Sous prétexte de prévenir les abus en tout genre, les algorithmes des réseaux sociaux prendraient-ils peu à peu le contrôle de nos idées et de nos opinions ?
Depuis une vingtaine d’années, les réseaux sociaux se sont imposés à nous. En deux ou trois clics sur son smartphone, on peut communiquer d’un bout à l’autre de la planète, en temps réel, échanger des textes, du son, des images, des vidéos. Une véritable révolution dans la diffusion de l’information de masse qui a ringardisé nos journaux papier et pris de vitesse tous les autres moyens de communication que sont le téléphone, la radio et la télé…
Les réseaux sociaux (ou médias sociaux) sont vite apparus comme un immense espace de liberté. Utilisés pour des raisons personnelles, professionnelles, pour faire des rencontres, ou proposer un méga rassemblement au nez et à la barbe des autorités, les réseaux sociaux sont désormais incontournables. Près de 50 millions de Français (8 sur 10) ont un compte sur un réseau social choisi en fonction de son âge ou de son intérêt.
Pourtant, entre de mauvaises mains, ces moyens de communication de masse peuvent devenir dangereux. On ne compte plus les plaintes pour cyberharcèlement, menaces, propos racistes, scènes obscènes, chantage, abus sexuels, vols numériques…
D’où la nécessité de contrôler les contenus.
Ils savent tout de nous !
C’est ce que font les algorithmes, ces formules mathématiques qui fouillent en permanence nos données numériques. Les algorithmes des GAFAM (Google, Appel, Facebook, Amazon et Microsoft) détiennent 80% des informations personnelles numériques de l’humanité. Ils les agrègent, les croisent, profilent chacun d’entre nous, ils nous mettent dans des cases. Ces données, d’une rare précision, sont revendues à prix d’or, la plupart du temps à des fins marketing et commerciales afin de proposer à des annonceurs une solution de ciblage chirurgical. Grâce à l’analyse des différentes variables de nos messages, notamment des champs lexicaux, les algorithmes tentent de décrypter nos idées et nos opinions. Ils savent tout de nos amis, de nos ennemis, de notre communauté…. Tout !
Pour s’en convaincre, on lira avec intérêt cet article de la Revue d’Épidémiologie et de Santé publique publiée en septembre 2020 intitulé « Conception d’un algorithme permettant de détecter l’hésitation vaccinale anti-papillomavirus humain au sein de messages issus des réseaux sociaux. »
D’ailleurs, les algorithmes ne se contentent pas de contrôler nos opinions et nos comportements. Ils les orientent.
Censure et excommunication
Exemple avec le traitement des données concernant la pandémie de Covid-19. Le sujet concerne tous les habitants de la planète. Avec les tests et les vaccins, nous voilà tous fichés. Depuis l’avènement du SARS-CoV-2 en fin d’année 2019, des milliards de messages sont échangés, chaque jour, sur les réseaux sociaux. On s’interroge sur le virus, sur l’intérêt du pass sanitaire, la fiabilité des vaccins, la stratégie déployée par les autorités…
Or, dans notre monde globalisé, la remise en cause de la parole officielle n’est pas admise. Car subversive. Tous ceux qui réfléchissent, qui doutent, qui s’interrogent sont suspectés de complotisme. Ce sont les nouveaux hérétiques promis au bûcher. Il faut donc les museler, les bannir, les empêcher de diffuser leurs idées nocives sur les réseaux sociaux au risque de contaminer les autres membres.
Comment identifier ces mécréants ? Il suffit de paramétrer les algorithmes, de mettre en place les bons filtres, de censurer brutalement leurs messages et, partant, de les excommunier de la société bien-pensante.
De l’Inquisition aux nazis
Des milliers de Tweets, de Post, de vidéos sont quotidiennement supprimés des réseaux sociaux, souvent sans aucune explication. Parfois avec cette mention : « Ce contenu a été supprimé parce qu’il va à l’encontre de notre politique relative à la communauté professionnelle ». Du charabia digne de l’Inquisition. D’autant que les filtres mis en place pour écarter certains contenus complotistes sont inadaptés et pénalisent de façon arbitraire des posts qui n’ont rien de subversif.
Dans la foulée, ces mêmes algorithmes nous invitent à prendre connaissance de la bonne parole auprès de l’OMS, de la Haute Autorité de Santé et autres organismes officiels.
« Les algorithmes finiront-ils par gouverner l’humanité ? » se demande la RTBF ?
On en prend le chemin. « Des réfugiés rohingyas, minorité ethnique musulmane qui a fui les persécutions en Birmanie, ont engagé des poursuites contre Meta Platforms Inc., anciennement connu sous le nom de Facebook » révèle Le Monde dans son édition du 7 décembre 2021. « La plainte déposée collectivement affirme que les algorithmes de Facebook poussent certains profils d’utilisateurs vers des groupes encore plus extrémistes qu’ils ne le sont déjà. »
La censure, les autodafés, le contrôle des idées et des opinions nous ramènent à des pages sombre de l’Histoire. « Le moteur d’un mouvement idéologique n’est pas une question de compréhension, mais de foi » affirmait dans les années 30 Joseph Goebbels, chef de la propagande nazie. « Pour son sermon sur la montagne, le Christ n’a donné aucune preuve. Il s’est contenté d’émettre des affirmations. Il n’est pas nécessaire de prouver ce qui est une évidence. »
Goebbels avait une idée bien à lui de ce qui était « évident » et de la liberté d’expression. « L’opinion publique se fabrique » disait-il en distribuant quotidiennement une version « officielle » de l’information.
On sait ce qu’il advint de l’Évangile nazi.
La dictature des algorithmes, d’une tout autre nature évidemment, n’en est pas moins méprisable. Elle agit au niveau planétaire comme une grande lessiveuse des cerveaux, d’autant plus efficace que les jeunes générations, notamment, sont addicts aux réseaux sociaux.
Une dépendance aux conséquences tragiques si l’on n’y prend garde.
Mais n’est-il pas déjà trop tard ?