Meurthe et Moselle
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Les agriculteurs plus contrôlés que des dealers de drogue !

On n’imagine pas à quel point les agriculteurs sont surveillés dans leur travail quotidien : par satellite, par hélicoptère, par des inspections. Témoignage édifiant de Jean-Luc Guérard, de Giscourt, en Meurthe-et-Moselle.

Jean-Luc Guérard, ancien agriculteur à Griscourt, en Meurthe-et-Moselle (DR)
Jean-Luc Guérard, ancien agriculteur à Griscourt, en Meurthe-et-Moselle (DR)

La paysannerie française se révolte. Après l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et les Pays-Bas, les agriculteurs de France bloquent les routes pour crier leur colère. Parmi les revendications adressées au gouvernement de Gabriel Attal mais aussi à Bruxelles, cette bureaucratie insupportable et ces contrôles permanents de l’administration qui les contraint de consacrer deux jours par semaine à la paperasse. Et à risquer à chaque instant des pénalités énormes.

Des vérifications par satellite

Jean-Luc Guérard, aujourd’hui en retraite, exploitait il y a peu de temps encore, une ferme en polyculture-élevage de 210 ha en GAEC à Villers-en-Haye (54). Il nourrissait 70 vaches laitières et une centaine de bêtes à l’embouche. Il cultivait aussi des céréales : blé, orge, colza, tournesol. Depuis son installation, en 1984, la fameuse politique agricole commune (PAC) « n’a cessé, dit-il, d’inventer de nouvelles normes ». Créées par des technocrates à Bruxelles, ces normes sont intégrées dans les lois et les règlements français. « Mais notre gouvernement en rajoute » constate l’ancien agriculteur. Au point qu’il était obligé de passer deux jours par semaine à faire des paperasses. « Il faut tout déclarer aux organismes de contrôle européens, explique Jean-Luc Guérard. Un exemple parmi d’autres. J’avais des arbres fruitiers dans les prés. Il me fallait déduire la surface de l’ombre de mes arbres de la surface agricole cultivée ! Un satellite passe tous les jours au-dessus de nos exploitations pour vérifier si nos déclarations sont conformes. »
En cas d’anomalie, la sanction est dure. Elle s’applique à l’ensemble de l’exploitation. Les primes de la PAC sont supprimées. »

Des vérifications par hélicoptère

Autre exemple ubuesque. Jean-Luc Guérard avait planté quelques pieds de topinambour pour sa consommation personnelle. Le topinambour est un légume ancien possédant une saveur assez sucrée et un arôme délicat similaire à celui de l’artichaut. Au printemps, il fait de grosses fleurs jaunes, un peu comme celles du tournesol. Mais à Bruxelles, les technocrates ne connaissent pas. Sur les images satellitaires, ils n’ont pas compris ce que venaient faire ces plants bizarres dans une parcelle. Ils ont envoyé un hélicoptère de la gendarmerie faire des images plus nettes. Mais, là-encore, impossible de reconnaître les topinambours dont se régalaient nos grands-parents.

Une inspection sur l’exploitation

Bruxelles a donc dépêché une inspectrice de la Direction départementale de l’agriculture (DDA). L’enquêtrice venue vérifier ces étranges plants a dû se rendre à l’évidence. Il ne s’agissait pas de plants d’une drogue quelconque cultivée en cachette, mais bel et bien que simples et inoffensifs topinambours qu’elle a pris en photos pour les envoyer à Bruxelles.

(À suivre)

 

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