La chambre de l’instruction de Dijon a rejeté ce matin sa demande de levée du contrôle judiciaire. Le bras de fer avec la justice continue.
Personnage central de l’affaire du petit Grégory Villemin, Murielle Bolle devra attendre encore un peu avant que son contrôle judiciaire ne soit assoupli. Ainsi en a décidé la cour d’appel de Dijon, ce mercredi matin, qui devait statuer sur la demande de levée du contrôle judiciaire de cette femme suspectée d’avoir joué un rôle important dans le drame de la Vologne, il y a trente-trois ans. L’un des arguments du parquet général qui a été entendu par la chambre de l’instruction : Murielle Bolle n’a pas encore été entendue (ou plutôt réentendue) par la juge d’instruction.
« Enlèvement suivi de mort »
Murielle Bolle, 49 ans, belle-sœur de Bernard Laroche, est sans doute le témoin-clé de cette saga familiale qui tient la justice en échec depuis plus de 33 ans. Elle est soupçonnée par les enquêteurs d’avoir accompagné son beau-frère jusqu’au domicile des époux Villemin, le 16 octobre 1984 en fin d’après-midi, pour enlever Grégory, ce petit garçon de 4 ans que l’on retrouvera plus tard dans les eaux de la Vologne, pieds et poings liés.
Agée de 15 ans à l’époque des faits, Murielle Bolle a d’abord reconnu qu’elle accompagnait bien Bernard Laroche ce funeste jour d’octobre, que son beau-frère est allé s’emparer de l’enfant, qu’il est descendu de voiture avec lui, puis revenu sans lui après l’avoir vraisemblablement confié à des tiers.
Qui ? Pour l’instant personne n’a identifié formellement cette ou ces personnes qui seraient donc les assassins de l’enfant. Mais trente-trois ans après le drame, les enquêteurs soupçonnent fortement les époux Marcel et Jacqueline Jacob, 71 et 72 ans, oncle et tante de Jean-Marie Villemin. Ils ont été mis en examen, début juin 2017 pour « enlèvement et séquestration suivis de mort » par la juge Claire Barbier.
Murielle Bolle a été mise en examen à son tour, fin juin 2017, pour « enlèvement suivi de mort ». D’abord incarcérée, elle a ensuite fait l’objet d’un strict contrôle judiciaire, qui l’oblige à pointer deux fois par semaine à la gendarmerie et la tient éloignée de son domicile vosgien.
« Un complot familial »
L’enquête relancée 32 ans après les faits par le parquet général de Dijon, s’est recentrée sur l’idée d’un « complot familial » comme l’a révélé le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc. Une haine tenace entre différents clans familiaux serait à l’origine de toute l’affaire.
Murielle Bolle apparaît comme le personnage central du drame, peut-être le maillon faible puisque dix-sept jours après l’assassinat de l’enfant en 1984, la jeune fille alors âgée de 17 ans est entendue par les gendarmes. Elle va leur révéler qu’elle accompagnait bien son beau-frère le 16 octobre. Elle va renouveler ses aveux devant les gendarmes puis devant le juge d’instruction.
Mais de retour chez elle, la jeune fille aurait été sévèrement corrigée pour avoir « parlé ». Voilà pourquoi, depuis, elle est revenue sur ces aveux. Elle n’a plus changé de version. Même lorsque son cousin, Patrick F. viendra dire à la justice que Murielle lui a confirmé : « ce que j’ai dit aux gendarmes, c’est la vérité. »
Mais Murielle Bolle reste enfermée dans ses dénégations. Alors qu’elle était placée en détention, Murielle Bolle reçoit un appel de son compagnon, ce 18 juillet 2017, comme le révèle le Journal du Dimanche du 21 janvier 2018. La conversation est enregistrée. Puis d’autres. Murielle reste sur ses positions. Elle n’était pas avec Bernard Laroche.
Elle n’en démord pas. Le bras de fer avec la justice continue.
M.G.