La flambée de l’énergie jette un coup de froid entre la France et l’Allemagne. Finalement, c’est toute l’Europe qui est déstabilisée par l’effet boomerang des sanctions infligées à la Russie.
L’effet boomerang des sanctions infligées à la Russie apparaît désormais au grand jour. Les dirigeants européens se désolidarisent face à la crise de l’énergie. L’embargo sur le gaz et le pétrole russe frappe de plein fouet nos économies et l’effet est dévastateur, comme nous l’écrivions le 7 octobre dernier : « En France, le Medef redoute ‘’des milliers de faillites’’. Les ménages ne sont pas épargnés. La colère sociale gronde. »
C’est, peu ou prou, la même chose dans les autres pays de l’UE. Or, ils n’ont pas tous les mêmes besoins en énergie et leurs intérêts sont même parfois divergents. Par exemple, l’Allemagne, dépend à près de 50% des livraisons de Gazprom pour faire tourner son économie. Elle a dû fermer la totalité des entreprises qui raffinent l’aluminium. Or, l’aluminium est indispensable dans l’industrie automobile, un secteur stratégique pour nos voisins d’Outre-Rhin.
Une équation à 27 inconnues
Ce n’est pas le cas en Espagne et au Portugal. Depuis le mois de juin, les deux pays du sud de l’Europe ont obtenu une dérogation de l’Union européenne, leur permettant de quitter le système européen. Ils peuvent ainsi fixer eux-mêmes le prix de leur électricité. D’où les déséquilibres qui existent entre partenaires européens. Et donc les dissensions politiques qui en découlent.
Dans les pays de l’UE, le prix de l’électricité est indexé sur le moyen le plus coûteux : la production des centrales à gaz. La France plaide pour plafonner le prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité. L’Allemagne s’y oppose, refusant une intervention étatique sur les marchés. Paris et Berlin étalent leurs divisions au grand jour.
Une nécessaire réforme
Il apparaît pourtant nécessaire de réformer le marché de gros de l’énergie. C’est l’enjeu du sommet européen des 20 et 21 octobre 2022. Mais les 27 chefs d’État et de gouvernement parviendront-ils à surmonter leurs divisions ? On peut en douter. Car neuf pays, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, ne veulent pas de la réforme d’un système qui a bien fonctionné jusqu’ici.
Le chancelier Olaf Scholz préfère passer ce mauvais cap, provisoire selon lui, en soutenant son économie. Il a injecté 200 milliards d’euros dans les rouages de son économie, sans aucune concertation avec ses partenaires européens. Une première. Emmanuel Macron lui a reproché de jouer en solitaire et d’isoler l’Allemagne.
Cette fâcherie du couple franco-allemand, moteur de la coopération européenne, n’est pas de très bon augure. Une réunion des ministres des deux pays, prévue le 26 octobre à Fontainebleau, a été repoussée à janvier. Mais les deux dirigeants, allemand et français, doivent se concerter à nouveau pour arriver à un accord visant à réduire de façon importante le prix de l’énergie, quel qu’en soit le moyen.
Il y va de la survie de nombreuses entreprises européennes confrontées à une concurrence féroce des États-Unis et de la Chine. Et c’est urgent.