« Vous ne trouverez jamais, jamais, non pas un euro, mais pas un centime libyen, dans ma campagne » se défend l’ancien président devant les juges.
Nicolas Sarkozy et plusieurs coprévenus comparaissent depuis lundi 6 janvier devant le tribunal judiciaire de Paris pour leur rôle présumé dans le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Ils doivent répondre d’accusation de corruption et de financement illégal de campagne.
L’ancien président a été interrogé ce jeudi. D’emblée, il martèle : « dix années de calomnies, 48 heures de garde à vue, 60 heures d’interrogatoire, dix ans d’enquête. Pourquoi ? Et maintenant quatre mois devant le tribunal correctionnel. »
Dans un silence de cathédrale
Nicolas Sarkozy a rarement été aussi combatif. Un silence total s’installe dans la salle d’audience quand l’ancien président, ému, commence sa déclaration liminaire à la barre. Seul le crépitement des claviers de la presse judiciaire vient accompagner les propos du prévenu Sarkozy durant une dizaine de minutes.
Reprenant les habits de sa profession d’avocat, l’ancien président a voulu faire part au tribunal de son « indignation, de sa sincérité et de sa colère »
Indigné tout d’abord par le traitement qui lui est infligé depuis toutes ces années. L’ancien président est revenu sur l’enquête menée par les deux juges d’instruction, qui estime-t-il ne l’a pas ménagé. Prenant à témoin la présidente Nathalie Gavarino, impassible, il s’est offusqué du fait que ces juges sont allées jusqu’à décortiquer la succession de sa mère aujourd’hui décédée.
« Il n’y a pas d’argent et pas de corruption »
« On dit que la justice manque de moyens. En tout cas pas pour moi. ». La salle jusque-là silencieuse s’autorise un sourire. « 59 commissions rogatoires internationales, 29 pays visités, des centaines de personnes interrogées. Tous mes comptes et ceux de mes proches ont été épluchés et l’on n’a rien trouvé. Évidemment, il n’est pas poursuivi pour enrichissement personnel !
Évoquant ses comptes de campagne, le prévenu le plus célèbre de France explose : « Vous ne trouverez jamais, jamais non pas un euro, mais pas un centime libyen, dans ma campagne… L’argent de la corruption ? Il n’y a pas d’argent car il n’y a pas de corruption ».
Dans la ligne de mire de la défense de Nicolas Sarkozy, un faux et un super-escroc.
Le faux ? c’est un document transmis – « en plein second tour de la présidentielle de 2012, souligne l’ex-président »- par le clan Kadhafi dont les membres sont des escrocs et des menteurs.
Le sulfureux intermédiaire
Mais celui qui aux yeux de Nicolas Sarkozy, remporte la Palme d’or, Ziad Takieddine. Le sulfureux intermédiaire « qui a changé 16 fois de versions » et qui est aujourd’hui en fuite. « Condamné, Madame la Présidente, a cinq ans de prison. »
Et cet individu en fuite ne l’est pas tant que ça. « Je l’ai entendu dimanche à la radio, déclarant qu’il venait d’apprendre l’existence de ce procès ».
L’ex-président termine son propos liminaire en ayant un mot pour rappeler l’épisode des infirmières bulgares qu’il est fier, dit-il, d’avoir libéré des griffes de Kadhafi, l’ex-président libyen qui lui vaut d’être aujourd’hui devant ce tribunal correctionnel.
Compte rendu d’audience
Frédéric Crotta
Un lundi ordinaire pour Nicolas Sarkozy qui arrive au tribunal.
pic.twitter.com/XjpS4MgVLa— Marcel (@realmarcel1) January 6, 2025
Procès Sarkozy: scènette amusante avec l’intermédiaire Alexandre Djouhri qui jure ne pas être « renvoyé » dans le dossier alors qu’il figure en bonne place sur le banc des accusés !pic.twitter.com/oTjkK0aaqI
— FrançoisLabrouillère (@flabrouillere) January 9, 2025
Financement libyen : Sarkozy and C° sur le banc des prévenus