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Kristen Stewart : « Ce n’est pas un film hollywoodien »

La jeune star de « Twilight » a reçu le Prix de la Révélation au Festival de Deauville pour le premier film qu’elle réalise, « The Chronology of water ». « Un film sur les femmes qui saignent et ne peuvent pas appeler à l’aide », ajoute-t-elle. Un trip « inélégant » sur « un sujet qui dérange ».

Kristen Stewart avec Imogen Poots sur le tournage : « Imogen est une de mes actrices préférées depuis longtemps, nous sommes toutes les deux actrices depuis l’adolescence, il y a une colère mutuelle en nous », confie la réalisatrice.

« C’est un film très important pour moi », confiait Kristen Stewart avant la projection de son long-métrage « The Chronology of water » (sortie le 15 octobre), au Festival du Cinéma américain de Deauville, où elle a reçu le Prix de la Révélation. Une récompense qui convient parfaitement à l’actrice de « Twilight » (où elle incarne Bella Swan), qui se révèle effectivement en tant que réalisatrice avec cette adaptation de « La mécanique des fluides », un livre de Lidia Yuknavitch. « On m’a beaucoup dit que ce livre était inadaptable, j’en ai retiré des voix, la meilleure manière d’y être fidèle était de le casser, de le refragmenter », assure l’actrice-réalisatrice, qui fut « électrisée » par sa lecture.

« Les souvenirs sont des histoires », est-il dit dans le livre et le film qui raconte le parcours heurté, les égarements d’une jeune femme, abusée par son père, qui trouvera une forme de salut dans l’écriture. Une jeune femme en souffrance incarnée avec rage par Imogen Poots : « Imogen est une de mes actrices préférées depuis longtemps, nous sommes toutes les deux actrices depuis l’adolescence, il y a une colère mutuelle en nous », confie Kristen Stewart. Petite fille envoyée au coin, où elle se tape la tête contre le mur, Lidia grandit avec un père violent et violeur, une mère alcoolique, « ailleurs », et une sœur aînée elle aussi abusée, qui fuit la maison dès qu’elle le peut.

« J’avais des visions instinctives »

Un film stylé, maniéré, un peu torturé, au visuel « flashy ».

Seul exutoire, la nage, les longueurs dans la piscine et dans sa tête, la compétition, mais il faudra qu’elle s’échappe à la fac pour que la jeune championne se sente enfin libre. Une liberté gâchée par l’alcool et autres substances : « J’ai l’addiction en moi », constate la fille de son père. Un temps sauvée par un mariage avec un mignon chanteur, désemparé par cette tornade, elle ne va plus supporter sa gentillesse : « La vie avec lui serait une chanson country triste ».

« Tu sais écrire, ma grande », l’encourage un vieil écrivain charismatique et défoncé (joué par James Belushi), lors d’un atelier d’écriture, qui assure que « Personne n’est assez costaud pour porter ce qui nous arrive ». Lidia Yuknavitch a ainsi fait remonter des histoires dans « La mécanique des fluides ». « Quand j’ai lu le livre, j’avais des visions instinctives, je voulais lui donner une nouvelle vie », dit Kristen Stewart, qui a ressenti « quelque chose de viscéral ». « Le film est le voyage intérieur d’une femme qui essaie de se reconnecter à ce qui est important dans la vie, et de se débarrasser du reste », ajoute la punkette en Chanel, marque de luxe dont elle est l’égérie et qui a soutenu le film financièrement.

Le pied-de-nez de Kristen Stewart sur la scène du Festival de Deauville.

Sélectionné également par Un certain Regard au Festival de Cannes, « The Chronology of water » est un film stylé, maniéré, un peu torturé, au visuel « flashy », un récit lent et un peu brouillon. Un trip « inélégant » sur « un sujet qui dérange » : comme ce pied-de-nez que Kristen Stewart faisait sur la scène du Festival de Deauville, à la remise des prix, son film est un pied-de-nez à tous les machos, agresseurs, et autres masculinistes. Malgré son nom et son statut de jeune star, Kristen Stewart n’est pas le si bon petit soldat d’Hollywood, les studios rechignant à financer ce « cri de révolte » contre les violences faites aux femmes : « Ce n’est pas un film hollywoodien, mais c’est un film que j’avais envie de voir », dit-elle.

Patrick TARDIT

« The Chronology of water », un film de Kristen Stewart, avec Imogen Poots (sortie le 15 octobre).

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