L’association spécialisée dans la lutte contre la corruption et sa responsable en Moselle, Edith Talarczyk, doivent répondre de diffamation envers la commune de Terville (57). Une drôle d’embrouille aux relents politiques.
L’affaire sera plaidée le 2 mai 2023 devant le tribunal de Thionville. Une affaire inhabituelle, genre arroseur-arrosé. Car, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un élu véreux poursuivi pour avoir enfreint les règles de la comptabilité publique qui sera sur le banc des prévenus du tribunal judiciaire de Thionville, mais bien l’association Anticor et sa responsable pour la Moselle, Edith Talarczyk, qui est également vice-présidente de l’association nationale.
Deux jours avant le scrutin
Du côté des parties civiles, le maire, Olivier Postal et la ville de Terville (57), injustement mis en cause dans une affaire de gros sous. En effet, selon un post publié le 26 juin 2020 sur la page Facebook d’Anticor 57, Terville aurait camouflé une dette énorme dans les comptes d’une Société d’Economie Mixte (SEM) d’aménagement (lire le post ci-dessous). L’accusation est d’autant plus grave que nous sommes en pleine campagne électorale. Plus précisément deux jours avant le second tour des municipales, le 28 juin. Et à Terville, la situation est très particulière. Après trois mandats consécutifs (18 ans) le maire sortant, Patrick Luxembourger, ne se représentait pas à Terville mais dans la commune voisine de Thionville ! L’auteur du post, Edith Talarczyk, voulait-elle lui savonner la planche ? Pourquoi n’a-t-elle pas saisi le procureur de la République ? En tout cas, Patrick Luxembourger, qualifié pour le second tour, s’est honorablement incliné le 28 juin avec 31,75% des suffrages face au maire sortant Pierre Cuny (41,36%).
« Une dette maîtrisée »
Reste que les accusations visant la commune de Terville à propos de sa dette ont jeté la suspicion autant sur l’ancienne que sur la nouvelle équipe municipale. Le tout nouveau maire, Olivier Postal, a aussitôt réagi dans un article publié sur le site internet de la Ville et repris par la presse régionale.
« L’activité et les comptes de la SEM sont parfaitement transparents, écrit Olivier Postal. Les comptes sont clos tous les ans, établis par un expert-comptable, validés par des commissaires aux comptes (…) Si la dette de la SEM est d’un peu plus de 6 millions d’euros, elle est propriétaire de plein droit d’un foncier dont la valeur est bien supérieure à cette somme (…) Ainsi, dire que la dette de Terville est de 10 millions d’euros est tout simplement une ineptie. Elle s’établissait en début d’année à 3,1 millions d’euros et sera de 2,3 millions d’euros fin 2020. Le compte administratif de la commune, document public, en témoigne. »
Du règlement de comptes dans l’air
Le maire rappelle au passage qu’Edith Talarczyk a été 1ère adjointe de Patrick Luxembourger de 2001 à 2010 jusqu’à ce qu’elle tente un putsch contre lui. Quoi qu’il en soit, ajoute Olivier Postal, « Nous refusons que la ville de Terville fasse l’objet de contre-vérités aux seules fins de servir les ambitions politiques de Mme Edith Talarczyk et que soit jeté sans fondement un doute sur le travail des élus, des fonctionnaires ou le contrôle des services étatiques. Nous n’avons pas d’autre choix que d’engager une action judiciaire contre cette publication diffamatoire ».
La plainte a suivi son parcours judiciaire. L’affaire est audiencée le 2 mai 2023 à Thionville.
Edith Talarczyk : « C’est l’omerta »
Je n’ai fait que répondre à un article publié la veille, le 25 juin 2020, dans la presse locale. Le maire de Terville, Olivier Postal, disait que la dette de Terville était de 3 M€ et allait peu à peu s’éteindre. Or, la commune a une dette réduite à 3 M€ grâce à la vente de terrains à SEM. En outre, la ville est garante d’un emprunt qui s’ajoute à la dette. Je suis Tervilloise, je veux savoir où va mon argent. Je demande les documents en mairie, je n’ai pas de réponse. C’est l’omerta. »