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Le patron d’Ascométal en Lorraine rattrapé par la justice

Franck Supplisson qui a racheté le groupe sidérurgique lorrain en 2014 a été mis en examen le 21 avril 2021 notamment pour « escroquerie au jugement en bande organisée » et « blanchiment de fraude fiscale aggravée » révèle le site Médiapart.

metallurgie ouvrier acier aciérie
Ouvriers de la métallurgie – crédit freepik

C’est une affaire déjà ancienne qui refait surface. Franck Supplisson, 48 ans, qui fut conseiller de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde et Eric Besson, reconverti dans le business, est rattrapé par la justice. Nos confrères de Médiapart rappellent que cet ancien haut-fonctionnaire avait réussi à acquérir Ascométal, ex-filiale d’Usinor, en 2014 (1.900 salariés à l’époque) dans des conditions étranges. Depuis, il a repris d’autres entreprises en difficultés et, notamment, les anciennes forges de Akers, à Thionville, l’ancienne aciérie de Gandrange et, plus récemment, la chaîne d’agglo de Rombas. Autrement dit, Franck Supplisson est loin d’être un inconnu en Lorraine.

Mis en examen pour une kyrielle de délits présumés

Les conditions de la reprise d’Ascométal ont donné lieu à quelques investigations de l’office anti-corruption (OCLCIFF) à la demande du parquet de Nanterre. Celles-ci ont abouti, ce 21 avril 2021, à l’audition de Franck Supplisson chez un juge d’instruction. Il faut croire que le dossier est assez solide puisque le patron d’Ascométal a été placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour «abus de biens sociaux», «faux et usage de faux en écriture privée», «escroquerie au jugement en bande organisée» et «blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée». Rien que ça.
Concrètement, Ascométal venait de déposer le bilan en 2014 après avoir été rachetée par un fonds américain, Apollo, qui a dû lâcher l’affaire au bout de trois ans. Franck Supplisson a alors proposé le rachat en promettant de conserver les 1.900 salariés du groupe dont le siège est à Hagondange (57). Il remporta la mise, devant le tribunal de commerce de Nanterre contre l’offre du brésilien Gerdau, un professionnel du secteur qui prévoyait 300 suppressions de postes. Une offre française contre une offre étrangère : le tribunal lui a donné la préférence.

Repreneur d’entreprises en difficultés

Et ce qui devait arriver, arriva. Sans aucune expérience industrielle, le nouveau patron d’Ascométal a plongé l’entreprise dans le rouge. Le 22 novembre 2017, Ascométal est à nouveau placée en redressement judiciaire. L’activité est reprise par un groupe suisse, Schmolz et Bickenbach. Pourtant, Supplisson continue à acheter des entreprises en difficultés comme l’usine Alpine Aluminium à Annecy (85 salariés) ou Tarbes Industry, dans les Pyrénées, qui produit des chambres d’obus pour l’armée.
Les ennuis n’arrivent jamais seuls, c’est bien connu. Franck Supplisson doit être jugé, le 7 juillet 2021, par le tribunal judiciaire de Montargis. Il est prévenu de « prise illégale d’intérêts » et «détournement de fonds publics» présumés dans le cadre de son mandat de président Les Républicains (LR) de la communauté d’agglomération de Montargis (2014-2020)  rappelle encore Médiapart.

Les inquiétudes d’Édouard Martin

L’ancien sidérurgiste et ancien député européen, Édouard Martin, se dit « très inquiet » de ce qui arrive à Franck Supplisson. « Je ne sais pas ce que va décider la justice, dit-il. Mais si le patron d’Ascométal ne peut pas poursuivre l’activité de dépollution du site comme il s’y est engagé, le projet va tomber à l’eau. On sait bien que déconstruire coûte plus cher que construire. La facture de la dépollution représente plusieurs dizaines de millions d’euros. Qui va la payer ? Encore les contribuables ! »

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