Meurthe et Moselle
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Municipales à Nancy : les Verts en arbitre

On s’oriente vers un nouveau duel entre Laurent Hénart, maire sortant et Mathieu Klein, président du Conseil départemental, à égalité si l’on en croit un sondage récent. Les Verts de Laurent Watrin (12%) feront donc pencher la balance. Mais de quel côté ?

L’hôtel de Ville de Nancy, place Stanislas (Flickr)

Nancy, 104.000 habitants, est au cœur de la Métropole du Grand Nancy composée de 20 communes et de 435.000 habitants. Ici comme ailleurs, les élections municipales des 15 et 22 mars vont se jouer à la fois sur les enjeux économiques (il y a 23.000 PME-PMI sur l’agglo) urbanistiques et environnementaux (mobilité, avec le tram, la circulation, le stationnement et les pistes cyclables en centre-ville) sans négliger les petits jeux plus ou moins pervers de la politique politicienne qui pimentent joyeusement les campagnes électorales.
L’homme fort de Nancy, pendant 37 ans, fut André Rossinot. Ancien député, ancien ministre, ancien président du Parti Radical (Valoisien), il fut maire de 1983 à 2014, date à laquelle il fut élu président de la Métropole du Grand-Nancy. Mais à 80 ans bien sonnés, « Dédé » passe la main. Le poste de président de la Métropole est ainsi l’un des enjeux majeurs de ces élections.

Duel Hénart/Klein ?

A Nancy, le maire sortant c’est Laurent Hénart, 51 ans. Elu conseiller municipal en 1995 sur la liste Rossinot, il devient adjoint en 2001. Il est élu député (UMP) en 2002, secrétaire d’Etat en 2004-2005 du gouvernement Raffarin. En 2006, Hénart devient président du Parti Radical puis, dix ans plus tard, il plaidera pour la réunification du Parti Radical (Valoisien) et du Parti Radical de Gauche (PRG). Il deviendra président du nouveau mouvement Radical. Laurent Hénart a été élu maire de Nancy en 2014 et vice-président de la Métropole. Il est soutenu par le parti présidentiel La République en Marche et Les Républicains.
Face à lui, Mathieu Klein, 44 ans, président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle depuis 2014. Membre du parti socialiste depuis 1992, il a été élu conseiller général de Meurthe-et-Moselle en 2004 et réélu en 2011. Entre temps, il fut candidat malheureux (49,2%) aux législatives de 2007 contre… Laurent Hénart. En 2014, il retrouve Laurent Hénart aux municipales de Nancy et doit encore s’incliner 47,09 contre 52,91.
Mais, à la suite du décès accidentel de Michel Dinet, le 22 avril 2014 Mathieu Klein est élu président de l’assemblée départementale et réélu le 2 avril 2015. Il est alors l’un des plus jeunes présidents de Conseil départemental et le seul à être ouvertement homosexuel. En octobre 2018, Mathieu Klein refusera un poste de ministre dans le gouvernement d’Edouard Philippe. Il est soutenu par le PS et le PCF.

Laurent Watrin, EELV

Un sondage Ipsos Sopra Steria réalisé pour nos confrères de l’Est Républicain et de France Bleu réalisé du 30 janvier au 4 février 2020 donne les deux candidats Hénart/Klein à égalité au premier tour, le 15 mars, avec 34% d’intentions de vote pour l’un comme pour l’autre.
Il est intéressant de noter que le troisième candidat le mieux placé dans cette consultation, Laurent Watrin pour la liste Europe Ecologie Les Verts, collecte 12% des intentions de vote. Il est suivi par Grégoire Eury du Rassemblement National (6%) Nordine Jouira de la France Insoumise (5%), Patricia Melet, Debout la France (4%), Françoise Hervé, sans étiquette (4%), Christiane Nimsgern de Lutte Ouvrière (1%) et Jason Vanoni de l’UPR (1%).
Les sondages se trompent parfois. Mais si cette « image » des forces politiques en présence est juste, on voit bien que les écolos de Watrin vont se placer en arbitre entre Hénart et Klein et que tous les autres candidats seront éliminés au soir du premier tour.

Les jeux politiques

Au-delà du vote des électeurs, il y a des intrigues d’appareils. Depuis le mouvement des Gilets jaunes, mais surtout depuis le rejet quasi-unanime de la réforme des retraites, La République en Marche n’est plus en odeur de sainteté. L’investiture LREM est devenue un fardeau électoral.
Mauvais point pour Laurent Hénart. Le parti présidentiel représentait encore, à Nancy, 28,27% aux élections européennes de 2019 et les Verts 17,88%. Le parti de Marine Le Pen s’octroyait alors près de 12% quand le parti socialiste et Les Républicain tournaient autour de 9%.
Aujourd’hui, la donne a changé. Comment l’électoral macroniste va-t-il se ventiler ? C’est une première inconnue du scrutin des 15 et 22 mars.
Une autre inconnue, c’est le report des voix des écologistes. EELV est plutôt un mouvement de gauche. Or, c’est lui qui fera la différence. Si Watrin se maintient dans l’hypothèse d’une triangulaire, il favorise Hénart. S’il se retire, il favorise Klein.
Pourtant, les choses ne sont pas si simples. Mathieu Klein qui a décliné l’investiture du PS tout en acceptant son soutien, apparaît comme l’éternel challenger de Laurent Hénart. Sera-t-il encore le Poulidor de la politique nancéienne ? C’est possible car la droite et le centre restent bien enracinés dans la Ville de Stanislas.
Restent les coulisses. L’appui apporté par André Rossinot au maire sortant, en contrepartie, dit-on, du poste de président de la Métropole à son gendre, François Werner, maire de Villers-lès-Nancy, pourrait faire pencher la balance.
Les réseaux et les lobbies, très influents à Nancy, ne doivent pas être négligés même s’il est difficile d’en mesurer l’impact dans les urnes.

Dossiers locaux

Nous l’avons déjà écrit : A Nancy comme ailleurs, la campagne des municipales se jouera moins sur les étiquettes politiques, qui ne veulent plus dire grand-chose, que sur les dossiers locaux et concrets, qui prennent en compte la vie et le bien être des habitants. Retour à la proximité.
Le futur tram sera-t-il un infâme bastringue identique à celui de 2002 ? Les entrées de la ville seront-elles toujours thrombosées aux heures de pointe ? Quelle place fera-t-on aux vélos ? Aux piétons ? Comment prendre en compte la quiétude des Nancéiens, le soir venu, quand fleurissent les terrasses extérieures ? Quand les bolides foncent dans les petites rues ? Quand les belles de nuit tapinent autour de la gare et jettent les préservatifs dans les jardins ? Quand il devient difficile de dormir dans ce bordel ambiant ?
Le prochain maire sera celui qui apportera des réponses à ces questions très locales. A un mois du scrutin, le jeu reste ouvert.

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