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L’écotaxe en Alsace, les poids lourds en Lorraine !

La taxe sur les poids lourds en transit que l’Alsace peut désormais appliquer, en vertu d’une ordonnance prise mercredi en conseil des ministres, aura pour effet de déplacer le trafic vers l’A31. D’où la colère des Lorrains à trois semaines des élections régionales.

Portique_anti-écotaxe
Portique_anti-écotaxe XIIIfromTOKYO, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le principe, c’est celui du pollueur-payeur. En Alsace, on compte 6.600 km de routes et autoroutes qu’empruntent chaque jour environ 180.000 véhicules dont 160.000 poids-lourds, essentiellement sur l’autoroute A35. Forcément, ils polluent, ils abîment la chaussée, provoquent des embouteillages, des accidents parfois. Or, ces camions sont en transit. Ils ne font que passer sans même faire le plein de leur réservoir en France. Ils polluent et s’en vont.
Or, environ 1.500 de ces poids-lourds passent par l’Alsace, parce qu’ils sont taxés lourdement de l’autre côté du Rhin. L’écotaxe, appelée LKW-Maut en Allemagne, est gérée par l’exploitant Euro Toll et rapporte au pays plus de quatre milliards d’euros par an.

Les Bonnets rouges de Bretagne

Depuis plusieurs années, l’Alsace dénonce cette situation et réclame le droit de faire payer une taxe aux poids lourds. Mais la chose était délicate depuis l’échec cuisant de la société Ecomouv’. Créée par un consortium d’entreprises européennes en 2013, l’écotaxe française avait dû être abandonnée à la suite d’une levée de boucliers des entreprises de transport. Notamment en Bretagne où les manifestants, particulièrement virulents, étaient coiffés de bonnets rouges. Il a donc fallu arrêter là l’expérience, rembourser les entreprises du consortium (au moins 700 à 800.0000 euros payés par le contribuable française) et licencier 157 salariés messins de la société.

Des prérogatives particulières pour la CEA

Et puis, il y a eu la création de la région Grand Est. Puis, plus récemment, la création de la Communauté européenne d’Alsace (CEA) qui, il faut bien le dire, entend jouer perso au sein de la nouvelle région formée avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Avec un statut particulier, des prérogatives particulières… Dont la gestion des routes et des autoroutes ! Il ne restait plus qu’une ordonnance gouvernementale pour boucler la boucle. Elle a été signée mercredi 26 mai 2021. Elle devrait être mise en place dès 2024.
Pour ne pas pénaliser les entreprises locales, la CEA pourra exonérer un certain nombre de véhicules. Les autres devront passer à la caisse. Ou passer par ailleurs. Là où l’on peut encore rouler gratos. Il y a fort à parier que le trafic de transit en Alsace se déporte vers la Lorraine et l’A 31 déjà fortement thrombosée.

A trois semaines des élections

D’où la colère des lorrains situés sur cet axe entre le Luxembourg et Epinal et des élus, de droite comme de gauche, qui vivent ce geste de Paris à l’égard de l’Alsace comme un véritable camouflet à trois semaines des élections régionales.
A l’évidence, le parti présidentiel fait une fleur à l’Alsace, au président de la CEA, Frédéric Bierry, et au président du Grand Est, Jean Rottner en vue d’un accord entre les listes LR et LREM (de Brigitte Klinkert) pour faire barrage au Rassemblement national.
Mais cet cette stratégie politicienne se joue en dehors de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne.
Plusieurs élus et/candidats à l’élection régionale réclament un retour aux anciennes régions, comme le demande en Lorraine le sénateur Jean-Louis Masson (voir son communiqué ci-dessous).

Jean-Louis Masson Ecotaxe

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