L’assassinat du couple de policiers, lundi, à Magnanville dans les Yvelines, a été revendiqué sur Facebook par le terroriste lui-même, Larossi Abballa, 25 ans, condamné en septembre 2013 pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
L’émotion est immense. La grande famille de la police est en deuil après le double assassinat lundi soir, à son domicile, d’un couple de policiers. Un commandant de police de 41 ans, Jean-Baptiste Salvaing été frappé de neuf coups de couteau à l’abdomen devant son domicile. Le cadavre de sa compagne, Jessica Schneider, 36 ans, également fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, a été retrouvé à l’intérieur de la maison. Leur enfant de trois ans est « en état de choc » mais « indemne ».
Au cours de la soirée, dès la prise d’otages connue, les force de l’ordre se sont positionnées près de la maison où avaient lieu les faits. L’échec des négociations avec l’assaillant a conduit le Raid à donner l’assaut. Le forcené a été abattu.
Il s’agit d’un jeune homme de 25 ans, Larossi Abballa qui habitait dans une résidence coquette de Mantes-la-Jolie. Décrit « sans histoires » par l’un de ses voisins, il est cependant connu des services de renseignement et de la justice antiterroriste. Il y a trois semaines, il prête allégeance à l’organisation terroriste Daesh, en se filmant sur twitter. Arrêté en 2011, condamné en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes », il a écopé de trois ans de prison.
Dans une interview au Figaro, le juge antiterroriste Marc Trévidic, a expliqué qu’il avait mis Abballa en examen dans le cadre du dossier sur les filières pakistanaises. Il le décrit comme un jeune home “imprévisible et manipulateur” qui n’aspire qu’à une chose : faire le djihad. Il suit alors un entraînement en France non pas militaire, mais physique. Mais à l’époque, rien ne laissait présager un passage à l’acte imminent. Toujours selon Marc Trévidic
“A part ses mauvaises fréquentations et quelques joggings pour entretenir sa forme, il n’y avait pas grand-chose à lui reprocher sur le plan des poursuites pénales.”
Une liste de cibles potentielles
Dans la maison du couple assassiné, les policiers ont découvert des téléphones et trois couteaux dont un couteau ensanglanté appartenant à l’agresseur. Dans sa voiture garée à proximité, ils ont trouvé un coran, une djellaba blanche et deux livres intitulés « La Croyance authentique » et « L’Explication des trois fondements ».
Les perquisitions effectuées au domicile du terroriste ont permis aux enquêteurs de saisir « une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions : rappeurs, journalistes, policiers ou personnalités publiques », a expliqué François Moulins, procureur de la République de Paris. Les policiers n’ont pas trouvé d’armes mais ils ont saisi du matériel informatique.
François Molins a confirmé que Larossi Abballa a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris, le 30 septembre 2013, à une peine de prison de trois ans « pour association de malfaiteurs terroriste pour son implication dans une filière pakistano-afghane ». La section antiterroriste du parquet a ouvert une enquête en flagrance des chefs « d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique, assassinat, tentative d’assassinat sur mineur de 15 ans, séquestration, toutes infractions en relation avec une entreprise terroriste ».
Magnanville : solidarité de toute la Nation aux policiers. Refuser la peur, combattre le terrorisme.
— Manuel Valls (@manuelvalls) June 14, 2016
Mardi matin, une réunion d’urgence présidée par François Hollande, s’est tenue à l’Elysée, en présence du premier ministre Manuel Valls, du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Le but : faire le point sur cette barbarie et prendre les mesures qui s’imposent. Le gouvernement qui promet que « toute la lumière sera faite sur les circonstances de ce drame abominable » a dénoncé un acte « lâche » et « incontestablement terroriste ».
Quel est le dénominateur commun entre Mohammed Merah, les frères Kouachi et Larossi Abballa ? Ils servent tous la même cause, ils appartiennent à la même nébuleuse terroriste. Mais aujourd’hui, la violence est montée d’un cran. Le mode opératoire a changé. Ces disciples de Daesh s’attaquent à des cibles précises, des symboles de la France.