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Alexeï Navalny : La liberté assassinée

La mort de l’opposant russe au centre pénitentiaire de Kharp soulève à juste titre une vague d’indignation générale. Mais à qui profite le crime ?

Alexei Navalny: IlyaIsaev (CC BY-SA 3.0).Vladimir Putin: The Presidential Press and Information Office (uploader: Roman Kubanskiy; CC BY 4.0).Сombination: krassotkin., CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
Alexei Navalny: IlyaIsaev (CC BY-SA 3.0).Vladimir Putin: The Presidential Press and Information Office (uploader: Roman Kubanskiy; CC BY 4.0).Сombination: krassotkin., CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

L’avocat, l’homme politique, le militant anti-corruption, le trublion russe Alexeï Navalny, est mort à 48 ans dans des conditions mystérieuses, le 16 février 2024 au centre pénitentiaire de Kharp, une prison connue pour la rudesse des conditions de détention. Navalny y purgeait une peine de 19 ans pour « extrémisme » et pour avoir organisé des manifestations contre le régime du Kremlin.

Empoisonné au Novitchok

Son épouse, Yulia Navalnaya, opportunément invitée à la conférence de Munich sur la sécurité, a estimé que le président russe Vladimir Poutine devait être « tenu personnellement pour responsable » et « puni » pour les atrocités commises contre son époux. La diplomatie française ne pouvait être en reste : « Il a payé de sa vie sa résistance à un système d’oppression » a déclaré le Quai d’Orsay.
De fait, Alexeï Navalny, farouche opposant à Poutine n’a cessé de dénoncer le régime du Kremlin. Il organise des manifestations anti-gouvernementales, plaide pour des réformes contre la corruption. Mais en 2013, Navalny est condamné pour « détournement de fonds », afin de l’empêcher de se présenter aux élections futures.
L’opposant Navalny poursuit son combat sur les réseaux sociaux. Son compte YouTube est suivi par des millions d’internautes. En 2020, il est hospitalisé dans un état grave après avoir été empoisonné au Novitchok. Hospitalisé à Berlin, il accuse le président Poutine d’être responsable de son empoisonnement.

À qui profite le crime ?

De retour en Russie, il sera condamné à plusieurs reprises pour « extrémisme ». De sa prison, il appelait à s’opposer à Poutine en pleine campagne électorale pour la présidentielle, du 15 au 17 mars 2024.
Cependant, le décès mystérieux de Navalny et l’indignation qu’il suscite tant en Russie que dans le monde, donnent à penser que le président russe n’avait pas intérêt à faire disparaître son opposant, maintenant et dans ces conditions. Car l’image de Poutine reste largement positive en Russie et on voit mal comment il pourrait ne pas être réélu. A l’international, le maître du Kremlin de redoré son blason depuis l’interview qu’il a accordée au journaliste américain Tucker Carlson. Une interview reprise plusieurs centaines de millions de fois par les télévisions de la planète et les réseaux sociaux.
Alors à qui profite le crime ? Dans le contexte géopolitique du moment, la mort de Navalny dans sa prison permet de détourner le regard de l’opinion mondiale des graves échecs militaires du régime de Kiev, toujours à la recherche d’armes et de dollars pour affronter la Russie. Il permet aussi de ne pas braquer les projecteurs de l’actualité sur l’odieux génocide du peuple gazaoui, par l’armée israélienne.
La mort d’Alexeï Navalny est une aubaine pour certains. Pas pour d’autres.

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