Point-de-vue. Chacun a pu constater que des pluies verglaçantes paralysent le trafic dans les régions de l’est de la France en ce mercredi matin, 17 janvier 2024. Mais dans bien des endroits, comme dans la région de Yutz-Thionville, les pouvoirs publics n’ont pas anticipé cet épisode météo.
Par Bernard Aubin
Hier, mardi 16 janvier, vers 12 h 00 : nous avons posté sur les réseaux sociaux un message d’alerte concernant le blocage des routes et des transports en commun prévisible aujourd’hui. Nous lisons dans le marc de café ? Non, nous avons tout simplement consulté plusieurs sites de météo qui, depuis une semaine jusqu’à avant-hier, nous avaient annoncé de fortes intempéries pour la journée de mercredi.
Traitement trop tardif
Cette information, qui ne pouvait être ignorée des autorités, aurait dû les conduire à prendre toutes mesures préventive, palliative ou restrictive liées aux conséquences plus que probables sur les déplacements. Résultat : certaines routes ont été traitées trop tardivement, leur salage ayant eu lieu APRES les chutes de pluies sur le sol gelé. Les réseaux secondaires sont pour la plupart restés prisonniers de la glace. Et ne parlons pas des trottoirs non-traités revêtus dans certaines villes de dalles glissantes. Il fallait oser dans le Nord-Est !
Notre but n’est pas de tirer sur l’ambulance. Finalement, ce qui nous énerve le plus, c’est ce cafouillage sémantique qui empêche les gens d’y voir clair. Question simple que se posaient hier les usagers des transports en commun : mes trains et mes bus circuleront-ils demain, dans quels horaires, et sur quels itinéraires ?
Sur le site de la préfecture 57
Premier soupçon de réponse via la communication du texte d’un arrêté préfectoral que nous avons reçu via une voie professionnelle… Humour (noir) de la Préfecture : « La circulation des transports scolaires est interdite le mercredi 17 janvier 2024 par arrêté préfectoral consultable sur le site www.moselle.pref.gouv.fr. La circulation des transports interurbains, autres que ceux effectuant du transport scolaire, pourra reprendre à compter de 11 h 00 le mercredi 17 janvier 2024 en raison du redoux annoncé par Météo France ». Sauf que le lien indiqué renvoie… vers la page d’accueil de la Préfecture et ne sera accessible que bien plus tard.
Transports interurbains : Pas très clair !
Second point : on a bien compris que les transports scolaires étaient interdits toute la journée… mais qu’en parallèle les cours n’étaient pas suspendus pour autant ? Garderie Nationale oblige ! Mais que signifient « transports interurbains » ? Ça se complique. Selon une définition trouvée sur le Net : « le transport interurbain assure la liaison entre zones rurales et agglomérations, ou entre plusieurs agglomérations ».
Cas concret : un bus ayant origine et destination à Thionville n’entre pas dans la définition, un bus ayant origine Yutz et destination Thionville ne circulerait pas, sauf à considérer que ces deux villes font partie d’une même grande agglomération !? Tout cela n’est pas forcément très clair !
Finalement, Citéline [le transporteur] coupe court – et tardivement – à la réflexion, allant jusqu’à prendre un risque inconsidéré en postant sans réserve, l’info suivante sur son site : « pour respecter l’arrêté préfectoral, il a été décidé que les services Citéline CIRCULERONT à partir de 11 heures demain. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour les difficultés que cet épisode météorologique pourrait occasionner ». Notons que du statut d’interdiction, Citéline évolue vers une annonce FERME de circulation concernant l’ensemble des bus, scolaires compris. Cherchez l’erreur !
Mais que signifie au juste que « les services Citéline circuleront » ? En creusant un peu, cette notion est plus floue qu’il n’y paraît. Admettons que l’horaire de passage de notre bus, à notre arrêt, soit 11 h 05. Mais que son départ au point d’origine soit 10 h 30. Mon arrêt sera-t-il desservi ? Bien malin est celui qui pourra répondre ! De toute façon, les conditions climatiques actuelles couperont court à la question : le redoux annoncé tarde à s’imposer !
Et sur les rails ?
Quant à la SNCF, elle prévient : « avant de vous rendre en gare, nous vous recommandons de vérifier l’horaire de vos trains sur votre application de mobilité. Pour la circulation des cars, des arrêtés préfectoraux consultables sur les sites des Préfectures ». La SNCF, prudente, ne se hasarde pas à publier le lien vers les préfectures !
En résumé, en termes de com., c’est le big bazar (nous sommes polis). Que les routes soient gelées, c’est un fait. Que des faits imprévisibles et insurmontables (définition de la force majeure) perturbent les transports, c’est une éventualité (quoique dans la situation actuelle, la notion d’imprévisibilité ne peut être retenue et que la paralysie des routes aurait pu également, dans une certaine mesure, être surmontée).
Ce qui nous paraît insupportable, ce n’est pas tant le verglas qui couvre nos routes que le manque total de lisibilité de l’information diffusée – ou non – par les différentes sources. Notamment ce flou qui entoure ce qui ne doit pas rouler, ce qui va rouler, et les périmètres desservis.
Cette confusion, dans les annonces, n’est pas admissible. Il serait temps que nos technocrates relèvent leurs têtes de leurs tableaux Excel et s’appuient sur le bon sens pour anticiper les événements et nous livrer des informations claires, compréhensibles et fiables !
Pluies verglaçantes dans le Grand Est : l'interdiction de circuler des poids lourds prolongée jusqu'à midi
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