Loin des discours officiels, selon lui totalement déconnectés de la réalité, Mycle Schneider grand spécialiste de l’industrie nucléaire, fait comme chaque année le point complet sur la situation mondiale. Et tord le cou aux idées préconçues : le nucléaire demeure insignifiant sur le marché mondial de l’électricité.
Chine et Russie, leaders du marché
Son constat est clair et limpide : l’industrie nucléaire est en déclin depuis plusieurs années. En France bien sûr, mais aux États-Unis également et dans le reste du monde. Deux exceptions de taille viennent compléter le tableau : Chine et Russie sont les seuls à maintenir et rénover leur parc nucléaire, demeurant cette année encore leader sur ce micro-marché des fabricants de réacteurs nucléaires.
« Six réacteurs ont été mis en construction l’an passé » souligne l’expert Mycle Schneider, « dont 5 en Chine, une baisse notable par rapport aux 10 mises en construction par an dans le monde entre 2021-2022 »
Signe fort de ce rétropédalage généralisé : les États-Unis n’ont pour l’année en cours aucun projet prévu de développement d’un seul petit réacteur nucléaire. Y compris sur le papier.
En France, il faut redistribuer les cartes
En France, en dépit des promesses non tenues et non tenables d’un tout nucléaire censé apporter l’autonomie énergétique de notre pays, l’avenir n’est pas des plus engageants. L’année 2022 a été consacrée « annus horribilis » selon les termes d’un des directeurs d’EDF. Avec une moyenne de production nucléaire zéro pendant 152 jours, celle-ci est tombée en dessous du niveau de 1990.
Chez nous comme partout, le rythme de construction est insuffisant. En dépit des promesses du Président Emmanuel Macron, le plan de développement des SMR (Small Modular Reactors) est au point mort. Car contrairement aux apparences, ce type de réacteurs est beaucoup plus cher et long à construire qu’un réacteur de type classique.
Fort de ce constat objectif, « même le solaire et l’éolien sont plus performants », Mycle Schneider regrette qu’il n’y ait aucun retour de son analyse de la part des autorités gouvernementales et parlementaires. « Il faut, dit-il, redistribuer les cartes, parler clair et engager un vrai débat sur l’avenir du nucléaire ».
Frédéric Crotta
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