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Économie : les lendemains qui déchantent

Les sanctions contre la Russie se retournent désormais contre ceux qui les ont initiées. La flambée du prix du gaz et de l’électricité risque fort de provoquer de véritables émeutes en France. Comme au Royaume-Uni et sans doute ailleurs.

Centrale nucléaire de Cattenom (57)
Centrale nucléaire de Cattenom (57)

1er mars 2022. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie : « Les sanctions infligées à la Russie sont d’une efficacité redoutable. Nous livrons une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. »

 

Vendredi 19 août 2022, à Bormes-les-Mimosas. Emmanuel Macron : « Je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d’âme pour regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l’adversité et, unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ».
Mercredi, 24 août 2022. Emmanuel Macron : « Ce que nous sommes en train de vivre est de l’ordre d’une grande bascule (…) celle de la fin de l’abondance ».

Cinq mois après le début de la guerre russo-ukrainienne, les discours officiels ont changé. Plus question de jouer les matamores. La situation économique ne permet plus les fanfaronnades. L’avenir s’annonce très sombre aussi bien pour la France que pour l’Europe. Après la crise sanitaire de la Covid-19, la canicule de l’été, la sècheresse catastrophique pour les cultures et les incendies géants, c’est l’inflation qui s’invite pour cette rentrée 2022. Et plus précisément la hausse vertigineuse des prix du gaz et de l’électricité dont on se demande si les ménages et les entreprises pourront payer les factures.

Les factures vont exploser

Certes, Macron a invité les Français « à la sobriété énergétique ». Mais la flambée des prix sur les marchés est telle que personne, aujourd’hui, ne sait où cela s’arrêtera.
À Rotterdam, fin août, le MWh de gaz se négociait 320 euros (contre 15 € il y a encore quelques mois). Quant au prix de gros de l’électricité, il s’est littéralement envolé, passant de 85 euros le MWh, il y a un an, à 1.000 € aujourd’hui. Et ce n’est pas fini puisque les achats pour le mois de décembre 2022 se négocient déjà à 1600 € le MWh.
Ce qui veut dire que les factures vont exploser dans les semaines et les mois qui viennent. Avec les conséquences sociales et politiques que l’on imagine.

UK : deux tiers des ménages dans la précarité

Et cela ne va pas s’arranger puisque la Russie, premier fournisseur en gaz de l’Europe, notamment de l’Allemagne, va réduire ses livraisons en représailles aux sanctions qui lui sont infligées. Les livraisons via le gazoduc North Stream1 seront arrêtées durant trois jours, début septembre. Et l’on ne sait pas si elles vont reprendre. Or, de nombreux pays fabriquent l’électricité à partir du gaz.
Les Allemands ont d’ores et déjà annoncé un plan drastique de restrictions énergétiques : limitation du chauffage à 19° dans les bâtiments publics, plus de piscines chauffées etc.
Au Royaume-Uni, les tarifs règlementés de l’énergie vont augmenter de 80% dès le mois d’octobre, selon l’OFGEM, le régulateur britannique du secteur.
Les deux tiers ses ménages du Royaume-Unis seront plongés dans la précarité. Les syndicats s’attendent à une explosion de violence.

Le parc nucléaire français défaillant

La France est moins dépendante que d’autres pays du gaz russe, environ 17% de sa consommation. Mais ce n’est quand même pas négligeable. D’autant que le parc nucléaire français qui devrait en principe nous garantir une relative autonomie énergétique est défaillant. Des problèmes de corrosion sur des tuyaux imposent l’arrêt de 24 de nos 56 réacteurs.
Conséquences pour les consommateurs ? Des factures en forte augmentation que l’État va essayer de compenser grâce à la reconduction du bouclier tarifaire qui, depuis le 1er octobre 2021, gèle les barèmes des tarifs règlementés.
Suffisant ? Pas évident. Tout va dépendre de la poursuite de la hausse des prix du gaz et de l’électricité sur le marché européen, mais aussi de la rigueur de l’hiver. Il est vrai que, selon la plateforme européenne Agregated Gas Storage Inventor (AGSI) la France a rempli plus de 90% de ses capacités de stockage de gaz. De quoi amortir les chocs et éviter les grandes pénuries cet hiver. Mais les prix vont continuer à grimper. La guerre russo-ukrainienne est loin d’être terminée.
L’avenir reste sombre. Voire bien noir.

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