L’encéphalogramme des constructions de centrales nucléaires est toujours aussi plat. D’une année sur l’autre, le « World nuclear Industry Status Report 2024 » fait le point sur la santé de l’industrie nucléaire mondiale. Et constate que le monde s’oriente vers un affaiblissement de la production d’électricité d’origine nucléaire au profit des énergies renouvelables.
Si l’on en croit Mycle Schneider, « un énorme fossé se creuse entre la perception que l’opinion publique a du nucléaire et l’activité réelle ». Les chiffres, que ce consultant spécialisé dans l’étude du nucléaire civil dans le monde vient de présenter, parlent d’eux-mêmes. En Europe, aucun projet de construction de centrale n’a été lancé, pas même imaginé. Depuis 2018, c’est le calme plat dans ce secteur.
Au contraire de l’Asie, Chine en tête, devenue l’Impératrice des centrales. En vingt ans, 49 de ces ouvrages ont été mis en service dans l’empire du Levant. La Chine reste le deuxième producteur d’électricité nucléaire derrière les États-Unis. Dans le reste du monde, le bilan est négatif : il y a eu beaucoup plus de fermetures de centrale que d’ouvertures.
L’aventure EPR de Flamanville
La France n’échappe pas à la règle. Si l’on met de côté, l’aventure de l’EPR de Flamanville, et en dépit des déclarations d’intention, notre pays fait du surplace. La France compte 56 centrales, aucune n’est en projet. Pire : le parc tend à vieillir et connait des « retards à l’allumage ». Après l’« annus horribilis » de 2022, la production nucléaire s’est certes redressée l’an dernier de 15 %, mais bien loin de son record de 2005. Signe inquiétant quant à l’état de fonctionnement des réacteurs : la durée cumulée des arrêts dits « fortuits » c’est-à-dire non prévus, a augmenté de 43 % passant de 278 à 399 jours.
Le leadership de la Russie
La Russie reste leader dans la construction de réacteurs nucléaires dans le monde. Aujourd’hui, Rosatom développe 26 tranches dans huit pays (dont six sur le territoire russe). Les ingénieurs du nucléaire russe essaient de s’implanter sur le continent africain en proposant des solutions clés en main. Moscou a signé des accords avec une vingtaine de pays et construit actuellement une centrale sur le site d’El -Dabaa en Egypte.
Le nucléaire piétine
C’est un peu la leçon tirée de ce rapport 2024. Le nucléaire piétine tandis que les énergies renouvelables poussées par l’ensemble de la communauté internationale montent en puissance.
Les couts du solaire et de l’éolien sont en baisse et l’adaptabilité de ces technologies est maximum.
S’il en fallait une seule illustration, ce serait la situation chinoise. En 2023, la production éolienne a atteint 877 TWh, c’est-à-dire plus du double de la production nucléaire.
Le nucléaire en quelques chiffres
- 408 réacteurs en service dans 32 pays (1ᵉʳ juillet 2024)
- Capacité de production : 367 gigawatts
- Production d’électricité nucléaire : 2602 TWh
- Au 1ᵉʳ juillet 2024, 59 réacteurs sont en construction
Le déclin de l’industrie nucléaire en France et dans le monde