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Manifestations monstres en Turquie après l’arrestation du maire d’Istanbul

Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus vendredi dans les rues d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir et de nombreuses autres villes turques pour exprimer leur soutien à Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival politique du président Recep Tayyip Erdogan.

De centaines de milliers de Trucs manifestent dans plusieurs villes du pays (capture X)
Manifestations monstres dans plusieurs villes de Turquie (capture X)

Selon Al-Jazeera, le maire a été arrêté mercredi, quelques jours seulement avant l’annonce prévue de sa candidature à la présidentielle de 2028. La chaîne qatarie rappelle que « des dizaines d’autres personnalités, dont des journalistes et des hommes d’affaires » ont également été arrêtées le même jour, et que le gouvernement a annoncé dans la foulée « l’interdiction des manifestations politiques pour une durée de quatre jours ». Cette interdiction a été largement ignorée par les partisans de M. Imamoglu, qui manifestent depuis mercredi malgré de violentes confrontations avec les forces de l’ordre.

Affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre

Selon la Deutsche Welle, « les forces antiémeutes ont tiré des balles en caoutchouc et vaporisé du gaz poivré sur les manifestants à Istanbul, tandis que des membres de la foule lançaient des fusées éclairantes ». À Izmir, « la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants ».

CNN précise que lors des violences de jeudi, « au moins 16 policiers ont été blessés lors d’affrontements avec des manifestants » et « au moins cinquante-trois personnes ont été arrêtées ».

Le rassemblement le plus important s’est tenu devant l’hôtel de ville d’Istanbul, où Özgür Özel, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) – formation politique d’Imamoglu – a revendiqué la présence de « 300 000 personnes ».

Les plus grandes manifestations depuis la révolte de Gezi

D’après El País, ces trois journées de manifestations « sont déjà les plus vastes depuis la révolte dite de Gezi en 2013, le plus grand défi auquel Erdogan ait été confronté au cours de ses plus de deux décennies à la tête du pays ». Le journal espagnol rappelle qu’Erdogan considère toujours cet événement comme « une conspiration dirigée par des forces extérieures » et l’utilise « encore aujourd’hui pour poursuivre en justice des militants et des journalistes ».

La BBC rapporte que le président turc a condamné vendredi la multiplication des rassemblements. Dans un discours, M. Erdogan a déclaré que son gouvernement ne « céderait » ni au « vandalisme » ni au « terrorisme de la rue », alors que de nouvelles manifestations sont prévues tout ce week-end.

Imamoglu dénonce un « harcèlement judiciaire »

Pendant ce temps, le maire d’Istanbul a été auditionné plusieurs heures pour répondre d’accusations de « corruption » et de « terrorisme ». Selon le quotidien Hürriyet, il a affirmé n’avoir « commis aucun crime ».

L’enquête porte notamment sur les appels d’offres menés par la municipalité, mais M. Imamoglu a souligné qu’à l’instar des « précédents maires d’Istanbul, il ne participait pas personnellement aux processus d’appel d’offres ni à leur supervision ».

« Si je suis ici, c’est uniquement à cause d’une intervention politique et d’un exemple de ciblage politique à mon encontre », a-t-il déclaré, dénonçant un « harcèlement judiciaire ».

Un moment crucial pour la démocratie turque

Dans Politico Europe, le parlementaire turc Bilal Bilici, également membre du CHP, appelle l’opposition à « rester unie » et à « canaliser le ressentiment de la population vers une action politique organisée » pour résister à la « dérive autoritaire » du président Erdogan.

« L’arrestation d’Imamoglu ne concerne pas seulement un homme », écrit-il. « Il s’agit de savoir si la Turquie restera une démocratie ou s’enfoncera davantage dans un régime autoritaire. L’issue de cette lutte déterminera l’avenir du pays pour les générations à venir. »

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