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Turquie : La dictature est en marche

La Turquie connaît une vague répressive sans précédent alors que la contestation s’intensifie suite à l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’opposition d’Istanbul. Selon un bilan officiel communiqué lundi par le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya, plus de 1 130 personnes ont été interpellées depuis le début des manifestations le 19 mars. Une dizaine de journalistes arrêtés.

Quatrième jour de manifestations en Turquie (capture Euronews)
Quatrième jour de manifestations en Turquie (capture Euronews)

« 1 133 suspects ont été arrêtés dans le cadre d’activités illégales menées entre le 19 et le 23 mars 2025 », a précisé le ministre de l’Intérieur sur le réseau social X. Face à l’ampleur de la mobilisation, les autorités turques ont temporairement interdit tout rassemblement dans les trois principales villes du pays.

Arrestation de journalistes et répression de la presse

La répression s’étend également aux médias. Dix journalistes, dont un photographe de l’Agence France-Presse, ont été interpellés lundi à leur domicile à Istanbul et Izmir, selon l’association turque de défense des droits humains MLSA. Ces arrestations surviennent au lendemain de nouvelles manifestations qui ont secoué le pays.
« Au moins 10 journalistes ont été arrêtés lors de perquisitions à l’aube à Istanbul et à Izmir dans la matinée du 24 mars, précise MLSA. Au cours des quatre derniers jours, plus de 20 journalistes ont été battus par la police ou des militants.
Parmi ceux qui ont été arrêtés par des descentes à leurs domiciles à Istanbul dans la matinée du 24 mars, on peut citer le photojournaliste de la ville de Malét Koelç, le photojournaliste Kurtulu C à la municipalité métropolitaine d’Istanbul et le photojournaliste de l’AFP Yasin Akgal. Dans le cadre de cette opération, le correspondant de NOW, Ali Onur Tosun, le journaliste indépendant zeynep Kuray, le journaliste Hayri Tunç et le photojournaliste de la municipalité de Bakskhan Kam, ont également été arrêtés. À Izmir, il a été signalé que le photojournaliste Murat Kocaba a été arrêté en faisant une descente dans sa maison. L’écrivain , Bara znce, a également été arrêté le matin même.

Imamoglu désigné candidat pour 2028

Malgré son incarcération et sa suspension de ses fonctions de maire, Ekrem Imamoglu a été officiellement désigné par son parti comme candidat à l’élection présidentielle prévue en 2028. Principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan, il a passé sa première nuit en prison à Silivri, dans la périphérie ouest d’Istanbul.

Condamnations internationales

La contestation ne faiblit pas, avec de nouveaux appels à manifester lundi soir pour le sixième jour consécutif à travers le pays. Sur la scène internationale, les réactions se multiplient. La diplomatie française a qualifié l’arrestation et l’incarcération d’Imamoglu « d’atteintes graves à la démocratie ».

L’Union européenne, par la voix de Guillaume Mercier, porte-parole de la Commission européenne, a exhorté la Turquie à « respecter les valeurs démocratiques », rappelant que « nous voulons que la Turquie reste ancrée à l’Europe, mais cela passe par un engagement clair en faveur des normes et des pratiques démocratiques ».

Marc Cools, président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, a quant à lui réclamé la « libération immédiate » du maire, estimant que son placement en détention était une « manœuvre calculée » qui sapait « l’équité des processus électoraux ».

Alors que la tension monte dans le pays, de nouvelles manifestations sont attendues dans les prochains jours, malgré l’interdiction de rassemblement décrétée par les autorités. La dictature est en marche en Turquie.

Putsch avorté en Turquie

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