La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Dijon a annulé ce matin la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob et de Murielle Bolle dans le cadre du meurtre du petit Grégory.
Décidément, l’affaire Grégory ne ressemble à aucune autre. Les contrôles judiciaires qui pesaient sur les trois mis en examen ont été levés ce mercredi 16 mai 2018 par les magistrats, ont annoncé les avocats des époux Jacob et de Murielle Bolle.
Les époux Jacob ont été mis en examen, le 16 juin 2017, pour enlèvement et séquestration suivis de mort du petit Grégory Villemin, il y a maintenant 33 ans.
Muriel Bolle a été mise en examen le 29 juin 2017 et placée sous contrôle judiciaire strict loin de son domicile.
Pourquoi ce nouveau rebondissement ?
Les avocats de Murielle Bolle ont déposé une requête en nullité de plusieurs actes de procédure le 1er décembre 2017. Ils mettaient en cause la régularité de la mise en examen de leur cliente par la juge Claire Barbier. En effet, la magistrate était alors présidente de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon et chargée d’instruire l’affaire Grégory.
Lorsqu’elle a fait valoir ses droits à la retraite, Claire Barbier a été remplacée par Dominique Brault [ancien juge à Briey] mais elle a pu continuer à instruire le dossier du petit Grégory Villemin.
De ce fait, Claire Barbier pouvait donc effectuer une kyrielle d’actes judiciaires (perquisitions, expertises etc.) mais en aucun cas elle ne pouvait procéder elle-même à des mises en examen qui revenaient à la chambre de l’instruction, donc à une formation collégiale.
Le nouveau président de la chambre de l’instruction, Dominique Brault, ne pouvait par conséquent que constater cette irrégularité au regard du code de procédure pénale et en tirer les conséquences.
C’est-à-dire annuler non seulement la mise en examen de Murielle Bolle mais annuler aussi les actes qui en découlent comme sa mise sous contrôle judiciaire.
Même constat
Les avocats de Jacqueline et Marcel Jacob ont suivi ceux de Murielle Bolle, le 8 janvier 2018. Même constat et mêmes conséquences : tous deux ont été libérés de leur mise en examen, de leur contrôle judiciaire et de nombreux actes de la procédure.
Autrement dit, on revient au point de départ.
Les avocats de la défense ont crié victoire. « Murielle Bolle innocente, disent-ils. Elle va pouvoir enfin reprendre une vie normale. »
Que va-t-il se passer maintenant ? Le procureur général de Dijon Jean-Jacques Bosc ne s’est pas encore prononcé sur la suite qu’il entend donner au dossier, se bornant à préciser qu’il « prend acte » de la décision de la chambre de l’instruction.
Quant aux avocats de la partie civile, ils souhaitent que la procédure reprenne sur de bonnes bases.
Ce coup de théâtre n’est qu’un rebondissement de plus dans une affaire longue de trente-trois ans, émaillée de multiples soubresauts.
E.L.