Les autorités sanitaires semblent enfin décidées de s’appuyer sur l’offre présentée il y a plusieurs mois déjà par la centrale d’achats hospitaliers UniHA avec un consortium de grandes entreprises.
La centrale d’achats hospitaliers UniHA qui gère les achats de 114 établissements en France, associée à de grands groupes industriels (Cap Gemini, GL Events, Atos) a proposé, il y a plusieurs mois, « Un plan de déploiement national de centres de vaccination » dont les autorités sanitaires n’ont pas tenu compte, préférant s’appuyer sur la « task force » interministérielle dédiée à la logistique de la campagne vaccinale contre la Covid (le fameux Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale) que préside le Pr. Alain Fischer.
Nous l’avons écrit début janvier 2021 : « Vacciner 40 millions de Français ne s’improvise pas. Les lenteurs de la campagne de vaccination auxquelles nous assistons en témoignent. Car il faut mettre en œuvre une logistique très complexe pour assurer le suivi et la sécurité d’un bout à l’autre de la chaine. »
Bref, la campagne de vaccination des Français contre la Covid-19 est à la peine. Impréparation à tous les niveaux, absence de stratégie globale, manque cruel de doses de vaccins… Sans se faire procureur, il faut bien constater que la pénurie touche de nombreux centres de vaccination et entraine l’annulation de nombreux rendez-vous de personnes désireuses de se faire vacciner.
Les enjeux de la vaccination
Dans ce contexte anxiogène le gouvernement sait désormais qu’il ne tiendra pas son objectif de vacciner la totalité de la population française d’ici la fin août 2021. D’où sa décision de regarder de plus près l’offre de l’UniHA, première étude qui élabore « un plan de déploiement national de centres de vaccination » avec une approche intégrée visant à répondre aux enjeux de la vaccination.
Car les vaccins achetés par la Commission européenne et actuellement dispatchés en France sont ceux des firmes Pfizer/BioNTech et AstraZeneca dont les premiers doivent être maintenus à une température de -70° C. Il faut donc les stocker avant de les mettre à disposition des établissements hospitaliers dans des conditions optimales. Mais aussi en assurer la traçabilité dans toutes les étapes du circuit sur tout le territoire national, départements et territoires d’outre-mer compris. Cela suppose là encore une maîtrise totale de l’organisation informatique qui va de la liste des patients en attente de vaccin jusqu’au suivi de pharmaco-vigilance en passant par la prise de rendez-vous, la convocation, la consultation du dossier médical, le traçage sur le site de la vaccination etc.
Une réponse globale
Dans un document adressé aux autorités sanitaires UniHA et ses partenaires proposent d’apporter « une réponse cohérente et efficace à la crise ». Le déploiement opérationnel prévoit notamment trois lieux d’accueil possibles :
- Les établissements publics : une mise à disposition par la collectivité territoriale (salle des fêtes, gymnase etc.)
- Les établissements privés ou sous concession : avec potentiel loyer / charges (parc expo, hôtel)
- Des Structures temporaires : si capacité d’accueil impossible ou demande spécifique.
Cette offre s’appuie aussi sur une gestion locale pour une maîtrise et l’optimisation des coûts, des ressources et du temps et pour une bonne réactivité. Une communication et l’implication de tous les acteurs du monde médical, événementiel (UNIMEV & prestataires) et les collectivités territoriales pour relever ce défi.
« L’offre est agile, flexible, modulaire et adaptable aux politiques et orientations arrêtées par les pouvoirs publics ; elle combine toutes les compétences utiles à la réussite du projet » souligne le document.
Des données chiffrées sont ensuite présentées selon le nombre de mètres carrés installés et la durée de la vaccination choisie.
Une stratégie à la carte, en somme, pour vacciner rapidement toute la population française. A condition que l’approvisionnement en vaccins suive !
150 « Vaccinodromes »
L’appel d’offres initial de l’UniHA et du groupement de grandes entreprises a été complétée et actualisée et devrait être finalisé à la mi-avril 2021 lorsque plusieurs millions de doses de vaccin seront enfin disponibles. Quelque 150 « vaccinodromes » supplémentaires seront déployés sur le territoire national. L’UniHA et ses partenaires seront alors en ordre de bataille pour que la campagne de vaccination passe à la vitesse supérieure.
Gérard Bapt, député honoraire et ancien président du groupe d’études « informatique et santé » l’Assemblée nationale insiste sur « l’importance des systèmes d’information lorsqu’on passera à la vaccination de masse de la population générale. Il est important pour la gestion des files d’attente, pour l’identification des patients et des lots de vaccin concernés, ainsi que pour la pharmacovigilance que les systèmes d’information des différents organismes concernés soient totalement coordonnés et inter-opérables » ajoute Gérard Bapt qui fut entre autres, président de la mission d’information sur le Médiator.