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Affaire Grégory : la garde à vue de Murielle Bolle en 1984 annulée

La cour d’appel de Paris maintient cependant les accusations de la jeune femme contre son beau-frère, Bernard Laroche, faites devant les gendarmes et devant le juge Lambert. Un savant équilibre juridique.

Murielle Bolle est restée sur ses positions ((Ina.fr_))
Murielle Bolle est restée sur ses positions (Ina.fr_)

C’est une affaire compliquée. A la mi-décembre, la cour d’appel de Paris a examiné à huis-clos la demande des avocats de Murielle Bolle de déclarer « inconstitutionnelle » la garde à vue de leur cliente alors âgée de 15 ans. En effet, la jeune femme avait été interrogée sans la présence d’un avocat.
L’affaire remonte au 2 novembre 1984. Dix-sept jours après l’assassinat du petit Grégory Villemin, 4 ans, dont le corps sans vie a été retrouvé dans la Vologne, Murielle Bolle âgée de 15 ans est entendue par les gendarmes. Elle leur révèle que Bernard Laroche, son beau-frère, est venu la chercher à la sortie du collège. Ils sont allés au domicile des époux Villemin. Bernard aurait enlevé l’enfant qui jouait devant la maison. Ils seraient redescendus dans un autre village. Là, Bernard aurait confié l’enfant à deux autres personnes avant de remonter dans la voiture. C’est le lendemain, en voyant le journal, que Murielle aurait compris ce qui s’était passé.
Elle donne cette version aux gendarmes à deux reprises. Puis au juge Lambert. Mais, le 6 novembre, elle se rétracte. Tout ce qu’elle a dit aux enquêteurs est faux. Ce jour-là, elle est revenue en car de son collège.

La parole du cousin

Murielle Bolle ne changera plus de version. 35 ans plus tard, elle maintient avoir menti aux gendarmes et au juge. Pourtant, le 14 juin 2017, un cousin de Murielle contacte les enquêteurs. Il n’a jamais parlé auparavant. Pendant trois décennies il a gardé pour lui un lourd secret. Cet homme de 54 ans qui a eu dans le passé affaire à la justice, témoigne que le 5 novembre 1984 (donc la veille de la rétractation) Murielle Bolle a reçu la raclée de sa vie. C’est la raison pour laquelle elle serait revenue sur ses déclarations. Le témoin affirme avoir assisté à « une scène insoutenable ». Il parle de « lynchage », de « gifles », de « cheveux arrachés » par sa propre sœur, Marie-Ange.
Plus tard, il rejoindra Murielle dans sa chambre pour lui apporter à manger. Elle lui aurait alors confié « n’avoir pas menti aux gendarmes. »

La justice en échec

Depuis plus de 35 ans, l’assassinat du petit Grégory tient la justice en échec. Plus de trois décennies de procédures, de vérités démenties, de rebondissements inattendus, de coups de théâtre dignes des meilleurs polars n’auront pas permis de mettre un nom sur le ou les assassins, le ou les corbeaux de ce lugubre fait-divers.
Les révélations de Murielle Bolle en 1984 avait fait basculer l’affaire. Quelques mois plus tard, le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, abattait Bernard Laroche d’un coup de fusil.
C’est assez dire si la décision de la cour d’appel de Paris, ce 16 janvier 2020 était attendue. La garde à vue de Murielle Bolle constitue depuis plus de 35 ans l’ossature de tout le dossier judiciaire. La cour parisienne a donc joué finement. Elle respecte le droit en annulant la garde à vue de la jeune femme. Mais elle conserve au dossier sa charpente juridique qui permettra, un jour peut-être, de connaître la vérité.

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