Alors qu’un retour progressif à la vie normale devient possible grâce à un fort reflux de l’épidémie de Covid-19, la mise en place d’un « pass sanitaire » pour fréquenter certains lieux (dès le 9 juin) ou pour voyager en Europe (dès le 1er juillet) suscite la controverse. Décryptage.
Disponible en format papier et numérique, le Pass sanitaire (ou passeport vaccinal) sera obligatoire pour accéder à des rassemblements ou des événements à partir du 9 juin 2021, date de réouverture des différents établissements recevant du public. Il s’agit, en France comme dans les autres pays européens, d’empêcher autant que possible une reprise de l’épidémie. « Le Pass sanitaire est un outil supplémentaire pour assurer la protection des Français » a précisé Emmanuel Macron. Au format papier ou numérique via l’application TousAntiCovid (sous forme de QR code), ce Pass permettra de montrer qu’on est soit vacciné soit testé négatif dans les deux jours qui précèdent » a ajouté le président.
Obligatoire ou pas?
Dans un avis du 3 mai 2021 (ci-dessous), le Conseil scientifique estime que le Pass sanitaire « utilisé de manière temporaire et exceptionnelle peut permettre à la population une forme de retour à la vie normale minimisant les risques de contamination par le virus Sars-CoV-2. Son usage peut s’inscrire dans une démarche citoyenne de renforcement des capacités et du pouvoir d’agir des individus face à l’épidémie tout en prenant en compte la protection de l’usage des données personnelles ».
Toute la question est de savoir si le document sera obligatoire pour aller au restaurant, dans une grande surface ou chez le coiffeur? « Non, répond le gouvernement ». Il ne sera exigé que pour « les rassemblements culturels ou sportifs supérieurs à 1.000 personnes » (stades, concerts etc.) Il en sera de même pour le Pass européen exigible dès le 1er juillet 2021.
Atteinte à la vie privée
Les opposants au Pass sanitaire voient dans cette démarche un « traçage » supplémentaire des individus. Et donc une atteinte à la vie privée. Et même au secret médical puisque les informations seront bien entendu intégrées dans les données de l’Assurance maladie. Elles pourraient être volées et revendues. Il existe en effet, un marché noir des données entre hackers et entreprises peu scrupuleuses.
D’autres voient dans le Pass sanitaire une rupture dans le principe d’égalité entre les citoyens.
L’obstacle des hésitants
L’Académie de médecine a jeté un pavé dans la marre, le 25 mai 2021, en affirmant, dans un communiqué (ci-dessous) que « Obligation n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid ». Dans ce document sans nuance, les Académiciens plaident pour une vaccination obligatoire. La vénérable institution constate : « Même si les livraisons de vaccins permettent d’atteindre, puis de maintenir, un rythme de 600 000 doses injectées par jour, le dynamisme de la campagne va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination, l’importance de ces deux catégories récalcitrantes étant actuellement estimée à 15% pour chacune d’elles ».
Mais l’Académie de médecine est allée encore plus loin en préconisant l’extension de la vaccination contre le SARS-CoV-2 aux adolescents et aux enfants ».
Manif au Trocadéro
Un collectif d’artistes appelé « Ami entends-tu? » (le chant des Partisans, hymne de la Résistance) opposés à la vaccination et au Pass sanitaire s’est rassemblé au Trocadéro, à Paris « contre la dictature sanitaire ». Parmi les célébrités, l’ancienne généticienne de l’Inserm, Alexandre Henrion-Caude, était particulièrement remontée : « C’est le quatrième Reich, dit-elle. Je suis venue fêter la fête des nazis, vous voyez les SS qui nous obligent à porter des masques, qui nous obligent à avoir le Pass sanitaire ». Pour elle, le port du masque é est »un dispositif médical, et je ne vois pas pourquoi je le porterai si je ne suis pas malade, c’est quoi ces conneries? ».
Autre vedette qui n’est pas passée inaperçue : Jean-Marie Bigard. L’humoriste en a rajouté une couche sur le même thème : « »Non au Pass sanitaire, lance-t-il aux manifestants. Pourquoi ils ne nous colleraient pas une étoile jaune pour qu’on soit repérés plus facilement? ».
Bref, ça chauffe. Le coronavirus n’a pas fini de faire des dégâts.