Et de six ! La présidente de la Commission européenne, a proposé ce mercredi 4 mai 2022 un sixième ensemble de sanctions contre la Russie pour lui faire « payer au prix fort » la guerre en Ukraine. Mais l’Europe ne se tire-t-elle pas une balle dans le pied ?
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a proposé mercredi la mise en place d’un embargo progressif sur le gaz et pétrole achetés à la Russie, l’exclusion de trois banques russes de la plateforme Swift, ainsi que des dispositions punitives visant des personnalités russes. Cet ensemble de mesures s’ajoute aux 5 précédentes séries de sanctions appliquées depuis l’invasion de la Crimée en 2008. (Voir en fin d’article l’ensemble de ces mesures).
Embargo contre le pétrole et le gaz
La mesure la plus significative et en même temps la plus préoccupante pour les pays européens, concerne l’embargo progressif contre le pétrole et le gaz. Un arrêt progressif des importations sera étalé sur 6 à 8 mois. Certes, des dérogations sont prévues pour les pays les plus enclavés comme la Hongrie et la Slovaquie, mais les conséquences seront très lourdes pour tous.
La présidente de la Commission européenne en a conscience. « Ce ne sera pas facile » a expliqué Ursula von der Leyen qui ne méconnaît pas les conséquences funestes de cet embargo. Les pays les plus dépendants des énergies russes, comme l’Allemagne, vont devoir aller s’approvisionner dans d’autres régions du globe pour faire tourner les usines et éviter une véritable catastrophe économique. En France, l’énergéticien Engie vient de signer un contrat de 15 ans avec l’américain NexDecade pour la livraison de 1,75 million de m3/an.
Du GNL venant des USA
La Norvège et l’Algérie fournissent déjà plusieurs pays européens en gaz et en pétrole. Ils pourront augmenter leur production. Mais ces rallonges « atteignent 10 milliards de m3 » selon un expert de l’U.E., très loin des 155 milliards livrés par la Russie en 2021 sur les 400 milliards m3 consommés, selon les études de la Commission européenne.
L’Europe va également s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (GNL) provenant des États-Unis, notamment. 50 milliards de m3 par an. Son extraction est souvent décriée par les écologistes. Et puis, il faut le transporter par tankers. Ça coûte cher.
De quoi relancer le projet européen RePowerEU qui vise à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz. Mais cela prendra du temps.
Rare et cher
L’embargo sur le gaz et le pétrole livré par la Russie ne manquera pas de provoquer une flambée des prix comme on n’en a pas connu depuis longtemps, un arrêt de certaines industries grosses consommatrices d’énergie, notamment en Allemagne et donc une récession économique dont on ne peut encore mesurer les effets à long terme. Ce qui paraît certain, c’est que le gaz et le pétrole seront plus rares, plus chers et donc rationnés.
L’Europe qui devait « provoquer l’effondrement de l’économie russe » (Bruno Le Maire) s’est bel et bien tiré une balle dans le pied. Et peut-être bien pire !
Voici l’ensemble des sanctions contre la Russie
The recovery package for Ukraine will bring the stability and certainty needed to make the country an attractive destination for foreign direct investment.
And eventually it will pave the way for Ukraine’s future inside the European Union. pic.twitter.com/eQpvnGI9qg
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 4, 2022