La France masque-t-elle sa récession ? L’économiste Marc Touati fait une analyse critique des chiffres du PIB. Et dénonce les deux grosses arnaques du moment : la croissance française et l’accord commercial entre Trump et von der Leyen.
Des statistiques officielles remises en question
Selon une analyse critique des derniers chiffres économiques français, la croissance officielle du PIB de +0,3% au deuxième trimestre 2025 cacherait une réalité bien plus sombre. Marc Touati dénonce ce qu’il considère comme une manipulation statistique majeure.
Une récession masquée par les variations de stocks
Le point central de cette critique porte sur la différence entre le PIB officiel et le PIB « hors stocks ». Selon les calculs présentés, si l’on retire l’effet des variations de stocks – considérées comme une « variable d’ajustement » — la France connaîtrait en réalité deux trimestres consécutifs de baisse :
- Premier trimestre 2025 : -0,6%
- Deuxième trimestre 2025 : -0,2%
Cette situation correspondrait techniquement à une récession, définie par deux trimestres consécutifs de décroissance.
L’investissement des entreprises en chute libre
L’analyse révèle des signaux particulièrement alarmants concernant l’investissement privé. Sur sept trimestres consécutifs, l’investissement des entreprises aurait chuté de 4,1%, un niveau comparable à la récession de 2008-2009. Au deuxième trimestre 2025, cette baisse s’établirait à -0,4%.
L’investissement logement des ménages ne serait pas épargné, accusant une baisse de 16,1% sur 16 trimestres, malgré une légère reprise récente (+0,4% au T2 2025).
Des indicateurs contradictoires
Marc Touati souligne plusieurs paradoxes dans les statistiques officielles :
- Les indicateurs de confiance des entreprises et des ménages restent déprimés
- L’indicateur des directeurs d’achat signale une contraction depuis 26 mois (hors période olympique)
- La confiance des ménages se situe à des niveaux inférieurs à ceux du Covid-19.
Un contraste avec les partenaires européens
La situation française contraste avec celle d’autres pays européens qui affichent des baisses de PIB malgré de meilleurs indicateurs avancés. L’Allemagne et l’Italie ont ainsi enregistré une contraction de -0,1% au deuxième trimestre, tandis que la France annonce +0,3%.
L’accord commercial UE/États-Unis critiqué
Marc Touati aborde également les récents accords commerciaux entre l’Union européenne et les États-Unis, imposant des droits de douane de 15% sur les produits européens (contre 4,8% précédemment). Cet accord, présenté comme « le mieux qu’on pouvait obtenir » par les dirigeants européens, révélerait selon l’auteur la faiblesse de la position européenne.
L’accord prévoit notamment :
- 750 milliards de dollars d’achats énergétiques sur trois ans
- 600 milliards d’investissements européens vers les États-Unis
- Maintien des importations américaines sans droits de douane
Les enjeux pour l’économie française
Cette situation soulève des questions importantes sur la capacité de la France à maintenir sa compétitivité face à la concurrence américaine et chinoise. Avec 20% des exportations européennes dirigées vers les États-Unis (représentant 7% du PIB de l’UE), l’impact de ces mesures pourrait être significatif.
Pour la France spécifiquement, les exportations vers les États-Unis représentent 7% du total national et environ 2% du PIB, limitant l’impact direct, mais n’éliminant pas les risques sectoriels, notamment pour l’agriculture.