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« Les Ombres du Bataclan » de Francis Gillery

Le documentaire-choc d’ARTE pose les questions qui dérangent. A quelques jours du début du procès de Salah Abdeslam, un documentaire passionnant vient bousculer les thèses officielles à propos de l’intervention policière au soir du 13 novembre 2015.

Les ombres du Bataclan (Arte)
Les ombres du Bataclan (Arte)

Par Frédéric Andréa

Aurait-on pu éviter un tel massacre ? Ou en tout cas réduire le bilan dramatique des assauts terroristes de cette soirée de l’hiver 2015 : 131 morts et 350 blessés ? C’est la terrible question que pose ce film diffusé le 3 septembre sur Arte.
L’un des intérêts, et non le moindre de ce documentaire intitulé « Les Ombres du Bataclan », est qu’il fait resurgir l’hypothèse d’un dysfonctionnement dans la gestion de la réplique policière aux attaques simultanées dans la capitale. De nombreux éléments de ce travail proviennent des travaux de la Commission d’enquête parlementaire dirigée à l’époque par l’incontournable Georges Fenech. Mais l’enquête menée par réalisateur d’investigation Francis Gillery – on lui doit des enquêtes sur la mort de Pierre Bérégovoy et du Juge Borrel – va beaucoup plus loin. Il a rencontré presque tous les responsables de l’époque : de Didier Le Bret ancien coordinateur du Renseignement à l’ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic en passant par l’ex-patron du RAiD Jean Michel Fauvergues ou de simples policiers de terrain interviewés de manière anonyme. Tous apportent leur version. Et de ces innombrables témoignages en ressort une forte impression de malaise.

Une immense gêne

À l’époque, le protocole en matière d’attaque terroriste est clair : les forces de l’ordre doivent agir sous le commandement de la FIPN. Cette Force d’Intervention de la Police Nationale est alors placée sous la responsabilité du patron du RAID, son adjoint étant le chef de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention). Comment expliquer que cette force, qui avait été déclenchée lors de l’attaque de l’Hypercacher en janvier 2015 ne l’ait pas été le soir de l’attaque conjuguée du Bataclan, des terrasses et du stade de France ?
Le malaise est d’autant plus prégnant lorsque ce sont de hauts responsables politiques de l’époque qui tentent d’apporter une explication. On ne ressent qu’une immense gêne aux réponses agacées ou alambiquées apportées par Manuel Valls, ancien premier Ministre et Bernard Cazeneuve ancien ministre de l’Intérieur.

L’histoire de la Brigade d’Intervention

Même gêne et même silence des responsables quand le réalisateur évoque l’histoire peu connue de la B.I. Une Brigade d’intervention – à ne pas confondre avec la BRI-, unité d’élite assez discrète formée à ce genre d’opération, qui était fin prête le soir de l’attaque. Prête à intervenir quelques minutes seulement après le début de la fusillade dans la salle de concert. Le témoignage – anonyme – de l’un de ses membres est glaçant. « L’un de nos collègues a demandé l’autorisation d’intervenir. Elle a été refusée. »
6 ans après ces hommes de la BI ne comprennent toujours pas la raison de ce refus. Et le vivent très mal. D’autant plus que le fameux « Commissaire X » qui est intervenu au Bataclan de sa propre initiative, sans demander la moindre autorisation, est considéré aujourd’hui et à juste titre comme un héros.

F. A.

Le lien du film.

Pour aller plus loin :
Rapport de la Commission d’Enquête Parlementaire relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015

Georges Fenech « Bataclan, le procès » Editions du Rocher 17.90 €
Laurence Beneux « B.I. Brigade d’intervention » Le Cherche Midi 18 €

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