Les très discrets experts-comptables et commissaires aux comptes ont une caisse de retraite autonome excédentaire de 1,7 milliard d’euros. Ils ne veulent pas se laisser spolier sans réagir.
Les ‘’professionnels du chiffre’’, comme on les appelle, experts-comptables (EC) et commissaires aux comptes (CAC) sont restés discrets jusqu’ici, sur la réforme des retraites. Pourtant, ces 20.000 professionnels exerçant dans un cadre libéral sont inquiets de la fin de leur régime autonome. La Caisse d’assurance vieillesse des experts-comptables et commissaires aux comptes (CAVEC) parfaitement bien gérée, affiche un excédent de 1,7 milliard d’euros. Et reverse 900 M€ par an au régime général au titre de la solidarité. La réforme des retraites préparée par le gouvernement aura donc un effet désastreux pour ces professionnels. Elle se traduira par une augmentation importante des cotisations pour les actifs alors que les retraités verront leur pension baisser fortement.
Au cœur de l’économie
Dans ces conditions, on comprend la grogne des EC et CAC. La profession est, par définition, au cœur de l’économie française. Avec ses 250.000 salariés, EC et CAC conseillent chaque jour près de deux millions d’entreprises, principalement les TPE et PME. L’expert-comptable est, de fait, le bras droit du chef d’entreprise.
Pourtant, ils n’ont pas participé au blocage de l’économie et de ses entreprises, comme ils auraient pu le faire (par exemple en ne reversant pas la TVA au trésor public). Mais, désormais, l’un des deux syndicats, ECF (experts-comptables et commissaires aux comptes de France) demande à tous ses adhérents « de refuser la mission d’établissement des comptes de campagne ».
Ainsi, ce ne seront pas les chefs d’entreprise qui seraient impactés par la grogne des experts-comptables mais les élus et les candidats à une poste électif. La grève des comptes de campagne aura alors pour effet de rendre impossible le contrôle des dépenses faites par les candidats aux municipales (voire aux autres élections) par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Et laissera la porte ouverte à tous les abus, comme on en a connu par le passé.
A moins que, d’ici-là, les professions du chiffre ne deviennent le neuvième régime spécial d’une réforme qui n’a d’« universelle » que le nom.