Point-de-Vue. Tout être vivant, végétal ou animal, simple unicellulaire ou complexe, tend à se maintenir en vie, constate Gérard Charollois dans sa lettre hebdomadaire.
Les arbres luttent pour accéder à la lumière et à l’eau. Les animaux entretiennent leur métabolisme en fournissant à leurs corps le nécessaire pour maintenir l’équilibre physiologique.
Dans la biosphère, tout ce qui vit œuvre constamment à sa pérennité.
Ce combat contre la finitude amena l’animal humain à concevoir des mythes pour nier la mort et s’assurer la vie éternelle, ce qui rend bien vaines les appréhensions
contre le transhumanisme puisque de tout temps l’homme s’inventa ce refus de l’anéantissement. La différence entre l’éternité du croyant et la quête de la longévité par la science tient à ceci : « il suffit d’y croire ». Mais voilà, la croyance ne se décrète pas et pour ceux qui n’y croient pas, comment
faire face au défi de la finitude ?
Laisser vivre les autres…
La finalité des religions et de la science, par des moyens très différents, est la même : ne pas disparaître.
Les mythes promettent la résurrection des corps, une place à la droite du père ou 66 vierges pour les martyrs de l’Islam.
La science biomédicale promet, à terme, la guérison de toutes les maladies et de la première d’entre elles, le vieillissement qui ne saurait être une inéluctable fatalité.
Après tout, que ceux qui veulent mourir passent devant et laissent vivre les autres.
Chacun son chemin pour vaincre la souffrance et l’anéantissement : la foi ou la raison.
Derrière toute angoisse, il y a celle de la mort.
Ce fait pouvait conduire l’humain à célébrer la vie et à fuir la mort donnée à autrui, cet autrui pouvant être un autre humain ou un animal d’une autre espèce.
Par perversion, l’humain célèbre la mort par image inversée de son angoisse.
La guerre, les petits meurtres privés, la chasse, la tauromachie représentent les formes communes de cette perversion, fascination du mal absolu, de la peur suprême infligée pour ne pas la subir. C’est l’origine de tout sadisme.
Spectacles sacrificiels
Tuer pour feindre de maîtriser ce qui nous effraie, voilà le socle psychologique des jeux, spectacles rituels sacrificiels.
Nos civilisations demeurent doloristes avec une éducation des enfants qui s’apparenta longtemps à un dressage, une justice qui punit plus qu’elle ne prévient, une médecine qui soigne en infligeant bien des douleurs qui pourraient être évitées et une acceptation résignée des maux et malheurs aussi longtemps qu’ils épargnent le résigné aux souffrances d’autrui.
A l’étrange revendication d’un « droit de mourir dans la dignité » (comme s’il existait des façons de mourir dans l’indignité), j’oppose le droit de vivre dans la douceur des jours, l’hédonisme altruiste et l’indignation devant le malheur.
Et voilà pourquoi j’ai consacré une partie de ma vie de militant en m’opposant à la chasse, mort loisir !
Les oligarques qui commandent aujourd’hui servent la mort, celle des cervidés, des oiseaux d’eau et de tous les droits sociaux.
Pour eux, la vie ne veut pas la vie, mais l’argent qui corrompt tout et la célébration de la mort à courre, à cor et à cris de banquiers insatiables.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
UNE FORCE POUR LE VIVANT