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Gaza : condamnation unanime d’Israël

Face à l’aggravation du drame humanitaire dans la bande de Gaza, Israël fait l’objet d’une pression diplomatique croissante. L’Union européenne lance un réexamen de son accord d’association avec l’État hébreu, tandis que plusieurs pays occidentaux durcissent le ton.

Nouvelles frappes destructrices sur Gaza (capture euronews)
Nouvelles frappes destructrices sur Gaza (capture euronews)

L’Europe resserre les rangs contre la politique israélienne

L’Union européenne a franchi un cap symbolique mardi 20 mai en annonçant le lancement d’un réexamen de son accord d’association avec Israël. Cette décision, soutenue par 17 pays membres sur 27 selon des sources diplomatiques, témoigne d’un consensus européen inhabituel sur le dossier proche-oriental.

L’initiative, portée par les Pays-Bas, a rassemblé une « forte majorité » d’États membres, y compris des soutiens traditionnels d’Israël comme l’Autriche, la Slovaquie et la Pologne. Cette évolution marque une rupture notable avec les positions antérieures de ces pays, motivée par ce que beaucoup perçoivent comme l’intransigeance du gouvernement Netanyahu.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a justifié cette démarche par les violations présumées de l’article 2 de l’accord de 2000, qui conditionne la coopération au « respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques ».

Des alliés occidentaux qui prennent leurs distances

Au-delà de l’Europe, d’autres partenaires occidentaux d’Israël durcissent leur position. Le Royaume-Uni a suspendu ses négociations pour un accord de libre-échange avec l’État hébreu et convoqué son ambassadrice, marquant une escalade dans la pression diplomatique.

La France, le Royaume-Uni et le Canada ont conjointement dénoncé les « actions scandaleuses » du gouvernement israélien, évoquant de possibles sanctions et la reconnaissance d’un État palestinien. Ces prises de position reflètent une exaspération croissante face à la conduite des opérations militaires israéliennes.

Même l’administration Trump, pourtant réputée proche d’Israël, semble prendre ses distances. Les États-Unis mènent désormais leur propre politique au Moyen-Orient, reprenant les pourparlers sur le nucléaire iranien et négociant directement avec le Hamas, sans consulter systématiquement leur allié israélien.

Une menace économique réelle, mais aux effets incertains

L’enjeu économique de cette pression européenne n’est pas négligeable. L’Union européenne représente le premier partenaire commercial d’Israël avec 32% des échanges de marchandises en 2024. Une suspension de l’accord pourrait affecter des coopérations stratégiques, notamment dans le domaine satellitaire avec le programme Galileo.

Cependant, la concrétisation de ces menaces reste incertaine. Une suspension complète de l’accord nécessiterait l’unanimité des 27 États membres, ce que des pays comme l’Allemagne et la Hongrie ne semblent pas prêts à accepter. Seule une suspension du volet commercial pourrait être adoptée à la majorité qualifiée.

Entre pression diplomatique et scepticisme sur l’efficacité

Cette montée en puissance de la pression diplomatique intervient après plus d’un an et demi de conflit et un bilan humain dépassant les 53 000 morts, selon les sources palestiniennes. Pour certains observateurs, cette initiative tardive soulève des questions sur sa véritable portée.

« Une hypothèse pessimiste est qu’il s’agit d’une manœuvre destinée à calmer l’opinion publique », analyse Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po. Il souligne que « la lenteur est souvent un instrument de l’action diplomatique pour en neutraliser les effets ».

Israël, de son côté, maintient sa position inflexible, dénonçant une « incompréhension totale » de sa situation et accusant ses critiques de faire le jeu du Hamas. L’État hébreu continue de contrôler strictement l’aide humanitaire à Gaza, ne laissant passer qu’une centaine de camions par jour, un volume jugé largement insuffisant par les organisations internationales.

 

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