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Sommet de l’OCS à Tianjin : La Chine orchestre un nouveau défi à l’ordre occidental

Le président chinois Xi Jinping accueille les dirigeants du « Sud global » pour promouvoir un monde multipolaire face à l’hégémonie américaine.

Xi-Ttrump (géopolitique profonde)
Xi-Ttrump (géopolitique profonde)

La ville chinoise de Tianjin accueille actuellement le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), réunissant plusieurs dirigeants majeurs dans ce qui s’apparente à une démonstration de force géopolitique. Le président chinois Xi Jinping reçoit notamment son homologue russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Une offensive diplomatique contre l’hégémonie occidentale

Xi Jinping a profité de cette tribune pour promouvoir une gouvernance mondiale alternative, rejetant frontalement les structures dominées par les États-Unis. Le dirigeant chinois a dénoncé la « mentalité de guerre froide » et appelé à lutter contre l’hégémonie, proposant des alternatives concrètes : création d’une banque de développement de l’OCS, plateforme de coopération énergétique et accès au système satellitaire chinois BeiDou pour les pays membres.
L’objectif affiché est clair : réduire la dépendance au dollar américain et aux institutions occidentales comme le FMI ou la Banque mondiale, en développant des paiements en monnaies locales et des systèmes financiers alternatifs.

Des rapprochements stratégiques malgré les tensions

Le sommet a été marqué par plusieurs rencontres bilatérales significatives. La plus symbolique reste celle entre Xi Jinping et Narendra Modi, première visite d’un Premier ministre indien en Chine depuis sept ans. Xi a insisté sur la nécessité que le « dragon » chinois et l' »éléphant » indien collaborent, malgré les tensions frontalières persistantes dans l’Himalaya.
Les discussions sino-russes ont confirmé le partenariat stratégique entre Pékin et Moscou, avec un accent sur la coopération énergétique et l’usage accru des monnaies locales pour contourner les sanctions occidentales. Poutine a salué l’OCS comme un modèle de « véritable multilatéralisme« .
La Turquie, bien que membre de l’OTAN, a affiché son rapprochement avec la Chine, notamment sur les projets de la Nouvelle Route de la Soie et les négociations sur le nucléaire iranien.

Une démonstration de puissance militaire

En marge du sommet, un grand défilé militaire est prévu à Pékin pour commémorer la victoire de la Seconde Guerre mondiale. Cette parade mettra en avant des armes de haute technologie, incluant missiles, drones, systèmes anti-missiles et une mystérieuse arme laser, avec la participation de plusieurs chefs d’État.

Intérêts convergents, mais tensions persistantes

Malgré l’unité affichée, le sommet révèle les limites de cette coalition. L’Inde maintient une posture prudente, refusant de s’aligner totalement contre les États-Unis avec lesquels elle coopère dans le cadre du Quad. L’Iran a exprimé son insatisfaction face au manque de soutien économique concret de la Chine.

Un « Sud global » en quête d’autonomie

Ce sommet de Tianjin illustre moins la formation d’une alliance homogène qu’un front de circonstance où chaque puissance du Sud global cherche davantage d’autonomie stratégique. La Russie tente de contourner son isolement occidental, l’Inde joue l’équilibriste entre grandes puissances, tandis que la Turquie et l’Iran élargissent leur marge de manœuvre géopolitique.
L’OCS s’affirme ainsi comme un laboratoire d’un ordre mondial alternatif, remettant en question la domination occidentale sans pour autant constituer un bloc unifié. Ce sommet marque une étape supplémentaire dans la recomposition géopolitique mondiale, où la Chine s’impose progressivement comme l’architecte d’un nouveau multilatéralisme.

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