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Anticor : La justice supprime son agrément, voici pourquoi

« Lorsqu’on dénonce les tristes pratiques du monde politique, il faut être irréprochable » souligne Françoise Verchère, virée d’Anticor pour avoir dénoncé le manque de démocratie interne de l’association.

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Comme il fallait s’y attendre, le tribunal administratif de Paris a donc supprimé le fameux agrément judiciaire dont bénéficiait l’association de lutte contre la corruption. Comme nous l’avons déjà écrit, ce sont des dissidents de l’association qui ont saisi le T.A. pour contester l’arrêté du Premier ministre de l’époque, Jean Castex, qui, le 2 avril dernier, avait accordé le renouvellement de l’agrément donné à l’association pour ester en justice. Cet agrément est délivré à seulement trois associations en France (Anticor, Sherpa et Transparency France).

« Petits secrets entre amis »

Françoise Verchère (DR) : "Il faut être irréprochable"
Françoise Verchère (DR) : « Il faut être irréprochable »

Pourquoi l’agrément a-t-il été retiré à Anticor ? Françoise Verchère, maire honoraire de Bouguenais et conseillère générale honoraire de Loire-Atlantique, explique.
« Lorsqu’on dénonce les tristes pratiques du monde politique (mensonges, dissimulation, copinage), il faut être irréprochable dans son propre fonctionnement interne, dit-elle. Ce qui n’a pas été le cas. Après avoir été récompensée d’un prix éthique, j’ai été sollicitée pour entrer au conseil d’administration de l’association. De 2018 à 2020, j’ai hélas constaté l’absence de transparence, les petits secrets entre amis, le refus de donner aux administrateurs toutes les informations qu’ils demandaient, notamment le nom du fameux donateur dont il a fallu que nous apprenions par un journaliste que sa fortune était placée dans des paradis fiscaux… Dix administrateurs sur 21 ont demandé plus de transparence et de démocratie interne. Qu’a décidé le bureau d’Anticor ? Convoquer une Assemblée Générale par internet en plein Covid, et lui faire révoquer le conseil administration, sans donner aux ‘’opposants’’ la possibilité d’informer correctement les adhérents. Puis est venu le temps de la purge dont je passe les détails… »

AG régulière ou pas ?

« Depuis 2020, nous, anciens administrateurs d’Anticor, attendons que la justice dise si cette AG de 2020 a été régulière ou non. Nous sommes en 2023 : la justice se hâte lentement et c’est bien dommage, car on aurait peut-être pu éviter tout ce mauvais scénario et remettre l’association sur de bons rails.
De gauche, et dénonçant régulièrement les dysfonctionnements de l’État, je ne peux pas être suspectée de rouler pour la majorité actuelle ni pour qui que ce soit. La corruption, les arrangements avec la loi, le népotisme me sont insupportables, car ils gangrènent notre société et minent la confiance des citoyens. Si je ne me réjouis pas qu’une association anti-corruption perde son agrément, j’affirme que la responsabilité est d’abord à chercher du côté des dirigeants de ladite association, incapables de reconnaître leurs erreurs. Le droit ne dit-il pas pourtant que ‘’ nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude » ?

Pas de monopole

Françoise Verchère rappelle qu’Anticor n’a pas le monopole de l’action contre la corruption et que d’autres associations existent, comme Ethicpol, ou AC !! Même sans agrément, car elles sont trop récentes pour l’obtenir, elles agissent aussi !
« AC !! a d’ailleurs mis dans ses statuts la protection de l’environnement, ce qui lui permet d’agir en justice (et dans les attaques contre l’environnement, on retrouve souvent les ingrédients propres à la corruption). Et, si ces associations existent, c’est parce que leurs fondateurs n’ont pas supporté de voir le fossé entre les beaux principes défendus par Anticor et ses pratiques concrètes. »

JUGEMENT TA PARIS – RETRAIT AGRÉMENT ANTICOR

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