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Énergie : l’effet boomerang dévastateur !

La crise de l’énergie provoquée par les sanctions contre la Russie impacte tous les secteurs de l’économie européenne. En France, le Medef redoute « des milliers de faillites ». Les ménages ne sont pas épargnés. La colère sociale gronde.

le prix de l'électricité en hausse (DR)
le prix de l’électricité en hausse (DR)

Il fallait s’y attendre. Les sanctions des pays occidentaux contre la Russie se retournent désormais contre eux.  Tous les pays européens sont impactés par l’arrêt des livraisons de gaz et de pétrole russe. L’Allemagne, qui dépend à près de 50% des livraisons de Gazprom pour faire tourner son économie, a dû fermer la totalité des entreprises qui raffinent l’aluminium. Toutes. Or, l’aluminium est indispensable dans l’industrie automobile, un secteur stratégique pour nos voisins d’Outre-Rhin.
Pour pouvoir continuer à produire, Berlin a dû diversifier ses approvisionnements en gaz en se tournant, notamment, vers les États-Unis. Les volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) livrés à l’Europe ont bondi de 28 à 45% entre 2021 et 2022. Et les prix se sont envolés. On comprend mieux le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, lorsqu’il déclare, après le sabotage de Nord Stream que c’est « une formidable opportunité » !

« Des factures insupportables »

En France, les sanctions russes ont des effets dévastateurs sur notre économie. Les coupures de gaz sont certes moins pénalisantes qu’en Allemagne (elles représentent environ 17% de nos approvisionnements) mais, ajoutées aux défaillances du parc nucléaire français (34 réacteurs sur 56 sont à l’arrêt) elles provoquent de gros dégâts.
Le plus visible, c’est une flambée des prix de l’énergie. De l’électricité, en particulier, qui impacte fortement les entreprises, même les plus petites. On ne compte plus le nombre d’artisans boulangers qui baissent le rideau, effrayés par leur dernière facture d’électricité. « Si je répercute ma facture sur le prix du pain, il me faut vendre la baguette 1,50 €, constate ce boulanger de Toul (54), je ne sais plus comment faire ».
Les grandes entreprises sont confrontées au même constat : les factures multipliées par 10, 20 ou 30, voire beaucoup plus. Il faut mettre les machines à l’arrêt et le personnel en chômage technique. Par exemple, à l’usine Ascometal de Fos, le coût annuel de l’électricité passerait de 7 millions d’euros en 2022 à 80 millions d’euros en 2023, selon les projections économiques. Les verriers Duralex (250 salariés), dans le Loiret et Arc, dans le Nord (1600 salariés), gros consommateurs d’électricité, arrêtent les fours pendant plusieurs mois.

« Des milliers de faillites »

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, ne cache plus son inquiétude. Il a alerté le président de la République, le 29 septembre 2022, en évoquant le « risque de faillites massives liées à la crise de l’énergie ».
Au micro de nos confrères de France Info, le patron des patrons révèle « une enquête flash auprès de nos adhérents. Sur 800 entreprises qu’on a interrogées, 11% envisagent de ralentir ou d’arrêter leur production. » Il prône le découplage des prix du gaz et de l’électricité. « Il y a urgence, dit-il. C’est au niveau européen qu’on peut changer ce système absurde qui fait que le prix de l’électricité est lié au prix du gaz. C’est compliqué, mais en gros, c’est un prix artificiel qui ne correspond pas à une réalité économique. »

Dans ce contexte alarmant, le risque est grand que de nombreuses entreprises quittent le territoire français et européen pour s’installer ailleurs, aux États-Unis par exemple, où l’énergie est meilleur marché.
Les ménages n’étant pas épargnés par cette flambée des prix de l’électricité, mais aussi du gaz et du pétrole, les risques d’un mouvement social très dur sont à redouter dans un avenir très proche. Le plan de sobriété énergétique proposé par le gouvernement ressemble à un emplâtre sur une jambe de bois.

La transmission de la crise de secteur en secteur

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