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Le Pass Sanitaire, la science et la politique

Point-de-vue. Alors que le personnel soignant doit avoir reçu au moins une dose de vaccin dès ce 15 septembre 2021 sous peine de sanctions et que le pass sanitaire est obligatoire depuis le 9 août, le Dr Christophe Grangeon, médecin urgentiste et médecin légiste en Nouvelle-Calédonie, explique pourquoi ces mesures ont une justification plus politique que sanitaire.

Dr Christophe Grangeon (DR)
Dr Christophe Grangeon (DR)

Par Christophe Grangeon

Le contrôle de la pandémie à coronavirus n’a pas été possible avec les mesures d’isolement des personnes et de confinement longues. Ses caractéristiques intrinsèques sont à l’origine d’une perte de contrôle à l’échelle mondiale. (À l’inverse des SARS-CoV-1 et MERS-CoV ou même d’Ebola).

Le point sur les stratégies

D’une manière générale, toutes les stratégies de protection, les mesures de confinement et les stratégies d’éradication (Zéro-Covid) font tous les jours un peu plus la preuve de leur inefficacité et de leurs effets délétères à long terme (même s’ils ont une justification dans l’urgence afin de réduire la pression sur le système de santé) : sur l’économie d’abord (paupérisation d’une large part de la population), sur la santé mentale des enfants, des adolescents (âge de constructions relationnelles extra familiales par excellence) et des adultes, sur la mortalité par retard de prise en charge des soins semi-urgents et par l’absence de prévention, sur l’augmentation des violences intrafamiliales.
Le vaccin est présenté comme la seule alternative viable scientifiquement pour se prémunir de l’infection et de ses conséquences… (L’alpha et l’oméga si on considère l’inefficacité des mesures sociales.) Cependant, nous constatons que la vaccination de masse à un instant T est illusoire pour mettre hors d’état de nuire un virus tel que celui-ci. Israël en est une preuve, les vaccinés de janvier se retrouvent en réanimation faute d’immunité suffisante ou de potentiels effets secondaires (ADE) survenant lors d’une infection virale dans un contexte de déclin immunitaire vaccinal.

Qu’est-ce que le pass sanitaire ?

Le pass sanitaire n’est qu’une énième mesure sociale dans ce contexte. Mais pas n’importe laquelle, elle va bien au-delà d’une simple tentative de sortie de crise ou de baisse de la pression sur le système de santé.
Il s’agit de l’obligation de justifier d’un élément de sa santé spécifique au coronavirus pour voyager en dehors de la France métropolitaine ou pour accéder à certains établissements ou événements impliquant de grands rassemblements de personnes. Cet élément de santé peut être justifié par un vaccin, un test PCR négatif ou un certificat de rétablissement.
Le pass sanitaire devient donc un équivalent sanitaire du renversement de la charge de la preuve qui s’opère en droit civil. Dans la triade : tester-tracer-isoler, il met l’accent sur l’aspect du traçage non plus sur les personnes malades, mais sur les personnes saines.

D’un point de vue scientifique et médical

  • Le SARS-CoV-2 est contagieux (avec un R0 de 2 à 4 qui augmente avec les nouveaux variants), ce qui explique sa dissémination ubiquitaire au sein de la population humaine et au sein de réservoirs animaux. L’atteinte est massive, car la population actuelle n’a aucune défense naturelle pour lutter.
  • Être vacciné ne prémunit pas d’être contagieux.
  • L’échappement des variants (faux négatifs) aux tests PCR et antigéniques est connue.
  • L’apparition de variants induits par la pression vaccinale est un postulat scientifique viable dans la communauté des infectiologues bien que non encore prouvé.
  • La contagiosité précédant les symptômes entraine une impossibilité factuelle de contrôle de l’épidémie et de l’ensemble des mesures restrictives qui peuvent être imaginées.
  • La létalité imprévisible et les mesures brusques à grande échelle ont entrainé un sentiment de peur au sein de toutes les populations.

    Synthèse

Il ressort des données scientifiques que le pass sanitaire n’a aucune justification claire. Le pass sanitaire n’exempte pas de contagiosité et donc de transmission virale. Il ne remplit donc pas la fonction pour laquelle il a été mis en place.
Une fois le postulat scientifique balayé, il devient évident que nous passons de la science à la politique. Le pass sanitaire ne peut être regardé que comme une mesure politique dont les effets réels sur la dissémination virale attendue seront proches de zéro. En revanche les effets psychologiques sur la population avec une sensation de surveillance intensive et d’intrusion dans la vie privée seront majeurs et ne pourront entrainer que de la défiance envers notre politique de santé publique déjà fragile et nos pouvoirs publics. Une démocratie sanitaire n’est plus une démocratie dès lors qu’on lui accole un adjectif qui la restreint. Les exemples dans notre histoire récente en fourmillent. « Populaire » est l’adjectif qui saute immédiatement à l’esprit.

L’érosion de nos libertés

Une question se pose alors : L’illusion d’une bonne santé doit-elle justifier toutes les mesures de restriction de la démocratie et surtout doit-elle justifier la réduction des libertés à long terme ? Peut-on vivre avec une érosion flagrante de nos libertés pourvu que l’on soit en bonne santé ? L’effet sur la santé se mesure là aussi directement sur les personnes dont les libertés fondamentales sont restreintes. S’il n’est que temporaire le pass sanitaire est une menace à moyen terme sur nos démocraties puisqu’il en érode (momentanément) les angles, mais laisse des traces dans les esprits et dans les textes.
Le pass sanitaire divise la société jusqu’au sein des familles entre bon et mauvais citoyen, entre pro vaccin et antivaccin, entre liberté conditionnelle et restriction de circuler, peur et délivrance. Objet de clivage, il devient (involontairement, mais on peut se poser la question) une arme du pouvoir qui consiste à diviser pour mieux régner, et cela, jusque dans l’intimité des foyers et le cœur des citoyens.
Il convient de ne pas se tromper de cible. Ce n’est pas le virus qui conduit aux restrictions, mais les décisions politiques qui lui sont mises sur le dos.

Conclusion

Le passeport sanitaire n’est pas une mesure efficace contre la propagation virale, ni un gage de bonne santé puisqu’on peut être à la fois vacciné, malade et contagieux. Cette mesure est liberticide et crée un précédent sur le contrôle de la population.
Une politique mieux adaptée aux connaissances scientifiques validées et non basée sur la peur permettrait d’améliorer les stratégies de santé et l’adhésion du public.
Les conséquences économiques désastreuses conduisent déjà à assouplir le pass sanitaire en France et le supprimer au Royaume-Uni.

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