L’Association des maires ruraux de France (AMRF) propose quelques initiatives attestant de la dynamique des campagnes autour de sujets de la vie quotidienne. Mais aussi les défis relevés et à relever. Aujourd’hui, la citoyenneté et les incivilités : des ateliers d’autodéfense pour les maires de l’Eure.
La citoyenneté et les incivilités (5/12)
Être élu n’est pas toujours simple. En l’absence d’un statut de l’élu que l’AMRF demande aux gouvernements successifs, les élus se débrouillent et inventent des solutions pour faire face à la montée des incivilités voire des violences dont ils sont victimes.
Des ateliers d’auto-défense pour les maires de l’Eure (27)
Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne et présidente de l’AMR27, organise en compagnie de son mari Hervé Bussière, des ateliers dont le but est de permettre aux élus de savoir réagir face à des agressions physiques ou verbales.
À chaque fois, c’est une commune différente du département qui accueille l’équipe, composée d’un psychologue et d’Hervé Bussière.
Ouverts aussi aux personnels des mairies, ces cours rencontrent, depuis plus de deux ans, un grand succès.
Le 6 août 2019, le pays a été bouleversé par l’annonce du décès du maire de Signes dans le Var, tué par un automobiliste alors qu’il s’opposait à un dépôt sauvage sur sa commune.
C’est cet événement qui a poussé Laurance Bussière à agir pour assurer la sécurité des maires. « Dans les petites communes rurales, les maires et les personnels des mairies sont en première ligne, car il n’y a pas de police municipale », rapporte la présidente de l’AMR27, qui a alors voulu capitaliser sur l’expertise de son mari, professeur de karaté et rattaché au comité départemental de karaté de l’Eure (CDK27).
Ensemble, ils ont mis en place ce module d’auto-défense avec l’aide d’un psychologue, qui les accompagne à chacun de leurs déplacements.
Au total, cette petite équipe déterminée a déjà dispensé 6 cours, d’une durée de 3 heures dans des communes du département, à chaque fois, c’est une trentaine de personnes qui y a assisté
Une approche d’abord préventive
« Le but de ces modules, ce n’est pas d’atteindre un bon niveau en karaté », explique Hervé Bussière. C’est d’ailleurs pour cela que la moitié de ces cours est consacrée à un apprentissage plus théorique sur les mécanismes des conflits verbaux et physiques. Le but est d’être en mesure de les désamorcer avant même d’avoir besoin de recourir à la force physique.
En effet, les élus municipaux sont plus souvent victimes de violences verbales que de violences physiques, d’où la nécessité d’apprendre à réagir dans ces situations. C’est ce point qu’a beaucoup apprécié Bernard Forcher, maire de La Neuville-du-Bosc, qui a accueilli deux fois ce module sur sa commune. « L’auto-défense c’est bien, mais le plus important c’est de réussir à faire redescendre la pression », estime l’élu qui est très satisfait de la qualité de ces ateliers.
En ce qui concerne la partie de défense physique, l’enjeu principal est de donner confiance aux participants : « ce que l’on essaie de faire, c’est avant tout de permettre aux élus de prendre conscience de leur potentiel, via des gestes simples à réaliser et à mémoriser », explique Hervé Bussière.
Une organisation bien ficelée
Pour que les ateliers puissent avoir lieu, Laurance Bussière précise qu’il n’y a besoin que d’une salle avec un vidéo-projecteur pour la partie théorique. Ensuite, Hervé Bussière et le psychologue peuvent intervenir bénévolement. Ces modules n’ont aucun coût pour les communes de l’Eure. « Tout ce que la commune a payé, c’est le prix du café pour tout le monde », réagit Bernard Forcher. Si l’équipe est amenée à intervenir dans d’autres départements, le prix est de 400€ en plus des frais de déplacement.
Ces ateliers permettent aussi d’inclure l’ensemble des personnes gravitant autour des maires. Les secrétaires de mairies peuvent aussi participer. Selon le maire de La Neuville-du-Bosc, ce module est intéressant pour tous ceux qui sont amenés à rencontrer du public. C’est pour cela que, la première fois, sa secrétaire l’a accompagné. « Il faut qu’un maximum de personnes participent », estime-t-il.
À la fin de chacun des modules, les participants repartent tous avec un diplôme certifié par le CDK27, un moyen de rendre plus officiel la participation aux ateliers.
Pour aller plus loin
Prochain article : La démocratie et l’information (6/12)
Articles précédents :
Santé : les urgences du monde rural (1/2)
Mobilités : le casse-tête des élus (2 et 3/12)
La transition écologique (4/12)