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Ça va péter !

Point-de-vue. Le face à face entre les forces de l’ordre et les manifestants, tous les samedis depuis cinq mois, tourne désormais à la haine. La faute à qui ? A Macron incapable d’apporter des solutions à une crise qui n’a que trop duré.

Les papys et mamies gazés à Paris
Les papys et mamies gazés à Paris

Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Faut-il qu’il y ait des morts pour que s’arrête la violence ? L’acte 23 des Gilets jaunes, samedi 20 avril 2019 à Paris, a atteint des sommets d’ignominie lorsqu’on a entendu des manifestants crier aux policiers « suicidez-vous ! ». Où lorsqu’on voit fleurir des inscriptions du genre « flic suicidé à moitié pardonné » ou encore « la police nous protège, ça crève les yeux » comme cela été tagué, lundi, sur la façade de la gendarmerie de Landivisiau, dans le Finistère.
C’est odieux, insane, immonde quand on sait que 28 policiers se sont suicidés depuis le début de l’année. La pression de la hiérarchie ajoutée au profond malaise de la profession et aux insultes de la rue, deviennent insupportables à certains policiers et gendarmes. Au point de commettre l’irréparable.
Représentants de l’ordre, policiers et gendarmes obéissent aux instructions de leurs chefs, c’est-à-dire de l’exécutif et doivent mater les manifestants, même les plus pacifiques, à coups de matraques, de grenades lacrymogènes, de tirs de LBD… Parfois sans discernement (22 personnes éborgnées en cinq mois). Il faut cogner. Ce sont les ordres. Il faut interpeller le plus de manifestants possible, en amont des manifs, ceux qui sont les plus violents ou réputés tels. Leur propre sécurité en dépend. Contrôler le maximum de Gilets jaunes pour leur faire passer l’envie d’aller manifester. Près de 18.000 contrôles d’identité, samedi 20 avril à Paris, alors qu’il n’y avait, selon le ministère de l’Intérieur, « que » 9.000 manifestants. Drôle façon de compter en truquant les chiffres. Et de jeter de l’huile sur le feu.

Logique infernale

Deux logiques s’affrontent, irréconciliables. D’un côté, policiers et gendarmes représentant l’ordre républicain. De l’autre, des manifestants qui crient leur colère et réclament plus de justice sociale et plus de démocratie.
Les Gilets jaunes protestent chaque samedi depuis le 17 novembre 2018. Mais ils sont débordés par des casseurs, les black blocs, qui profitent de ces rassemblements pour semer le chaos, détruire et piller des magasins, s’en prendre aux symboles de l’Etat et donc aux forces de l’ordre.
Vingt-trois samedis de suite. Et ce n’est pas terminé puisqu’un acte 24 est prévu, notamment à Strasbourg, le 27 avril, à Verdun le dimanche 28, et encore le 1er mai dans la capitale où les Gilets jaunes annoncent un grand rassemblement. D’autres manifestations sont prévues pour le G7 des ministres de l’Environnement à Metz, les 4, 5 et 6 mai prochains. Ça n’en finit plus !

Conférence de presse jeudi

Comment enrayer ce cycle infernal ?
Après avoir joué la montre en organisant un Grand débat national, de janvier à mars 2019, Emmanuel Macron devait en présenter une synthèse et faire des propositions concrètes, le lundi 15 avril à 20 heures. Patatras ! L’incendie de Notre-Dame de Paris a déjoué ses plans.
Cependant, les fuites de son discours préenregistré mais non diffusé, indiquent que les réponses du chef de l’État ne sont pas à la hauteur des attentes des Gilets jaunes. Loin s’en faut. La suppression de l’ENA, l’instillation d’une dose de proportionnelle aux législatives ne vont pas nourrir les bouches des 8,8 millions de Français pauvres et calmer la colère sociale.
D’où la poursuite des manifestations. D’où aussi leur radicalisation.
Le président de la République a donc décidé de répondre aux Gilets jaunes au cours d’une conférence de presse, jeudi 25 avril. A la façon Charles de Gaulle. Mais l’exercice est périlleux.
Soit Emmanuel Macron annonce des mesures concrètes, nouvelles et fortes susceptibles d’emporter l’adhésion d’une grande partie de la population, et son pari sera gagné. La crise enfin désamorcée.
Soit il fait encore des discours grandiloquents et creux et, plutôt que de répondre aux attentes des Gilets jaunes, il va souffler sur les braises de la contestation, donnant des arguments à ceux qui le disent politiquement immature. Il plongerait alors le pays dans le chaos.
Jeudi, Emmanuel Macron joue gros. Il serait bien inspiré de mettre sa suffisance et son arrogance habituelles dans sa poche. Faute de quoi, samedi, ça va péter !

Emilien Lacombe

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