enfants parleront-ils russe ou mandarin, sous le regard bienveillant des Américains ?