L’audience de l’affaire dite « des écoutes » reprend ce lundi 30 novembre, en présence de Gilbert Azibert, cet ex-magistrat qui s’était fait porter pâle à l’ouverture du procès. Et avec une nouvelle énigme Paul Bismuth.
Le procès de l’affaire dite « des écoutes » s’est ouvert lundi 23 novembre 2020 au tribunal judiciaire de Paris où l’ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy, doit répondre des délits de « corruption » et « trafic d’influence ». Sur le banc des prévenus avait pris place son avocat, Me Thierry Herzog mais l’ancien magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, 73 ans, était absent, prétextant des problèmes de santé.
L’audience a été suspendue le temps qu’un expert médical aille examiner le prévenu. L’expert n’ayant détecté « aucun motif de santé impérieux empêchant Gilbert Azibert de sortir de chez lui » a conclu que son état était donc « compatible avec une convocation judiciaire ».
Financement de campagne
Ainsi, dès cet après-midi, les trois comparses vont se retrouver devant le tribunal correctionnel pour s’expliquer sur cette drôle d’histoire dont nous avons déjà longuement parlé. L’affaire dont il est question remonte à 2013 lorsque deux juges d’instruction enquêtent sur le financement présumé illégal de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy par la Libye en 2007. Ils placent le téléphone de l’ancien président sur écoute, ainsi que celui de Brice Hortefeux et Claude Guéant, deux piliers de la sarkozie.
Trois mois plus tard, la presse révèle que Brice Hortefeux est écouté. Thierry Herzog comprend que son célèbre client est, lui aussi, vraisemblablement ‘’branché’’. Pour déjouer les écoutes, il se rend chez un opérateur, à Nice, et achète deux TOC (téléphone out of control). Il s’agit de deux téléphones mobiles acquis sous une fausse identité, Paul Bismuth. Une astuce bien connue dans le milieu du grand banditisme.
Les écoutes révèlent que l’ancien président aurait cherché à obtenir des informations sur l’avancée de la procédure auprès d’un haut magistrat, Gilbert Azibert, en contrepartie d’un coup de pouce pour l’obtention d’un poste à Monaco.
L’affaire Paul Bismuth
Le nom de Paul Bismuth utilisé par Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog est celui d’un ancien camarade de lycée de l’avocat. Il réside aujourd’hui en Israël. Jusqu’ici, il ne s’était guère manifesté.
Or, lundi 23 novembre 2020 à l’ouverture du procès, un avocat parisien, Me Frédérick-Karel Canoy s’est constitué partie civile au nom de Paul Bismuth. Deux jours plus tard, mercredi, le même Paul Bismuth fait savoir par voie de presse qu’il n’a mandaté aucun avocat et qu’il ne s’est pas constitué partie civile.
D‘où loup de sang de Me Canoy qui réplique violemment en déposant plainte contre son »client » pour «abus de confiance, escroquerie, complicité, faux et usage de faux». Me Canoy dit ne pas comprendre cette volte-face et s’interroge : « ne serait-il pas finalement un deuxième Ziad Takieddine, cet intermédiaire sulfureux qui a subitement retiré ses accusations contre Nicolas Sarkozy dans le dossier du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007?
Voilà de quoi mettre un peu d’ambiance dans ce procès qui s’annonçait sans doute un peu trop insipide.
Affaire des écoutes: d'après l'avocat de Paul Bismuth, son client est "ulcéré" pic.twitter.com/CrxnmBFvqJ
— BFMTV (@BFMTV) November 23, 2020