Ça chauffe dur dans les fournils en raison de la hausse prohibitive des factures d’électricité. Mais les pompiers du gouvernement ne sont pas crédibles : ce sont aussi les pyromanes !
Tenter d’éteindre un incendie qui couve sous la cendre depuis des mois et des mois est une opération délicate, voire impossible. À preuve, les explications désespérées de la Première ministre Elisabeth Borne et du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour essayer de répondre à l’angoisse des boulangers-pâtissiers face à l’augmentation inimaginable des factures d’électricité. Au point de mettre en jeu la survie de ces petits artisans.
Un cautère sur une jambe bois
Parmi les mesures annoncées par Elisabeth Borne, pour aider les boulangers, ceux-ci pourront demander le report des impôts et des cotisations sociales et étaler leurs factures sur plusieurs mois. La chef du gouvernement estime que l’État pourra alléger d’environ 40% les factures d’électricité.
Quant à Bruno Le Maire, il précise que les boulangers pourront résilier leurs contrats sans frais si les tarifs de l’énergie sont prohibitifs !
Des mesurettes qui ne sont pas à la hauteur des enjeux puisque, rappelons-le, la hausse des factures d’électricité pour les artisans boulangers, mais aussi pour de nombreuses PME est de l’ordre de 5, 10, voire 50 fois plus élevée d’un mois sur l’autre. Beaucoup n’y survivront pas.
Le parc nucléaire en carafe
La hausse du prix de l’énergie, et de l’électricité en particulier, ne date pas d’hier matin. Elle est le résultat d’une politique erratique, laxiste, stupide même menée depuis des mois, sinon des années par les gouvernements successifs.
En premier lieu, la hausse du prix de l’électricité est due à l’état calamiteux du parc nucléaire français. Vingt-six de ses cinquante-six réacteurs sont à l’arrêt pour des raisons de maintenance. Le vieillissement des réacteurs n’a pas été anticipé. Parmi les causes de ces arrêts : un phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) correspondant à de petites fissures à proximité de soudures sur des circuits en acier inoxydable. EDF a dû faire appel à plusieurs centaines de soudeurs américains de l’entreprise Westinghouse.
Le marché européen de l’électricité
Alors que la France était jusqu’ici autosuffisante et même exportatrice d’électricité, elle doit désormais s’approvisionner au prix fort sur le marché européen. Or l’UE a ouvert les marchés nationaux à la concurrence, reliés entre eux par un réseau européen de transport d’électricité commun à 35 pays. Le marché européen est ‘’géré’’ par une place boursière EPEX Spot SE
Où producteurs et négociants négocient les prix du MWh.
Précisons que le prix de l’électricité est calculé sur celui du gaz puisque ce sont les centrales au gaz qui, dans de nombreux pays, produisent l’électricité.
La guerre en Ukraine
Et c’est ainsi que la guerre russo-ukrainienne entre dans la danse. Depuis le 24 février 2022 et les sanctions appliquées à la Russie par les États-Unis et les pays occidentaux, le gaz se fait plus rare. D’autant que le 27 septembre 2022, les deux pipelines transportant le gaz russe vers l’Europe ont été détruits en mer Baltique.
L’effet boomerang, les ménages, les boulangers, les entreprises le vivent aujourd’hui. Cruellement.
Qui a dit, il y a quelques mois : « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ? » Un pompier pyromane qui voudrait aujourd’hui éteindre un incendie que ni lui ni personne ne maîtrise vraiment.
Bruno Le Maire: "Je demande aux fournisseurs d'énergie de faire plus, de faire mieux et de le faire tout de suite" pic.twitter.com/Ig9mhka1Qo
— BFM Business (@bfmbusiness) January 3, 2023
Borne demande aux énergéticiens d’étaler le paiement des factures, les entreprises pourront demander un report du paiement de leurs impôts et de leurs cotisations.
RIDICULE ! Les PME feront faillite si on ne sort pas du marché européen de l’électricité 😡pic.twitter.com/FPHngNXxXD— Carėne Tardy (@Carene1984) January 3, 2023