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Les quatre pires menaces qui pèsent sur l’Humanité (1)

CO2, nucléaire, plastique, pesticides menacent la survie de l’Humanité. Il existe un lien entre ces quatre fléaux que l’on pourrait maîtriser. Propositions pour la transition environnementale : deux pistes de réflexion.

Par Yves LUBRANIECKI

On devrait relier entre elles les quatre immenses menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Humanité avec un niveau de gravité jamais vu jusqu’ici. D’autant qu’il faut bien comprendre que la lutte contre ces dangers bien réels constitue en même temps un gisement gigantesque d’emplois et de toutes sortes d’initiatives économiques pour des décennies.
Je vous rassure, ces menaces dont je vais vous parler ne sont pas les seules. On pourrait citer, par exemple : la disparition très rapide de la biodiversité. En effet, les experts sont formels : l’activité humaine est en train de favoriser une extinction de masse des espèces, comparable à celle qui a touché les dinosaures. En cause, les changements climatiques, les cultures intensives, la surexploitation des ressources, la pollution et la déforestation croissante…
Autres menaces : la gestion calamiteuse de la ressource en eau douce, la démographie exponentielle, la guerre des cultures intimement liée au commerce des armes, l’effondrement de l’éducation de nos jeunes, l’explosion attendue des migrations économiques, politiques et climatiques alors qu’aucune de ces migrations n’est faite par caprice ou par plaisir (L’Office International des Migrations donne le chiffre officiel de 244 millions en 2018 et 400 millions à l’horizon 2050 et j’en passe…

Les quatre menaces dont je veux vous parler ici présentent un lien positif entre elles

1 – Les émissions de CO2

La pollution, une menace pour la santé (Photo libre de droits)

Nous avons bien dépassé les 700 tonnes nettes d’émissions anthropiques par seconde à l’échelle planétaire. Si 1 litre de CO2 pèse 2 grammes, cela représente plus de 350 000 m3/s. Le mot « nettes » signifie que l’on a enlevé du chiffre brut les 40% d’émission globale que la nature absorbe en plus, du fait de ces émissions. C’est-à-dire que, plus on émet de CO2, plus la nature absorbe le carbone (par les plantes, les mers et les océans, les roches calcaires, etc.), mais jusqu’à un certain point que nous avons malheureusement largement dépassé. Aujourd’hui, on émet de plus en plus et la nature absorbe de moins en moins…
Ce chiffre de 700 tonnes est établi par un calcul fait à partir de ceux du ministère américain de l’énergie publiés sur le site du Centre d’information et d’analyse du gaz carbonique (CDIAC). (1)
Au début de la Révolution industrielle, vers 1850, Il y avait 280 cm3/ de CO2 par m3 d’atmosphère. On parle de « Particules par million en volume » (PPMV), maintenant, on a dépassé les 400…
Cela tient au fait que nous réémettons très vite dans l’atmosphère d’aujourd’hui – depuis moins de deux cents ans – du carbone fossile qui a été absorbé par les plantes, notamment par le phytoplancton, pendant environ 300 millions d’années pour fabriquer le pétrole, le charbon et le gaz naturel que nous brûlons massivement.
Ce carbone que nous rejetons s’accumule dans l’atmosphère. Dans ce raisonnement, on ne tient compte que du « cycle ultra long du carbone », on parle de « carbone fossile » et c’est lui qui pose problème. Quand on brûle, par exemple, de l’huile végétale, on rejette le carbone qui a été fixé par la plante pendant l’année précédant la récolte et celui-ci sera re-capté par la plante pour préparer la récolte suivante. Il n’y a pas d’augmentation du taux de carbone atmosphérique, on appelle cela le « cycle court du carbone ».

2 – Le nucléaire

Nucléaire : difficulté du démantèlement des centrales et absence de solutions pour le traitement des déchets (wikipedia)

On voit l’effondrement spectaculaire du système français. Nous sommes les premiers utilisateurs relatifs à l’échelle planétaire alors que nous sommes très dépendants de l’étranger pour l’uranium, nous ne savons pas traiter les déchets, nous ne savons pas démanteler les vieilles centrales, nous n’avons plus les moyens financiers d’investir pour améliorer ou moderniser notre système.
Nos projets avec l’étranger concernant l’EPR sont bien en panne depuis plusieurs années dont le problème de la fiabilité de la cuve en inox et des soudures… (2)
Une autre menace associée est généralement passée sous silence alors qu’elle est primordiale, c’est le risque sismique, notamment pour Fessenheim : Bâle, située à proximité, a été détruite par un tremblement de terre au 14e Siècle, il y a eu tout récemment des secousses sismiques non loin de là : en Suisse, près de Neuchâtel et en France, dans le Jura ou à Mulhouse.

L’installation et le démantèlement d’une centrale sont extrêmement émissifs de CO2, des émissions gigantesques, mais, entre les deux, durant le fonctionnement, une centrale n’est pas émissive. Elles sont là, il serait donc préférable de les utiliser le plus longtemps possible, mais jusqu’à quand et quid après ? Personne n’a la réponse à cette question. Le nucléaire est un piège.
Un point extrêmement préoccupant dans ce dossier est le mensonge et la sous-estimation permanente de l’affichage des risques par les responsables administratifs et politiques du dossier nucléaire.

3 – L’envahissement de la planète par le plastique

Le fléau du plastique (wikimedia commons)

Lors d’une mission bénévole en Afrique, sur à peu près 80 mètres de plage, on a compté grossièrement environ 900 objets en plastique et nous voyons les « continents » en plastique dans le Pacifique et l’Atlantique. Ces débris, agités par la houle, frottent sans cesse les uns sur les autres et se délitent en fines particules. Le plus inquiétant est que les scientifiques constatent que ce plastique commence à entrer dans notre chaîne alimentaire sans que l’on en connaisse encore les conséquences. On sait en revanche qu’une grande partie de ces plastiques n’est pas de qualité alimentaire, ils contiennent des perturbateurs endocriniens.
(Voir la revue de l’UFC Que Choisir de septembre 2018 N° 572 p. 50 et l’article « State of plastic » sur la page qui fait état de 13 millions de tonnes par an, soit 420 kg/seconde rejetés dans les mers et océans.
C’est d’autant plus stupide que cette matière énergétique (et fossile) pourrait être récoltée et recyclée par une valorisation énergétique grâce au « cycle ultracourt du carbone » évoqué ci-après. On pourrait imaginer de gros navires équipés pour faire cette collecte, des projets en ce sens sont d’ailleurs en cours, mais pas encore avec le cycle ultracourt du carbone.

4 – Les engrais et les pesticides

Épandage de pesticides (Photo credit: santiago nicolau on Visualhunt / CC BY-SA)

Ils entraînent de plus en plus de maladies graves et pas seulement des maladies professionnelles, tout le monde est touché, notamment les enfants.
Ce qui était un rêve, il y a 50 ans : habiter à la campagne avec ses fenêtres ouvertes sur les champs est devenu un risque non négligeable du fait des passages à répétition des vaporisations de produits chimiques délétères obligeant à fermer ses fenêtres. Un comble !
Par ailleurs, à terme, ces cochonneries compromettent gravement la productivité agricole par un effet biocide accumulé et par l’épuisement des sols. De plus, l’utilisation des engrais chimiques est très émissive de gaz à effet de serre (notamment le protoxyde d’azote (N2O) dont un gramme équivaut à près de 400 grammes de CO2 en termes d’effet radiatif).
Bien qu’il soit parfois critiqué, il faut voir sans faute le rapport Bourguignon.
Pensons également au risque OGM !…

Ce qui est extrêmement inquiétant aujourd’hui, c’est que, du fait de la réaction des occidentaux contre cet envahissement, les producteurs sans scrupules d’engrais, de pesticides et d’OGM vont se rabattre sur les pays en développement, notamment en Afrique et au Brésil où le nouveau dictateur vient d’autoriser 200 pesticides dont beaucoup sont interdits en Europe.
Dans ces pays du Sud, ils vont entrer comme dans du beurre du fait de la corruption. Quand on voit la dimension du nouveau monstre Bayer & ex-Monsanto, on comprend que les proportions du phénomène vont devenir vite ingérables et envahir la planète entière et en profondeur, alors que les travaux sur la biodiversité ou ceux des époux Bourguignon, montrent que l’on peut – que l’on doit ! – s’en passer le plus possible et le plus vite possible pour améliorer la productivité agricole. C’est la biodiversité qui est en jeu et rappelons au passage que l’Homme fait partie de la biodiversité…

Notes

1 Par exemple : 9 855 millions de tonnes de carbone est le dernier chiffre publié par le Centre officiel américain d’information sur le gaz carbonique (CDIAC) : (9 855 x 3,67 x 1 million) – 40% / 31millions). 9 855 est le nombre de millions de tonnes de carbone (C) réémises pour la seule année 2014 par l’utilisation humaine des énergies fossiles. 3,67 est le multiplicateur pour passer de carbone (C) à gaz carbonique (CO2). 1 000 000 est le multiplicateur pour convertir en tonnes. 31 000 000 est le diviseur représentant le nombre de secondes dans une année et 40%, à retrancher du total, est le pourcentage absorbé par la nature. Ce calcul aboutit à plus de 700 tonnes de CO2 par seconde ! Plus de 350 000 m3/s ! Le CDIAC ne publie plus ce chiffre, voir Planetoscope qui donne 36,8 Mds de T pour 2017 : <https://www.planetoscope.com/co2/261-emissions-mondiales-de-co2-dans-l-atmosphere.html>

2 Important ! Voir les anomalies de la cuve en inox de l’EPR détectées par l’ASN :
et lire, sur le site de l’Assemblée Nationale, le rapport parlementaire N° 4428 du 1er février 2017 de la Commission du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire sur la problématique du démantèlement des centrales  et Fessenheim.

Yves LUBRANIECKI
0660776377 – ylubra@yahoo.fr

Prochain article : Un lien entre ces quatre catastrophes

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