Point-de-vue. La ville de Yutz (17.000 habitants) en Moselle, n’a pas été épargnée par les émeutiers : McDo incendié, garage automobile saccagé, voitures et poubelles brûlées ! Comment en est-on arrivé là, se demande Bernard Aubin ?
Par Bernard Aubin
Les émeutiers ont sévi en Moselle comme partout en France. Commissariat attaqué à Hagondange, local de police subissant le même sort à Maizières-lès-Metz, sept véhicules municipaux calcinés et une salle d’école incendiée à Talange, des commerces pillés à Woippy, des mairies de quartiers incendiées à Metz, celle de Fameck saccagée, sept bus incendiés à Moyeuvre-Grande et trois à Piennes, la médiathèque de Metz-Borny incendiée, un appartement qui prend feu suite à un tir de mortier et la toute nouvelle passerelle qui fait l’objet de la fierté de nos voisins thionvillois vandalisée : cette fois, les casseurs ne se sont pas contentés de saccager les grandes villes de France, ils ont agi à nos portes et même chez nous, à Yutz, durement touchée par les dégradations.
La France, une poudrière sociale
Lorsque qu’Emmanuel Macron s’acharnait à passer en force sa réforme des retraites, nous tirions déjà le signal d’alarme. Nous mettions en garde l’exécutif face à sa propension à jouer avec le feu sur la poudrière sociale qu’est devenue une France dépourvue de repères.
Nous précisions que si la colère des manifestants venait à se propager dans les « banlieues » et auprès d’une population grandissante qui conteste nos règles et nos valeurs, une réaction en chaîne pouvait très vite mener à une situation incontrôlable.
Eh bien, cette explosion sociale n’a pas eu lieu à l’occasion de la réforme. C’est la mort d’un jeune refusant d’obtempérer lors d’un contrôle de police qui mit finalement le feu aux poudres.
Depuis longtemps, les ingrédients du cocktail explosif étaient réunis en grande quantité. Il ne manquait plus que l’étincelle, sous une forme ou sous une autre. Nous y sommes.
Rentrez les voitures et les poubelles ! Yutz n’aura finalement pas été épargnée !
Un message de la Ville de Yutz nous alertait dès hier soir sur « voisins vigilants » : compte tenu du contexte, rentrez vos voitures au garage et ne laissez pas vos poubelles sur la voie publique ! Effectivement, Rue du Vieux Bourg, certains véhicules n’auront pas échappé aux flammes ! Idem concernant le quartier des Terrasses de Provinces (Cofimeg). Le garage Suzuki tout proche et ses véhicules ont également été vandalisés, de même qu’un espace public. Le McDo Yussois a été la proie des flammes.
Les origines du mal
Nous ne nous étendrons pas sur ce qui constitue à nos yeux les origines du mal. D’autant plus que celles-ci sont connues de longue date par une partie de la population et par des générations de politiciens de tous bords qui ont privilégié la fuite en avant, la politique de l’autruche et la bobo-attitude au courage indispensable à la résolution intelligente des problèmes.
On constate aujourd’hui les résultats de la « bienveillance » et d’une « tolérance » qui ne pouvaient mener qu’à l’intolérable que nous vivons aujourd’hui.
Nous sommes (presque) tous responsables de cette situation
Lorsque Emmanuel Macron en appelle à la responsabilité des parents, on mesure à quel point les fondements mêmes de notre société ont été sapés. Car effectivement, tout commence par l’éducation. Enfants rois, enfants abandonnés à eux-mêmes, impact des familles décomposées et recomposées, bébés envoyés en crèche presque au lendemain de l’accouchement, milieux pauvres et défavorisés, inégalités sociales, parents privés d’éducation qui ne peuvent transmettre ce dont ils n’ont jamais bénéficié, contestation systématique des règles, des contraintes, des repères, de l’Histoire, des valeurs, « bienveillance » scolaire qui encourage la fainéantise, rogne la culture et le libre arbitre et qui sape systématique des fondements de la liberté, de l’égalité et de la fraternité… Avant de chercher plus loin les origines des malheurs de la société, il conviendrait d’en identifier les causes dès leurs racines.
« Sommes-nous plus heureux depuis qu’il est interdit d’interdire » ? C’est le titre d’un article que nous avions publié il y a quelques semaines. Il prend aujourd’hui tout son sens. Avant de jeter l’anathème sur les autres, sur « la société » en général, sur telle ou telle catégorie de Français, sur les élus, ayons le courage de commencer par affronter nos propres responsabilités quotidiennes de citoyens et de parents. Certains le font très bien, d’autres de moins en moins. Mais, tout commence par là.
