Six mois après l’invasion russe, le conflit s’enlise et peut déraper, à tout moment, vers une déflagration mondiale.
L’attentat à la voiture piégée qui, dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 août 2022, a coûté la vie à la journaliste Daria Douguina, 29 ans, témoigne de la volonté de Kiev mais surtout de l’Occident, de porter le fer jusque dans l’entourage immédiat de Vladimir Poutine.
Daria Douguina était la fille d’Alexandre Douguine, un idéologue russe proche du maître du Kremlin, parfois présenté comme « le cerveau de Poutine ». Il faisait l’objet de sanctions à la fois américaines et de l’Union européenne pour avoir plaidé en faveur d’une annexion par la Russie des territoires russophones. Bien entendu, c’est lui qui était visé par cet attentat mais, au dernier moment, c’est sa fille Daria qui a pris seule le volant.
Si l’attentat n’a pas été revendiqué, tous les regards se tournent vers Kiev. Et l’on voit mal Poutine ne pas réagir à un tel crime.
Des représailles attendues
Au cours de cette même nuit de samedi à dimanche, un autre attentat a visé cette fois un haut responsable du service de sécurité ukrainien (SBU). Oleksandre Nakonetchny a été abattu par balle, à son domicile de Kropyvnytsky, au centre de l’Ukraine. Selon un élu local il pourrait s’agir d’un suicide. D’autres évoquent le règlement de comptes.
On se souvient que Volodymyr Zelensky avait limogé, à la mi-juillet 2022, la procureure générale Iryna Venediktova et le chef des services de sécurité du pays (SBU) Ivan Bakanov, en raison de « soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit des Russes ».
Quoi qu’il en soit, ces deux événements rapprochés dans le temps confirment le regain de tension entre la Russie d’un côté, l’Ukraine et l’Occident de l’autre.
Volodymyr Zelensky redoute d’ailleurs des représailles imminentes. Dans une déclaration télévisée, il « met en garde » contre le risque de provocations russes. « La Russie pourrait faire quelque chose de particulièrement dégoûtant et cruel » déclare le président ukrainien. Quand ? Sans doute, lorsque l’Ukraine fêtera, ce 24 août, son Jour de l’Indépendance.
Risque d’accident nucléaire
En attendant, la tension monte autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, Kiev et Moscou s’accusant mutuellement de vouloir bombarder le site et de provoquer une catastrophe gigantesque.
C’est dans ce contexte très sensible que la Russie a annoncé, jeudi 18 août 2022, le déploiement de trois avions MIG-31 armés de missiles hypersoniques Kinja dans la région de Kaliningrad. Ces trois appareils formeront une unité de combat opérationnelle 24/24 selon le ministre russe de la Défense.
Plutôt que de calmer le jeu, Washington annonce une nouvelle aide militaire de 775 millions de dollars pour Kiev, en sus de celle de 1 milliard débloquée le 8 août 2022. Avec l’envoi de missiles Himars, d’une précision redoutable, de drones, de canons mobiles, d’armes et de munitions compatibles avec celles envoyées par les pays de l’OTAN. À cela s’ajoutent évidemment les « conseillers » envoyés sur place pour aider les troupes ukrainiennes à se servir de ces armes sophistiquées.
Les pays de l’OTAN ne sont pas en reste, notamment la France, qui envoie des armes à Kiev ainsi que des hommes stationnés en Roumanie pour former les soldats ukrainiens.
La situation est donc explosive. Au point que, ce dimanche 21 août, Joe Biden, pour les États-Unis, Emmanuel Macron pour la France, Olaf Scholz pour l’Allemagne et Boris Johnson pour le Royaume-Uni, ont signé un communiqué commun appelant « à la retenue » autour de la centrale de Zaporijia. Ils ont demandé l’envoi rapide d’une mission d’inspection internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Six mois après l’invasion russe en Ukraine, la guerre est loin d’être terminée. Et le pire peut arriver.
🔴 Zelensky met en garde contre le risque accru de «cruelles» provocations russes
La Russie pourrait «faire quelque chose de particulièrement dégoûtant» et «cruel» la semaine prochaine en Ukraine selon le président ukrainien. https://t.co/CUmnqtbxXZ
— Le Figaro (@Le_Figaro) August 21, 2022