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Lorraine : Comment doit s’appeler l’aéroport régional ?

L’aéroport de Metz-Nancy-Lorraine, rebaptisé Lorraine Airport puis, récemment, Lorraine Aéroport, fait l’objet depuis plusieurs années d’une querelle juridico-linguistique relancée il y a peu par le sénateur de la Moselle Jean-Louis Masson (LR). La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, vient de répondre à sa question.

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Le 10 décembre 2020, le sénateur Masson demandait à la ministre de la Culture si un établissement public gestionnaire d’un aéroport peut, dans un but commercial, rebaptiser le nom de l’aéroport en utilisant une terminologie de langue anglaise? Le sénateur faisait évidemment allusion à l’aéroport Metz-Nancy-Lorraine qui fut rebaptisé, allez savoir pourquoi, Lorraine Airport.
Le débat n’est pas nouveau. Nous avions évoqué cette anomalie linguistique il y a un peu  plus de quatre ans lorsque l’association Francophonie Avenir décida de porter le litige devant les tribunaux. En regrettant, au passage, que la belle langue de Molière cédât chaque jour un peu plus de terrain au patagon anglo-américain. Le tribunal de Metz considéra alors que l’association n’avait pas le droit d’ester en justice et la condamna aux dépens, au terme d’une gymnastique juridique pour le moins acrobatique.
Mais l’association n’a pas dit son dernier mot. Elle a changé de nom et de statut et a remis le couvert. L’affaire n’est pas encore audiencée. Pourtant, déjà, l’administration régionale sent bien que l’affaire risque de tourner à son désavantage. Elle a décidé de changer une nouvelle fois le nom de l’aéroport qui est devenu, depuis peu, Lorraine Aéroport. Très bien, mais le compte n’y est pas. Lorraine Aéroport ne n’est pas du bon français qui eût été Aéroport de Lorraine. Reste que la loi Toubon ne condamne pas les fautes de syntaxe.

Exemple de Lyon

C’est donc dans ce contexte bien particulier que le sénateur Masson a posé sa question linguistique à la ministre de la Culture. La réponse est limpide puisque le minière de la Culture est garant de la loi du 4 août 1994 dite « Loi Toubon » qui a pour mission de  » veiller à la présence et à la diffusion de la langue française dans tous les secteurs de la société ». Avec ceci de particulier que  » L’article 1 de la « loi Toubon » prévoit  que « la langue française est la langue des services publics ». Les articles 2 et 3 ajoutent que « dans la désignation, l’offre et la présentation de produits et de services, l’emploi de la langue française est obligatoire ». Cet emploi s’impose également pour les « inscriptions ou annonces apposées ou faites dans les lieux ouverts au public ou sur la voie publique ».
La ministre ajoute :  » Il ressort de ces dispositions que les collectivités publiques et leurs établissements doivent avoir recours à la langue française pour la dénomination des activités, prestations, produits ou services qu’elles proposent ou dont elles assurent la gestion sur le territoire national, y compris lorsque ces activités relèvent du domaine commercial.  »
S’agissant du cas d’espèce, la ministre souligne :  » En 2009, le préfet de la région Rhône-Alpes a obtenu, afin de faire respecter la loi, le retrait de la nouvelle appellation « Lyon Airports », qui devait remplacer « Les Aéroports de Lyon ». Selon lui, cette appellation « sous-estimait le poids économique et culturel de la langue française et les valeurs qu’elle véhicule ». En ce qui concerne l’aéroport régional de Lorraine, dénommé « Lorraine Airport », plusieurs recours contentieux engagés par une association de défense de la langue française ont été rejetés pour des raisons d’irrégularité externe, sans que les tribunaux se prononcent sur le fond. Force est de constater que s’est développée, depuis plusieurs années, une tendance à l’anglicisation des slogans et des marques dans le secteur public, tant national que territorial. Le ministère de la culture travaille de longue date avec les services de l’État, au plan interministériel, pour une exemplarité dans l’emploi de la langue française. Il continuera de renforcer cette action et de l’élargir aux collectivités territoriales, en lien étroit avec les élus et leurs associations représentatives. Au service de la langue française, bien commun et ciment de la cohésion sociale, il s’agit de se mobiliser collectivement »

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