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Les leçons d’un microbe

Apparu il y a un an, le coronavirus a fait de gros dégâts, sanitaires, économiques, politiques dans tous les pays. Cependant il nous a ouvert les yeux sur les désordres du monde et la fragilité de l’Humanité.

Covid-économie (Pixabay)
Covid-économie (Pixabay)

 Il y a un an, nous découvrions un nouveau virus, le Sars-CoV-2 et une nouvelle maladie, la Covid-19. Le 24 janvier 2020, les trois premiers cas de coronavirus étaient détectés dans l’Hexagone. Un Français d’origine chinoise et deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan (foyer de l’épidémie en Chine) étaient pris en charge à l’hôpital Bichat à Paris et au CHU de Bordeaux. Les médecins les plus médiatiques évoquaient alors une « grippette » ou un gros rhume dont on ne parlerait plus après l’hiver. Les autorités politiques, désorientées, n’ont pas pris la mesure du risque sanitaire et de ses conséquences.

Logique de guerre

Mais la grippette s’est vite transformée en pandémie. Le 12 mars 2020, Macron décrète  la mobilisation générale, la fermeture des écoles et des commerces. Mais le premier tour des élections municipales est cependant maintenu. Une faute.
La guerre au Sars-CoV-2 est déclarée.  « Quoi qu’il en coûte ». Les urgences sont saturées, les médecins désemparés, les morts s’entassent dans les Ehpad et les hôpitaux. Les mesures barrière s’avèrent insuffisantes. On manque de masques, on manque de gants, d’appareils respiratoires, de places dans les hôpitaux.
A la télé, les « experts » se succèdent. Nous assistons en direct au naufrage de la science et de la médecine. Et à l’effondrement de notre économie. Pendant ce temps, les avions et les bateaux continuent de débarquer dans les ports et les aéroports voyageurs et marchandises. Ils déversent en même temps leurs passagers clandestins et invisibles qui viennent de loin contaminer les populations locales. Le virus meurtrier est partout.

Un révélateur

Les dégâts sont considérables. Cependant, l’épidémie a quelques vertus : elle a mis au grand jour les failles profondes de notre société. Notre village-planétaire, où tout est imbriqué, touche à ses limites. La pandémie montre l’ineptie de la délocalisation des activités stratégiques, notamment en matière sanitaire. La pénurie de doliprane est un exemple parmi d’autres. La poudre de paracétamol, à la base du médicament, n’est plus produite en France depuis 2008 mais en Asie.

Autre exemple : l’industrie automobile est désorganisée à cause d’une pénurie de composants électroniques, tous fabriqués en Chine. Les semi-conducteurs font cruellement défaut aussi pour la fabrication de téléphone 5G, de jeux vidéo, d’ordinateurs…
Faute de pouvoir faire tourner leurs usines, tous les pays du monde sont entrés en récession. En France, le PIB a dégringolé de 13,8% au printemps dernier, après une contraction de 5,9% en janvier 2020.
Le message de la pandémie ?  Il y a urgence de relocaliser certaines productions stratégiques et de repenser complètement le commerce international.

L’hygiène

Ce n’est pas tout. En nous révélant les limites de la science et de la médecine, la Covid-19 nous a enseigné des choses toutes simples. Par exemple, elle nous a réappris l’hygiène : se laver les mains, tousser dans le coude, porter un masque en lieu clos, éviter les embrassades. Grâce à quoi, en 2020, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe, pas de gastro-entérite, pas de bronchiolite chez les nourrissons… Aucune campagne télévisée n’aurait pu atteindre de tels résultats.
On ne peut que se réjouir à cet égard de l’initiative du Réseau d’Observateurs de l’Hygiène des mains (#ROHM) dont nous avons parlé ici.  Comme dit le Dr Jean-Michel Wendling, de Strasbourg, « nous avons l’avenir de l’épidémie dans nos mains ».
La pandémie nous a aussi appris ou réappris la solidarité. A l’égard des soignants, en première ligne, que l’on a tenu à applaudir tous les soirs à 20 heures. A l’égard des plus faibles et des plus fragiles, des vieillards et des étudiants isolés ou simplement de ses voisins auxquels on n’avait jamais adressé la parole jusque-là.

Repenser le monde

La Covid-19 nous oblige donc à réfléchir sur l’organisation délirante du monde. Peut-on encore continuer à favoriser l’hyper-mobilité humaine de plus de 9 milliards d’individus quand l’avenir climatique de la planète est en jeu ? Peut-on continuer à consommer de la viande, des fruits et légumes produits à l’autre bout du monde quand l’éleveur ou le maraicher du coin ne peut pas vendre les siens? Pourra-t-on encore construire des mégalopoles où l’on entasse des millions d’individus quand les villages de nos belles campagnes se dépeuplent ?
Voilà les questions que pose la pandémie. En une année, ce petit virus nous invite à réfléchir à une rationalisation des flux économiques, à repenser notre rapport à la santé et à la nature, à être plus soucieux de l’environnement en consommant localement. Bref, à changer de paradigmes socio-économiques. Si nous voulons éviter l’apocalypse.

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