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L’inquiétant profil du tueur de la PP

Mickaël Harpon, 45 ans, auteur des coups de couteau qui ont couté la vie à quatre policiers était-il un Djihadiste infiltré dans les services de renseignement ?

Siège de la Préfecture de Police de Paris sur l’île de la Cité (photo PP Facebook)

Coup de folie meurtrière ou attentat terroriste à la Préfecture de Police (PP) de Paris ? La saisine du parquet national anti-terroriste (PNAT) apporte un début de réponse très inquiétant à cette question. A ceux qui douteraient des intentions de l’auteur des coups de couteau qui, jeudi 3 octobre 2019 entre 12 h 30 et 13 heures a sauvagement tué quatre policiers et en a blessé plusieurs autres avant d’être lui-même abattu, précisons que l’enquête du PNAT est ouverte pour des faits qualifiés « d’assassinat et tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste » et pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

La mosquée de Gonesse

Quels sont éléments dont disposent d’ores et déjà les enquêteurs de la brigade criminelle de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) co-saisis ?
Ils savent que Mickaël Harpon présente depuis de nombreuses années des signes de radicalisation. Ce Martiniquais de 45 ans, handicapé (il est sourd à 70% et présente des difficultés d’élocution) marié depuis 2014 avec Ilham E., une marocaine, et père de deux jeunes enfants, fréquentait assidument la mosquée de « La Fauconnière » à Gonesse (Val d’Oise) où il habite avec sa famille. Une mosquée où se rendaient de nombreux salafistes attirés par un imam d’origine marocaine très controversé au point qu’il a failli être expulsé pour ses prêches tendancieux.
La veille de l’attaque, Mickaël Harpon aurait déclaré à sa femme qu’il a « entendu la voix d’Allah » lui demandant « d’agir ».
Un policier, voisin du couple, l’aurait entendu crier « Allah Akbar ». Enfin, il a acheté un couteau de cuisine, le matin-même de son quadruple assassinat, et a envoyé un SMS à son épouse pour lui faire part de ses intentions. Elle lui aurait répondu « Seul Dieu te jugera. »

« Il a applaudi après l’attentat de Charlie Hebdo »

Mais il y a plus inquiétant. Selon une source que nous ne pouvons citer, Mickaël Harpon, fonctionnaire discret à la Direction du Renseignement de la Préfecture de Police (DR-PP) depuis 17 ans, aurait surpris ses collègues, le 7 janvier 2015, lorsqu’il a applaudi, à l’intérieur même du service, à l’annonce de l’attentat de Charlie Hebdo qui a fait onze morts.
Selon cette même source, il n’était pas rare d’apercevoir Mickaël Harpon quitter le service en djellaba lorsqu’il allait à la mosquée. Son comportement avait donc surpris ses collègues qui l’avaient signalé à leur hiérarchie.

Au cœur du renseignement

La question qui se pose désormais aux enquêteurs c’est de savoir quelle était la nature des liens entre Mickaël Harpon avec la mouvance salafiste. Car cet employé modèle occupait un poste hautement stratégique dans la traque contre l’islamisme radical. Harpon était agent administratif chargé de la maintenance informatique de la DR-PP. A ce titre, il était habilité secret-défense ! Car l’une des particularités de la DR-PP c’est la lutte anti-terroriste et le recueil de renseignements sur la radicalisation.
La question fait froid dans le dos : Harpon a-t-il utilisé sa fonction et ses compétences pour fournir des informations sensibles aux djihadistes, en France et à l’étranger ? Si oui lesquelles et depuis quand ?
Autre question : comment a-t-on pu laisser un individu dont on sait depuis 2015 au moins, compte tenu de son comportement après les attentats de Charlie Hebdo, qu’il était potentiellement dangereux,  au sein d’un service de police chargé de la traque des terroristes ? Pourquoi ne lui a-t-on pas retiré son habilitation secret-défense ?
Le préfet de police de Paris a raison lorsqu’il affirme : « Nous sommes touchés au cœur ». Au cœur même de nos institutions.
Reste désormais à en tirer toutes les conséquences. Judiciaires, administratives et, surtout, politiques. Avant que les policiers eux-mêmes ne s’en chargent.

Le site Facebook de Mickaël Harpon (anagramme de son nom)

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