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Retraites : ça va mal finir

Le 17 décembre 2019 est une journée à hauts risques pour le gouvernement qui devra lâcher du lest sur sa réforme des retraites pour ne pas plonger le pays dans le chaos.

Jour de grève à la RATP, (Flickr)

Mardi 17 décembre sera une journée noire. Une nouvelle journée de galère pour les Français avec l’appel à la grève nationale dans de nombreux secteurs du public et du privé et des manifestations d’envergure à Paris et dans de nombreuses villes de province.
Après les mobilisations des 5 et 10 décembre 2019, les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires et les organisations de jeunesse MNL, UNEF et UNL rejoints par la CFDT et l’UNSA entendent faire plier le gouvernement après les annonces d’Edouard Philippe qui, il faut bien le reconnaître, ont mécontenté tout le monde. Y compris les syndicats les plus réformistes.
Les grévistes seront rejoints par les retraités en colère et par les Gilets jaunes. Ajoutons à ce cocktail social quelques black-blocs et l’ensemble pourrait devenir explosif.

De République à Nation

Le préfet de police de Paris l’a bien compris. Il vient de demander aux commerçants situés sur le parcours entre République et Nation de fermer leurs boutiques ce jour-là. Les autorités craignent des débordements dans le cortège qui s’annonce d’ores et déjà très important.
Pour éviter la casse, le préfet de police a également interdit le stationnement des véhicules entre lundi minuit (16/12/19) et mardi (17/12) à 20 heures ainsi que « les rassemblements de personnes se revendiquant des Gilets jaunes » avenue des Champs-Elysées, autour de la présidence de la République, de Matignon, de l’Assemblée nationale et de Notre-Dame de Paris.
D’autres rassemblements sont prévues dans de nombreuses villes de province, comme ce fut le cas le 5 décembre dernier lorsque près d’un million de personnes (800.000 selon l’Intérieur) ont défilé dans les rues. A Nancy, le défilé partira de la place de la République, à 13 h 30.

Paris paralysé

Tête de proue de la contestation, les cheminots en grève depuis le 5 décembre appellent à durcir le mouvement. Peu ou pas de TGV, d’Intercités ou de TER sur les voies. A la RATP, autre point névralgique de l’opposition à la réforme des retraites, la situation est plus claire : aucun RER et aucun métro ne circulera.
Dans ces conditions, la capitale sera complètement paralysée voire asphyxiée en ces veilles de fête de fin d’année.
D’autant que d’autres secteurs rejoignent le mouvement de grève. Les transporteurs routiers débrayeront dès ce lundi 16 décembre à l’appel des principaux syndicats. Non pas à cause de la réforme des retraites mais pour des revendications portant sur les conditions de travail et les salaires. Il faut donc s’attendre à des opérations escargot un peu partout en France.
Ajoutons la grogne des ambulanciers, des déménageurs, des taxis, des contrôleurs aériens, des pilotes de ligne. Mais aussi des pompiers, des personnels hospitaliers, des médecins de ville, des urgentistes, sans parler des personnels de l’Education nationale remontés plus que jamais depuis l’intervention, vendredi soir à Nancy, d’Edouard Philippe et de Jean-Michel Blanquer qui n’ont pas réussi à convaincre les enseignants, loin s’en faut.
Les seuls à avoir tiré leur épingle du jeu sont les policiers. Sous la menace d’un black-out, ils ont obtenu de larges concessions du gouvernement.

Toutes les rancœurs

Résumons. La réforme des retraites telle qu’elle est proposée ne satisfait personne. Elle réussit même à agréger tous les mécontentements, toutes les rancœurs, toutes les amertumes accumulées depuis des années.
Les Français n’en peuvent plus des inégalités criantes, des injustices sociales, du chômage, de la misère (pour 9 millions de personnes !) qui est la première des violences faites aux familles.
Quand, dans le même temps, ils constatent les avantages, les privilèges, les passe-droits de quelques-uns. Comme ces élus qui ont fait de la démocratie de véritables PME familiales, embauchant femmes, enfants et copains dans les collectivités. Comme ces grandes fortunes qui jonglent avec l’évasion fiscale ou comme le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye qui « oublie » de déclarer ses mandats d’administrateur, dont certains rémunérés, à la Haute Autorité pour la Transparence de la vie publique (HATVP). Un comble !
C’est cette France-là dont plus personne ne veut. Les institutions dévoyées, les petits arrangements entre amis, les détournements qui profitent toujours aux mêmes. Dans leur grande majorité, les Français ne sont pas contre une réforme des retraites si elle est source de justice. Mais ils doutent de cette réforme mal ficelée, mal présentée, imposée par un monarque arc-bouté sur ses certitudes.
Mardi 17 décembre 2019, l’exécutif devra prendre la mesure de cette colère populaire et revoir sa copie. Faute de quoi il prendrait le risque de plonger le pays dans le chaos.

Les Gilets jaunes dans la rue le 17 décembre 2019
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