La nouvelle Calédonie s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos… Et pourtant, l’affrontement entre fanatisés et familles qui défendent leur sécurité se poursuit. Jusqu’à la guerre civile ?
Par Christophe Grangeon
Les accords de Nouméa étaient clairs… une exception constitutionnelle qui permettait aux Mélanésiens de faire le pari démographique. Chirac leur donne le gel du corps électoral en prime. Tout est fait pour que les Canaques reprennent les rênes…. Malgré cela et devant une signature sans contrainte, le camp des indépendantistes a perdu par trois fois malgré une tentative de discréditer le dernier suffrage sous un prétexte de deuil à géométrie variable… même si c’étaient eux qui avaient sollicité ce scrutin. Tout cela sous la validation de l’ONU. La République n’a pas fléchi.
Le monde en noir et blanc
Trois ans d’enlisement ont passé pour se mettre autour d’une table et négocier une sortie. Pendant la durée des accords, les politiques indépendantistes ont fait deux choses…. Encourager la haine et promettre l’indépendance des jours meilleurs, puis s’enrichir sur le dos de la France.
Un enfant né dans les années deux mille à qui l’on promet les merveilles de l’indépendance et la détestation du colonisateur ne peut avoir qu’une seule vision du monde : noir et blanc. Le politique ne peut plus faire machine arrière. Après toutes ces années, admettre la défaite et négocier serait un désaveu dangereux. La retraite n’est pas acceptable quand on parle d’idéologie. C’est la victoire ou la mort… C’est une religion… un fanatisme. Les vieux briscards ont engendré un monstre dans le silence des tribus pour donner vie à leurs discours déçus. Ils peuvent poursuivre leur politique sans programme et envoyer la jeunesse mourir pour leur propre bénéfice au cri d’indépendance.
La jeunesse a perdu ses repères
La pauvreté des bidonvilles agglutinés autour du miroir rutilant de la consommation moderne a alimenté la haine. Le manque d’éducation allié à la hiérarchie tribale ont fait le lit de la naïveté et de l’obéissance. La jeunesse a perdu ses repères… On a voulu faire un colorant hydrosoluble de la Calédonie, mais c’est de l’huile que l’on a tenté de mélanger avec de l’eau. Le fossé culturel est immense. On peut constater, on peut décrire, on peut tenter de comprendre… mais un peu seulement.
Mettre la France en porte-à-faux
Qu’est-ce que vous diriez si quelqu’un venait prendre la terre sur votre propriété pour l’exporter au bout du monde en vous payant un franc dérisoire ? Si des gens venaient s’enrichir à votre porte en vous proposant un mode de vie qui ne vous ressemble en rien et bouscule jusqu’à votre identité et vos schémas de pensées ? Ce n’est pas l’argent qui résout cela. Ce ne sont pas non plus les discours racistes. Le peuple mélanésien est divisé et à la merci de quelques fanatiques et le jouet d’influences qui lui hôte son libre arbitre.
Et si on prend du recul, la déstabilisation du territoire pour mettre la France en porte-à-faux est évidente. Sans parler de la valeur du sous-sol… seconde réserve mondiale de Nickel, nappes de pétrole immenses, réserves de scandium. Les appétits ne peuvent pas être ignorés pour instrumentaliser une révolte.
Deux symboles
L’économie et l’enseignement sont la cible privilégiée des émeutiers. Deux symboles ! Cette signature, c’est celle d’un peuple qui se ferme au monde. Le refus du développement économique qui permettait à des familles mélanésiennes exclues de survivre et au territoire de se présenter sur la scène internationale d’un côté. Et de l’autre, le refus de l’éducation dans laquelle la culture Canaque était enseignée en même temps que l’ouverture au monde… L’économie et l’enseignement sont les deux mamelles de l’indépendance.
La France en fait aujourd’hui les frais. Son économie est ruinée et son éducation à la traine. Sa véritable indépendance est à reconquérir. Et si cette indépendance n’existe pas, alors ce sera le dictat du plus fort, d’une puissance étrangère, du plus sanguinaire. La Calédonie pourrait avoir un peu d’avance.
Le partage des torts
Comme dans tout divorce, les torts sont à partager à égalité. Le clan politique loyaliste n’est pas en reste dans cette situation explosive et s’est, lui aussi, enrichi à outrance. Ils ont mis en place le rééquilibrage financier et électoral qui leur a été imposé et ils ont fait le gros dos en attendant que ça passe, priant pour gagner les élections successives et les référendums… Aucun d’eux n’a fait campagne dans les îles ou sur la côte Est pour démonter le discours de haine. Ils sont restés bien sagement dans le sud en se gavant de petits fours et de champagne… avec leurs amis indépendantistes. Tous ensemble à la pêche le week-end. La responsabilité est abyssale ! Mais il n’y a pas de repas gratuit.
Le terrorisme est né sous le soleil
C’est ce que vit la majorité silencieuse dans tout le grand Nouméa. Les prémices du conflit étaient étalées au grand jour depuis plusieurs mois. Dans les tribus, dans les stades le week-end, la harangue avant le combat. La France était au courant, le haussariat était au courant et Paris était averti. Mais Paris avait d’autres chats à fouetter. Et la France est restée interdite devant le spectacle de violence et de désolation avant d’arriver en force avec un avion présidentiel. Dix-huit heures plus tard, après une trainée de pétrole dans le ciel et un chef d’état frustré par l’insolence des indépendantistes, nous voilà revenus au point de départ.
Et demain ? Un couvre-feu et un état d’urgence plus loin, les gendarmes se sont transformés en souffre-douleur et balayeurs de rues. Les forces de l’ordre sont impuissantes à remettre de l’ordre par manque d’ordres…
De l’huile sur le feu
Les indépendantistes modérés ont peur de négocier sous la menace. Alors les loyalistes ont demandé que la France face tomber des têtes. Et c’est ce que la justice a fait. Mais la colère instillée pendant des décennies ne s’en va pas avec les leaders en prisons. C’est une hydre dont les têtes repoussent. La colère est à bout des deux côtés. Une majorité silencieuse qui voit son pays dévasté par le feu et le racisme et une minorité bruyante qui s’agite sur des barricades. Ce qui est en passe de devenir le peuple Canaque ne se soumettra pas, enferré dans une religion politique, servant une cause qui le dépasse. Il est soutenu par des leaders qui lancent de l’huile sur le feu d’un côté. Et de l’autre, un troupeau de balayeurs et de civils armés jusqu’aux dents, attisés, déterminés et assis dans le droit républicain. L’état ne tiendra pas la distance.
Laisser parler la poudre
La Calédonie et sa ruine systémique est devenue une part significative du budget de la métropole en faillite et les élus devront justifier la dépense à des électeurs aux poches vides. Il faudra donc soit lâcher les chiens et soumettre la minorité bruyante par les armes, soit laisser parler la poudre entre citoyens et insurgés.
Dans le premier cas, la politique internationale s’en emparera et fera tomber le fou qui tenait la laisse, dans le second il faudra justifier le bain de sang. Les morts ne changeront pas de camp. Mais la gendarmerie ne tirera jamais la première sur des civils. A ce petit jeu, il ne reste qu’une alternative… Mais le sang ne dort jamais et les morts d’aujourd’hui seront vengés par les enfants de demain.
Les conséquences du wokisme aveugle
Une lueur d’espoir… la déliquescence du clan indépendantiste dans les affres de la discorde aidé du temps et une signature d’accords qui reporteraient le problème à demain…
La dissolution de l’assemblée a remis une couche d’instabilité sur ce qui était précaire et s’acheminait vers la guerre civile à court terme. La seule certitude aujourd’hui c’est que le wokisme aveugle de la gauche française fera faire ses valises dans l’urgence à 60 000 personnes. Pour le reste… l’économie et la politique dessineront les multiples facettes du jeu de dés auxquels seront soumis les Calédoniens.
Même si la France s’accroche à ce confetti d’empire, on ne pourra éviter l’exode des forces vives et la crise sociale qui va en découler. La Calédonie gardera le goût de la cendre sur les lèvres pendant longtemps. Est-ce qu’il ne reste plus qu’à attendre que suffisamment de morts jonchent les trottoirs pour négocier… pleurer des fils et signer avec des larmes ?